Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

TENUE DE SOIREE (Bertrand Blier -1986-)

Publié le

Avant-goût    un film faussement subversif ou tendancieux ?  Ou un vrai film choc ?

Faux Pitch    un couple homme-femme de délinquants accepte un troisième luron pour mieux faire son business. Celui-ci leur ouvre bien des barrières…

Vrai Pitch     Antoine est amoureux de la froide Monique qui le rabroue en permanence. Alors Antoine confie son désespoir à son copain Bob qui l'écoute avec beaucoup d'intéret, car il est amoureux d'Antoine. C'est ainsi que débute cette histoire d' « amour »...

Avis        ce Bertrand Blier est très provoc'. A l’époque même où Coluche et Thierry Le Luron simulaient publiquement un mariage gay, voilà que Bertrand Blier en remettait une couche. Avec un trio amoureux combinant l’hétérosexualité de devoir à l’homosexualité de circonstance. Dans ce trio de liaisons dangereuses, Michel Blanc s’en sort le mieux, avec une interprétation juste, tandis que Depardieu semble par moment réciter son texte. Le rôle de Miou-Miou, de femmes refoulée, est certes dur, mais n’est pas dur à interpréter, en soi. Reste que ce Tenue de soirée ne dispose pas d’une caméra subversive, même si les propos le sont de A à Z. Collection Christophe L.La caméra est en effet joueuse, aguicheuse et légère pour un sujet …assez grave je trouve. Dans ce fort contraste entre forme et fond, les trois acteurs se démènent comme de beaux diablotins pour aborder en long en large mais malheureusement pas assez en travers le sujet tant usité de la « minorité », qu’elle soit sociale, sexuelle ou affective. Si la caméra de Bertrand Blier n’est pas subversive, je l’ai dit, ces trois acteurs adoptent tout de même un ton léger sur leurs faits et propos que je juge graves : la délinquance comme moyen et but de l’existence, la marginalité sociale qui dérive vers la minorité sexuelle et autres… C’est finalement malgré eux que le trio Blanc-Depardieu-MiouMiou confère au film un ton vraiment destructeur, et limite ordurier. Quoi de plus choquant en 1986 ?  L’affront de faire un film spectaculaire au plan des propos est lavé, malgré l’époque. C’est osé, c’est tenté…mais dans l’ensemble le montage manque de cohérence. Car bien que les propos soient très élaborés, je ne me suis pas senti dedans. La faute à une succession de répliques souvent trop dictées, et la faute à une frontière entre sexe, désir et amour, traitée avec beaucoup trop de superficialité et légèreté. Et le pire problème est essentiellement l’absence totale d’une force évocatrice et suggestive. Tout est dit, appuyé, et redit alors que l’on traite essentiellement de sexualité…et non plus celle plus de minorité sociale tant présentée en guise de scénario par les magazines télé  !   Faut tout de même pas confondre un film faussement tendancieux avec un vrai film choc qui fit couler beaucoup d’ancres dans les années 80 !

   Jeu d’acteurs 

Michel Blanc :):):):(

Miou-Miou  :):):(:(

Gérard Depardieu :):):(:(



Voir les commentaires

Haute tension (Alexandre Aja -2002-)

Publié le

On connaît les légendaires discours sans paroles de bien des films d’horreur. On connaît les suspenses gratuits créés parfois pendant la première demi-heure d’un film d’horreur, histoire de faire monter doucement la mayonnaise. Eh bien dans Haute Tension, il n’y a pour ainsi dire aucun discours niais, et aucun suspense gratuit. Les 10 premières minutes présentent avec légèreté les deux personnages principaux, Cécile de France et Maïwenn Le Bisco…puis le drame intervient avec efficacité ! Attention : film interdit aux moins 16 ans !!!

Pitch 

Marie, une étudiante de vingt ans, révise ses examens dans la ferme isolée des parents de sa meilleure amie. En l'espace d'une nuit, un tueur, qui ignore son existence, assassine à tour de rôle les membres de cette famille...

Au bout de dix petites minutes, il faut bien avouer que la tension s’installe dans le film pour ne jamais plus lâcher le spectateur. Une espèce de caricature de la France profonde, en cotte de garagiste, débarque dans la ferme de Maïwenn Le Bisco, au volant d’un wagon citroën rouillé, tout droit sorti de l’imaginaire. Maiwenn. EuropaCorp DistributionCet homme entre dans la maison de campagne, décapite le père de famille, égorge la mère, enlève Maïwenn…et Cécile de France se cache de pièces en pièces là où l’intrus vient de chercher traces de vie. Aucune violence n’est suggérée, au contraire, tout est montré face caméra. Alors il va s’en dire que Alexandre Aja a voulu jouer avec la caméra, pour offrir un film ironisant sur les séries B d’horreur, mais en ne faisant pas tout en quatre coups de cuillère à pot. Alexandre Aja maintient une tension depuis la dixième minute jusqu’à la toute fin de film, allant bien évidemment crescendo. Il ironise sur les personnages qui ont fait la splendeur décriée des films d’horreur-suspense des années 70-80 en introduisant des bandes son complètement à côté de la tension si ce n’est que ce sont des musiques françaises bien connues de ces fameuses années 80. Cécile de France. EuropaCorp DistributionCe qui détent un peu avant un prochain coup de semonce horrifique. Alexandre Aja parvient même à surprendre le spectateur en un dénouement final envoyant aux poussières bien des films de série B d’horreur des années 70-80. J’allais oublié…la séquence de course-poursuite en voiture sur fond de musique de Muse est le symbole d’un film au rythme très bien tendu par les gimicks et les fonds sonores. Mise en scène impeccable, très bonne musique, bonnes actrices, tueur naturellement charismatique et sans artifices, violence montrée et non suggérée….le pari du film d’horreur de luxe est respecté…. Allez je vais m’enflammer, je donne 3 étoiles. Et j’exige que George Romero, Joe Dante et autres ténors boiteux du genre jettent un œil attentif au travail de Alexandre Aja. Attention : film interdit aux moins 16 ans !!!



Voir les commentaires

LE MAGNIFIQUE (Philippe de Broca (1973-) spécial 300 000 visiteurs

Publié le

Pitch    un écrivain à la petite semelle entame le dernier roman mettant en scène son héros Bob Saint-Clar, agent secret invincible et irrésistible. Il se sert de vraies personnalités de sa vie pour peupler son roman. Mais il les tournera en ridicule de plus en plus dès lors qu’il sera perturbé par une jeune femme désireuse de faire une thèse sur son héros…Ses problèmes d’inspiration se compliquent puisqu’il pense pouvoir la séduire en dévoilant ses talents d’écriture, ce qui ne marche pas, puis en incarnant lui-même, au quotidien, son propre héros, ce qui ne s’avère pas payant non plus….Reste pour lui la solution de redevenir sincère…mais dans ce cas là il faut que le roman se finisse au plus vite…

 

Avis       Phlippe de Broca, secondé par Francis Veber et Jean-Paul Rappeneau au scénario, livre là une très bonne dose d’humour de gestuelle sur fond de parodie de James Bond. Là où les Anglais se prennent au sérieux côté action-suspense-polar, le français De Broca fait lui aussi dans la démesure, mais version comique.  L’occasion de voir un Belmondo très inspiré, voire très bien dirigé, c’est selon. Avec ce rôle d’un écrivain de série B qui s’invente un personnage qu’il doit reconquérir pour mieux reconquérir une jeune femme désireuse non pas de lui et de son pseudo talent d’écriture…mais de faire une thèse sur son personnage : Bob Saint-Clar. On connaît la capacité de « Bebel » a jouer les dandys, eh bien là il doit aussi jouer l’agent secret, avec toute sa force brute et son machisme. Cela donne donc des situations tantôt comiques tantôt grasses de violence, aux limites de la bande-dessinée sur le plan photographie. Des ennemis tous plus loufoques les uns que les autres, deux très belles femmes, le décor est très bien planté pour tourner en dérision l’univers cinématographique des James Bond ou pour faire du OSS, c’est selon. Là où le bât blesse, c’est que si le côté comique de dérision est remarquable, le côté immersion dans la vie d’un écrivain est quant à lui bancal. Quoique l’idée de devoir impliquer une vraie jeune femme dans son roman fictionnel ne laisse pas le spectateur de tout repos, avec notamment ce paradoxe comique entre l’écrivain amoureux d’elle et le héros de son roman dont elle s’éprend d’admiration. Ça permet un bon décalage propice aux situations les plus cocasses. Dans l’ensemble, Le Magnifique se regarde très bien, on ri parfois et on comprend tout à fait que Jean Dujardin en fasse une œuvre inspiratrice de son rôle de OSS 117. Car c’est dans la même veine décalée, une veine permettant de tourner en ridicule bien des stéréotypes, et ce, sans bornes ni limites. Une sorte de « grand n’importe quoi » assez électrique !!

 

  Jeu d’acteurs     

Jean-Paul Belmondo :):):):)

Jacqueline Bisset (magnifique mais au panel d’interprétation limité)  :):):(:(

 

 

 

Voir les commentaires

NOS JOURS HEUREUX (Eric Toledano -juin06-) spécial 300 000 visiteurs

Publié le

Avis       une bonne comédie doit toujours avoir un bon traitement dans l’évolution des personnages, que ces personnages soient décalés de prime abord ou qu’ils le deviennent, et ce Nos jours heureux a cette rare qualité. Le film fait donc d’abord sourire, avec cette histoire de moniteurs qui partent gérer une colo. Puis on ri franchement à plusieurs occasions grâce à des répliques et des situations qui font mouche, le tout bonifié par un très bon traitement des personnages. Omar Sy et Jean-Paul Rouve. SNDBeaucoup de ces personnages sont caricaturaux, comme le moniteur très porté sur les femmes et que l’on peut considérer comme un coureur invétéré pour ne pas employer une autre expression ; et leurs rencontres font d’abord sourire puis rire quand le caractère et l’attitude qui leur sont propres sont mis à la concurrence d’autres personnages tout aussi décalés. L’ensemble du film est conçu pour faire rire et il parvient à répondre à son dessein premier. Pour parler plus légèrement et plus franchement je dois avouer que ce film regorge de personnages complètement excentriques selon leur caractère, et que tout le film est du grand n’importe quoi. Ça part en vrille assez souvent et les nombreux enfants offrent une palette agréable des stéréotypes qui nous collaient à la peau à l’époque de nos centres aérés. L’enfant sur-intelligent est quand même osé mais sait faire rire…dans son registre. Vous retrouverez parmi les moniteurs un Omar Sy allumé, un Jean-Paul Rouve discret mais efficace en « verre témoin », un Jean Benguigui à pouffer de rire à aimer voir sa ronde femme manger..manger..et manger et à ne vivre tous les instants de couple que dans sa seule et unique cuisine (La Grande Bouffe version moins corrosive en fait). Vous retrouverez une Marilou Berry très convaincante, ainsi qu’une très séduisante Julie Fournier.  Le contexte de colo est très « arc-en-ciel » et les réalisateurs ont su mettre en valeur l’ensemble des interprètes, surtout les enfants. Une tranche de bonheur si ce n’est de rigolade bien franche ! Faites-vous plaisir ! Foncez sur vos bornes de location dvd(s) !!

   Jeu d’acteurs  

Omar Sy (beaucoup trop effacé par le script, dommage, il avait sa place dans un tel « trip »)  :):):(:(

Jean-Paul Rouve :):):):(

Marilou Berry  :):):(:(

Julie Fournier (très limitée question acting)  :):(:(:(

Jean Benguigui (très peu visible, mais terriblement décalé)  :):):(:(

ð       parmi les « ados » qui peuplent cette comédie, aucun n’a un temps de présence suffisant pour que je puisse y voir un quelconque talent du genre de celui de Abigail Breslin (Little Miss Sunshine, Keane…). Mais c’est une affaire à suivre, concernant surtout le jeune Guillaume Cyr.



Voir les commentaires

JOUE LA COMME BECKHAM (Gurinder Chadha -2002-) spécial 300 000 visiteurs

Publié le

Avis    une comédie très fraîche…bien que traitant de traditions indiennes. Cette histoire d’une jeune femme se battant « bec et ongle » pour jouer au football, en usant même de subterfuges vis-à-vis de ses parents est un peu atypique car elle permet aussi une savoureuse contradiction entre les libertés du monde occidental et les traditions anciennes propres aux communautés indiennes de Londres. C’est ce pas franchi vers l’occidentalisme, d’abord par la jeune footballeuse puis par sa famille, qui donne un « mordant social » à ce film. Tout en musique, à la sauce british, et avec Keira Knightley. Pétillant, rafraîchissant certes, mais ce n’est ni hilarant ni suffisamment sérieux en tant que petit « film-société ». On navigue entre les deux, avec aussi un petit fond de comédie sentimentale. Ce qui fait qu’aucune de ces sous-intrigues ne convainc vraiment, bien que séduisantes les unes emmêlées aux autres. Un petit film assez agréable malgré tout, qui peut rallier hommes et femmes sur un même divan, avec du football croisant la route de beautés grecques…déstatufiées !

    Jeu d’actrices   

Keira Knightley  :):):(:(

Parminder Nagra  :):):(:(



Voir les commentaires

Merci à toutes et tous !

Publié le

Vous me prenez de court !!  Sacrés (es) lecteur (ices) !!  Cent mille visiteurs le 6 mars 2007, après un an d’existence. Deux cent mille visiteurs le 1er mai dernier. 300 000 VISITEURS aujourd'hui !  Vous me prenez de court !!!  Comment vous remercier ??

……………………………………….. eh bien je vais publier, demain, 3 comédies d’un coup. Histoire de prendre tout cela avec le sourire. Partagé j’espère !

 



Voir les commentaires

Vol au-dessus d'un nid de coucou (Milos Forman -1975-)

Publié le

Pitch      pour échapper à la prison, Randle McMurphy est prêt à tout…même à se faire passer pour un malade mental. Interné dans un hôpital psychiatrique, il découvre, au-delà de leur folie, des êtres fragiles et attachants, soumis à l’autorité oppressive de l’infirmière Ratched. S’insurgeant alors contre les règles établies, il décide de révolutionner ce petit monde.

Avis        derrière ces premiers instants de description du milieu de l’internement, de drôleries puis de malaise, se cache un véritable drame. Les cadrages sur l’homme de Milos Forman sont brillants, et grâce aussi à sa bonne direction d’acteurs, il signe une fiction parlant vrai, et sentant l’authenticité. Quelle complicité de toute cette bande d’acteurs !! Tout paraît vrai, notamment Danny deVito, qui joue un interné, mais aussi l’ensemble des autres acteurs peuplant ces patients comme Christopher Lloyd. Si Danny deVito apporte vraiment de l’humour dans ce film, grâce à sa posture et grâce à sa fascination quant à parier « 10 cents » -lol-, le duo Jack Nicholson / Louise Fletcher est plus impressionnant encore. Louise Fletcher mérite amplement son oscar de la meilleure actrice, car jouer une infirmière aussi rigoureuse et hermétique dans son application des grands principes de la psychiatrie américaine de ces années 70 est de l’ordre du crédible. Brillant même quand Milos Forman resserre son cadrage sur elle. Jack Nicholson, à la fois drôle, sensible et émouvant, surpasse allègrement toutes les cordes, tant rudimentaires qu’essentielles, que tout bon acteur doit avoir à son arc. Finalement, Vol au-dessus d’un nid de coucou, est une critique acerbe des centres d’internement, et des méthodes psychiatriques utilisées dans ces années 70 pour sonder le patient. Croyant sauver ces patients, l’infirmière en chef Ratched ne fait plutôt qu’imposer toujours un peu plus sa loi. Et le pari réussi de Milos Forman est d’avoir mis progressivement en minorité cette infirmière et toute son oppression, en montrant la révolte contre cet ordre établi, endiablée par le faux malade mental Jack Nicholson, et suivie puis défendue avec conviction par les internés eux-mêmes, que Milos Forman a réussi a montré comme de véritables êtres humains meurtris, plus que comme des malades mentaux incurables. La critique du milieu de l’internement américain est réussie car elle ne se résume pas à critiquer. C’est plutôt de la critique indirecte, en faisant passer d’abord le spectateur par tout un panel d’émotions, du rire au dégoût, en passant par le malaise et le sentiment de révolte. Ce qui fait que le portrait de ces malades mentaux laisse toujours des pistes à explorer pour le spectateur qui voudrait se poser des questions existentialistes sur le « qu’est ce qui au fond fait de nous des malades mentaux ? » et « aux yeux de qui sommes-nous alors véritablement des malades mentaux ? ». Le film devient un véritable film coup de poing dès lors que les vrais malades ne sont plus montrés sous les traits de ces internés, mais sous les traits du corps infirmier, de ses hommes de main, de ses docteurs psychiatres et de leurs vieilles méthodes analytiques. Et quand Milos Forman dédouble cette critique d’une vraie fin tragique, le film passe le stade du film culte. Film qu’il serait dommage de ne jamais avoir vu !

Jeu d’acteurs

Jack Nicholson   :):):):)

Louise Fletcher  :):):):)

Danny deVito :):):):(

Christopher Lloyd (le savant fou de Retour vers le futur):):):(:(



Voir les commentaires

Casino Royale, l'ultime et fatale surenchère de la saga James Bond ?

Publié le

En discutant avec quatre amis sur Casino Royale, il était très clair que James Bond divise. L’un est catégorique : il n’accroche pas, il n’aime pas. Un autre parle d'un bon divertissement. Un autre parle d’un Daniel Craig trop « petit » pour endosser durablement ce rôle, voire pour pérenniser cette saga vieille de près de 50 ans.

 

J’'ai fait l’'arbitre, non sans resserrer les débats sur Casino Royale. J’'y vois en effet un bon James Bond, mais susceptible d'’être l’'exception qui ne confirmera pas la règle. Je pense qu’'il est un des tous meilleurs, autant que je pense que les prochains épisodes seront bien inférieurs. Casino Royale c'’est un peu l’'histoire d’'un apprenti agent secret, qui donc bénéficie d'’un rôle en or massif pour bien relancer une saga. Et orienter celle-ci vers plus de réalisme. Daniel Craig saigne comme jamais James Bond a saigné dans tous les épisodes cumulés. Et j’ai trouvé cela humble de la part des producteurs. Un grand effort de script. Ça m’a beaucoup plu cette histoire du dur qui veut obtenir le matricule 00 (permis de tuer). Cela donne un agent secret plus terre à terre, moins extravagant, et donc plus parlant. Après, et le connaisseur de la saga avec qui j’ai discuté est d’accord, je pense que les prochains épisodes seront aussi médiocres que les deux derniers Pierce Brosnan. Avec une omniprésence du marketing déguisé, et surtout avec un agent secret qui sera moins humble, puisque désormais formé et apte. Car je ne fais pas de Daniel Craig un grand acteur, et je si je fais de son regard froid et de son gabarit animal un atout pour ce rôle, il lui manquera obligatoirement le flegme de Sean Connery, l’ironie joueuse de Roger Moore, voire la prestance du costard de Pierce Brosnan. Ce ne sont que des détails. Mais ce sont malheureusement les principaux traits de caractère du personnage légendaire créé par Ian Fleming. Et si Martin Campbell a montré qu’il peut révolutionner et relancer les vieilleries de la saga (Goldeneye en 1995, Casino Royale récemment), il n’est pas sûr qu’il s’engage pour un prochain épisode. Car à chaque fois que la saga se relance, on refait appel au marketing déguisé, à l’extravagant « commercial », et à la promotion vendeuse….tout cela au détriment du budget consacré à l’écriture du scénario, à la mise en scène, au montage et au casting. Et c'est tout ce qu'évite Martin Campbell. Quand on fait appel à lui, on lui laisse presque carte blanche Si je suis d’accord avec l’un de mes amis sur l’incapacité de Craig à faire de vieux os, si je suis d’accord avec un autre sur la qualité de ce Casino Royale, je suis aussi d’accord avec eux pour dire que les suites qui seront données ne seront malheureusement pas de la même trempe au plan humilité et côté terre-à-terre…Affaire à suivre !

 Daniel Craig, néo-James Bond, vacillera-t-il ?? L'histoire de la Rome antique a montré que de simples "précédents" partaient de terribles enchaînements irréversibles. Et si l'humilité de Casino Royale condamnait la saga pour la seule raison que les suites ne seraient plus aussi...humbles ?

 

 

 

Voir les commentaires

La Leçon de Piano (Jane Campion -1993-)

Publié le

Avant-goût   palme d’or 1993 à égalité avec Adieu ma concubine, et prix d’interprétation féminine pour Holly Hunter. Justifié ou non ?

Pitch   au siècle dernier en Nouvelle-Zelande, Ada, mère d'une fillette de neuf ans, s'apprête à suivre son nouveau mari au fin fond du Bush. Il accepte de transporter tous ses meubles à l'exception d'un piano qui échoue chez un voisin illettré. Ne pouvant supporter cette perte, Ada accepte le marché que lui propose ce dernier. Regagner son piano touche par touche en se soumettant à ses fantaisies. Retravailler ses mélodies octave par octave tout en trouvant plus heureux que ce bonheur passionné…..la compréhension d’un homme. Palme d'or et prix d'interprétation féminine à Cannes en 1993.

Avis       après une première demi-heure très inconsistante, servant à poser le décor d’une émigration d’un couple marié en Nouvelle-Zélande, La Leçon de piano commence à devenir très intéressante. Ce n’est pas dans les interprétations qu’il faut trouver les raisons de la Palme d’or de Cannes 1993, car à part Holly Hunter enjolivée par son mutisme, rien n’est brillant, non, c’est plutôt dans les quelques scènes chocs. Car elles viennent surprendre le spectateur, elles peuvent toucher les spectateurs les plus sensibles. Cette perversité machiste subie par la belle pianiste Holly Hunter, seule femme blanche au sein d’un village en bois perdu en Nouvelle-Zélande, fait le jeu de son rôle, fort, intime et sujet aux interprétations les plus romantiques comme salaces. La romance de son amour passionné pour son piano, la lascivité très gestuelle et charnelle qu’elle se condamne à entretenir avec un homme blanc de son village (Keitel), à dessein de pousser toujours plus loin son amour impénétrable des touches d’ivoire, des cordes de piano, et de mélodies qui restent pour elle le seul moyen d’expression audible et universelle. On regrettera le surcroît de perversité du scénario, et d’obscénité, mais on pourra se satisfaire du chemin vers un amour charnel, sincère envers l’homme qui l’initia aux plaisirs, victoire de l’amour (Keitel) sur le mariage (Sam Neill) puis sur la passion, manifestée justement par…l’abandon d’un piano en haute mer. Un drame tout à fait cannois dans l’âme, parfois surfait, trop sophistiqué ou oublieux de faire du cinéma simple.  Faire de la musique et de la bande-son le « rôle titre », par exemple…ou encore faire que la trame dramatico-sentimentale mette totalement dans l’ombre les autochtones néo-zélandais…comme si le monde tournait autour d’eux. Hormis la première demi-heure d’ameublement, un cinéma de qualité, sans interprétations intrinsèquement charismatiques mais à la portée assez universelle. Une musicalité maîtresse du sujet, non sans être agréable selon certains morceaux. Caméra réaliste mais trop posée de Jane Campion, qui devint là la toute première femme à obtenir la palme d’or. Anna Paquin au casting, toute jeune, dont on regrettera ses rôles mineurs endossés depuis, malgré son énergie et sa frimousse, notamment les X-men (mutante Malicia) ou le film d’horreur Darkness. Film logiquement interdit aux – 12 ans, de par ses scènes de nu ou de violence physique et verbale.

 Jeu d’acteurs   

Holly Hunter  :):):):(

Harvey Keitel  :):):(:(

Sam Neill    :):):(:(

Anne Paquin  :):):):(



Voir les commentaires

Série Noire (Alain Corneau -1978-)

Publié le

Avant-goût   je n’ai encore jamais vu un film qui me plaise plus que les critiques dithyrambiques faites en amont sur lui. Le chef d’œuvre d’Alain Corneau, passant ici le cap du cinéaste. Et un Alain Corneau qui le rend bien à Patrick Dewaere, dont il avoue qu’il ne voyait personne d’autre pour un tel rôle. Il n’y a qu’à voir le genre de rôle et vous comprendrez non seulement qu’Alain Corneau a raison, aussi que Patrick Dewaere était non seulement un acteur d’exception, mais un très grand comédien (nuance). Ces deux hommes, inspirés de l’œuvre maîtresse d’un maître du serial, Jim Thompson (roman Des cliques et cloaques), permettent de hisser Série Noire au rang d’un des ultimes films les plus noirs, si ce n’est le plus noir du monde, toutes époques confondues. Car c’est beaucoup plus psychique qu’un serial US, c’est beaucoup plus humain qu’un serial irlandais, et c’est un renouement avec le cycle Jean-Pierre Melville, si ce n’en est pas même un dépassement du maître… Bravo à Alain Corneau qui confirme son talent montré dans Police Python 357, et bravo à Patrick Dewaere !

Pitch   Frank Poupart fait de la vente en porte-à-porte dans la morne banlieue parisienne. Son patron étant très prêt de ses sous, il en arrive parfois à arnaquer par ci par là…jusqu’à ses propres clients. Vendant des savons et des brosses à dent à domicile, méprisant sa femme faute d’accepter de se mépriser soi-même, voilà qu’il découvre la jeune Mona, 17 ans, alors qu’il venait démarcher sa tante. Mona lui saute dessus, nue, après l’invitation faite par sa tante de la rejoindre dans sa chambre. Subjugué par sa beauté, il glissera vers la part d’ombre de son être…alors qu’il ne croit agir qu’en son strict cheminement personnel.

Avis        on est d’entrée subjugué devant la sagesse d’acting de Patrick Dewaere, âgé de seulement de 30 ans. Son jeu de regard et son ton de parole font qu’il croit ce qu’il dit, et qu’il vit ce qu’il fait. Avec un scénario qui lui en fera voir des vertes et des pas mûres, Patrick Dewaere décuple encore sa présence à l’écran, bouffant littéralement la pellicule d’Alain Corneau. N’ayant pas vu tous les films de Dewaere, je ne sais si cela est impartial d’entendre Marie Trintignant dire que « Patrick réglait chaque scène en deux prises maximum », ou d’entendre Alain Corneau avouer que « quand Patrick est mort, je savais qu’il y a bien des films qu’on ne pourrait plus jamais faire ». Sous-entendu que le cinéma avait perdu gros dans le suicide de cet acteur qui vivait ses rôles comme sujet, passant le cap de l’objectivité de ressembler au rôle vers la subjectivité d’être le comédien sujet de son rôle.

Adaptation du romancier le plus noir de l’histoire…

Série Noire se base sur le roman Des cliques et des cloaques, de Jim Thompson, qui n’est autre que le romancier le plus noir que la terre n’ait jamais porté. Ce romancier a toujours cherché dans les bas-fonds de sa propre conscience les failles de l’existence, en les montant en un rouleau compresseur écrasant l’humain sous le poids de la fatalité. Ses héros étaient un peu des gens ordinaires, qui sombraient dans le malaise mental à mesure que le destin auquel il croyait leur glissait entre les doigts. Un monde sans autres coupables que soi-même, ses failles et ses faiblesses. C’est alors que doit entrer en action un certain Patrick Dewaere, alias Frank Poupart, miséreux vendeur en porte-à-porte. Son incapacité à aimer sa femme (Myriam Boyer) le fera se tourner vers une jeune femme (Marie Trintignant) tenue en laisse par sa tante. Son ras-le-bol d’un boulot exténuant et répétitif le fera se couper de son patron (Bernard Blier). Son avarice le fera préférer l’arnaque facile au cantonnement à un salaire de commissions. Alain Corneau décide alors de sortir les veines les plus noires du roman de Jim Thompson, pour mieux donner un point d’ancrage au spectateur. Point d’ancrage : Patrick Dewaere, humain parmi les humains, de par ses faiblesses, ses failles. Les veines les plus noires : on peuple autour de lui tout un cortège de personnages sombres. Avant qu’il commette ses maladresses d’homme méprisé (son couple), avare (amour de l’argent facile) et blasé (son j’en foutisme au boulot), on voit sous la caméra d’Alain Corneau tout un tas de personnages sombres surgir lentement. Son patron veut des rentrées d’argent et se soucie très, très peu de son personnel. Sa femme le quitte sans avertissement. Et la jeune femme vers laquelle il se tourne ne parle jamais. Il n’a plus rien pour se remettre dans le droit chemin. D’autant que cette jeune femme, par sa beauté maladive, lui fera commettre l’impensable.

Jim Thompson trouvant là sans doute le premier et unique acteur capable de jouer l’un de ses héros si complexes et torturés…

L’enchaînement du sombre, ton sur ton, finira par décolorer son âme, et le prendra en étau puis aux tripes. Patrick Dewaere prend alors la pleine mesure de son interprétation de départ, en appuyant davantage les traits quand il le faut. Un acting total, éblouissant de réalité. Sous des traits de jeune homme inoffensif, c’est le mal qu’il sème indirectement envers lui. Jim Thompson trouvant là sans doute le premier et unique acteur capable de jouer l’un de ses héros si complexes et torturés. Héros des temps modernes, pris entre l’argent, le désamour et la lassitude existentielle, que Patrick Dewaere vient appuyer de tout son être. Le regard humain, les pétages de plomb presque improvisés, une scène de pseudo-suicide non prévue au scénario (lorsque dans son bain il fait ce que Corneau n’avait pas prévu : se mettre sous l’eau pour y rester presque une minute), lorsqu’il se tape trois fois la tête violemment contre le capot de sa voiture en un plan non coupé (alors que Corneau l’avait invité à mettre son bras sur son front à chaque fois au dernier moment et qu’on ne verrait rien puisqu’il couperait au montage et re-balançerait sur un autre plan). Des actes de violence que n’aurait jamais pu faire un simple acteur naturellement nerveux, bagarreur ou autre. Oh non, cette violence physique infligée à lui-même devenait un vibrant témoignage de déchirure sous les traits de Patrick Dewaere. Chose que peu d’acteurs auraient réussi d’une part, et qu’encore moins d’acteurs seraient arrivés à ce point à défier son metteur en scène. Alors s’il s’avère qu’Alain Corneau a livré là sa meilleure mise en scène, il a aussi sans doute concouru à donner à Patrick Dewaere son plus grand rôle. Et quand on voit Corneau oser filmer un Dewaere jouant avec sincérité le menteur, scrutant jusque dans son mouvement de regard, son mouvement de cils, on se dit que Série Noire reste la plus belle rencontre du cinéma hexagonal. Une sorte d’alchimie qui s’est vue dès le tournage, sans attendre le montage et qui prit racine dès la présentation du script à Dewaere. « Il devait être 8 heures du mat’ quand Patrick a eu le scénar ‘ la première fois sous les yeux…et le jour même,  quelque chose comme 2 heures du mat’, Patrick me rappelle, s’excuse de m’appeler si tard, il accepte le rôle. J’étais aux anges. Je ne voyais personne d’autre que lui. Sans lui le film était mort », précise Alain Corneau.

« Absolument pas, je vais apprendre le texte à la lettre, et c’est là que tu verras un soupçon d’improvisation », Dewaere à Corneau…

Avec un Dewaere refusant à Corneau cette idée d’improviser. « Absolument pas, je vais apprendre le texte à la lettre, et c’est là que tu verras un soupçon d’improvisation », lui avait clairement prévenu Dewaere. Alors Corneau, un brin surpris, prit ses précautions. S’il fallait laisser improviser Dewaere sur un texte totalement maîtrisé, mieux valait lui laisser une liberté de mouvement. Corneau sort l’artillerie lourde, il place sur chaque scène deux caméras dissimulées pour qu’elles ne croisent pas leur propre angle, essayant ainsi de suivre presque à la trace le moindre mouvement imprévu de Dewaere. Orson Welles l’avait bien fait, pourquoi pas lui ? Dewaere se met alors à occuper tout l’espace, en parfait boulimique de son personnage, combinant la démarche obsessionnelle à un résidu d’humanité. L’obsession de l’acteur transcendant l’obsession du personnage. L’humanité de l’acteur débordant bien au-delà des détresses du personnage. Patrick Dewaere crève alors l’écran à plusieurs reprises. Devant ces facéties d’acting, Corneau se met à cravater des microphones sur chacun des personnages. Dewaere s’en va rassurer la petite Marie Trintignant avant certaines prises, rassurant ses 16 printemps en lui donnant des astuces pour coller au mieux à son propre rôle de fataliste paranoïde. « Patrick tournait tout en seulement deux prises. Heureusement pour moi car s’il pouvait redonner autant de jus à la 3ème voire 4ème prise, moi j’avais l’impression d’avoir tout donné dans les deux premières », commente Marie Trintignant. « Certes un peu nerveux, ce qu’on ne serait à moins avant le tournage d’une scène, Patrick était doux et comédien aussi en dehors des scènes », explique Alain Corneau. Bien au-delà, c’était un corps juvénile cachant une bête de scène. En hyperactif, Patrick Dewaere semblait donner tout de lui au spectateur, à chaque plan, à chaque scène. Mais en réalité il n’en était rien. « Il ne semblait jamais forcer » commente Marie Trintignant.

 Myriam Boyer et Dewaere

« Quand j’ai appris son suicide, j’ai su tout de suite qu’il y a bien de mes projets qui ne pourraient plus se réaliser »

« Quand j’ai appris son suicide, j’ai su tout de suite qu’il y a bien de mes projets qui ne pourraient plus se réaliser », admet Alain Corneau. N’empêche qu’Alain Corneau et Patrick Dewaere ont passé sur ce projet le cap du chef d’œuvre du film noir, parce que ce héros meurtri était un humain auquel s’identifier non sans mal, touchant le spectateur en son âme et conscience. Un film prenant, avec une bande-son interne (radio ou chantonnements de Dewaere) conférant une grande authenticité, un voyage dans les bas-fonds d’une conscience humaine que Patrick Dewaere partage avec le spectateur à chaque instant. Sauf le respect que l’on doit à Alain Corneau, artisan du très bon Police Python 357 ; Jean-Pierre Melville, Jacques Deray, Alfred Hitchcock ou les pseudo renommés frères Coen n’ont jamais eu sous la main pareil matériau humain que ce Patrick Dewaere (on parle ici de films noirs). Série Noire est le film le plus noir que j’ai jamais vu, et en même temps le plus humain. On regrettera que l’hypersensibilité de Dewaere, ait à la fois provoqué sa reconnaissance et sa mort précoce. Un comédien mourait parmi des acteurs…

Appendice : Patrick Dewaere a été entouré d’acteurs dans la même veine, c'est-à-dire capables d’être parlant sans prononcer un seul mot. Bernard Blier est à saluer dans son rôle d’entrepreneur véreux et corrosif au possible, qu’il magnifie avec sa bonhommie légendaire et son flegme énigmatique. Marie Trintignant est sublime rien qu’à la regarder scruter Dewaere, dans un rôle de jeune femme meurtrie, désabusée et prostituée par sa tante. Un regard exceptionnel, qui a su combler ses lacunes pour ce rôle : mutisme et inhibition adolescente, impression d’être dépassée par le talent de Dewaere. Dewaere l’a rassurait avant certaines prises difficiles, parce qu’il sentait justement que ce serait coton pour elle. Elle a beaucoup apprécié ce réconfort, alors qu’elle n’en était qu’à son premier grand rôle, ayant à peine 16 ans. Quant à George Perec, co-scénariste avec Alain Corneau, c’est un peu l’écrivain talentueux qui mit des mots subtils sur des maux, via une construction des dialogues alliant lyrisme poétique et froide réalité.

Jeu d’acteurs

Patrick Dewaere  :):):):) (:))

Bernard Blier  :):):):(

Marie Trintignant  :):):(:(

Myriam Boyer :):):(:(

 



Voir les commentaires

1 2 3 > >>