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Sleepers (Barry Levinson -1996)

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Une intrigue puissamment orchestrée dans les trois premiers quarts d’heure puis quasiment plus rien à part les remarquables prestations de Dustin Hoffman, Kevin Bacon et Robert de Niro. Sleepers, histoire vraie, ou vrai récit cousu de fils blancs, reste mi-figue mi-raisin. Bien que le goût persistant de la figue marque son homme dans ces premiers quarts d’heure saisissants !

 

Barry Levinson a voulu raconter une histoire hors norme. Elle met en jeu la qualité réel ou supposée du système de détention des mineurs dans le New-York de la fin des années 60. Les années love se résumeraient selon Lorenzo Carcaterra, auteur du récit et personnage interprété par Jason Patric à l’âge adulte, 8-10 ans à l’âge adolescent, au triptyque alcool, sexe et viols passé la porte d’une certaine maison de redressement de mineurs. Celle-là même qui brisa sa vie dans une moindre mesure que celles de deux autres de ses amis d’enfance, John et Tommy, devenus écorchés vifs du coup, et délinquants notoires à la ville.

 

Histoire vraie ou supposée vraie, Sleepers s’achève quand même, il faut le signaler, par ces quelques scripts : « La Division Correction des mineurs de New-York reconnaît comme non existantes ou toujours non existantes les conditions de détention des mineurs dans les centres de redressement, dépeintes dans ce récit. »

« Lorenzo Carcaterra déclare avoir changé les noms, dates et lieux présents dans le film tiré de son roman ».



 

Alors voilà ce qu’il peut se passer du coup. Un succès retentissant pour le film puisque cette histoire vraie vendue comme vraie, part d’un fait divers des plus crus. Un amalgame terrible entre réalité et fiction, notamment le découpage qui serait logiquement à faire entre les trois premiers quarts d’heure, qui sont basés sur des réalités réelles ou supposées, en l’occurrence l’enfance des quatre mômes et leur détention de 6 mois pour certains à plus d’un an pour d’autres, dans un centre de redressement…et le reste du film qui paraît fantaisiste, notamment ce procès, hors norme de par ces jurés qui finalement remettent leur décision à un simple faux témoignage sur l’honneur du prêtre, bien que Dustin Hoffman en avocat alcoolique, ait été fichtrement bon au moins une fois : sur les problèmes d’alcool d’un tel, les problèmes de délinquance sexuelle d’un autre. Mais bon, cela semble gros, et donc creux en terme de cinéma. Sauf qu’on n’enlèvera pas les deux interprétations de De Niro et Hoffman, ainsi que la qualité sobre de Barry Levinson dans sa manière d’apposer une histoire de vengeance personnelle sur un fond judiciaire procédurale. Brad Pitt est quant à lui en deça.

 

Mais le système de datation, de localisation, et cette voix-off de Lorenzo, donc de ce personnage important qui depuis, en a fait un roman et un scénario de film, est judicieusement utilisé par Barry Levinson, qui brouille toutes les cartes. Sauf les cartes de ceux qui auraient lu le livre. Moi pas. Donc tant pis. Mais cinéphile invétéré oui, quand même ! Donc les trois premiers quarts d’heure sont impressionnants de qualité, puisque des marqueurs temporels baignent ce récit historique, quelques dates sont mentionnées en bas de votre écran, et l’histoire paraît aussi vraie que ce que l’on voit est inaudible, effroyable, inadmissible. C’est malheureusement le cinéma à l’état pur, au stade de réussite totale, que ces trois premiers quarts d’heure : l’image saisissante voire crue, un vrai fond de scénario, une intrigue concernant l’humain et l’innocence donc touchant tout le monde, ce fameux manichéisme « tord boyau » entre l’entité censé être bienveillante mais qui ne l’est pas, et ces jeunes délinquants qui trouvent plus durs qu’eux, enfin, cette entité d’éducation et d’aide qui devient le Diable tout en gardant son Autorité légitime contre laquelle personne ne peut rien : ni les jeunes détenus, ni les proches en visite régulière, ni nous spectateurs.

 

Mais ensuite on remarque facilement, si on s’y penche, la disparition totale des marqueurs temporels qui accompagnaient avec une précision au mois près, les trois premiers quarts d’heure du film. Disparition aussi de l’idée même de récit. Et négligence dans l’attitude et l’interprétation des personnages : des enfants qui ont grandi dans le mystère enfoui et qui devenus adultes en parlent pratiquement comme si cela ne les avait pas concerné eux, mais d’autres. Cette distance entre les acteurs adultes, et les quatre personnages devenus adultes, est malheureusement très visible. Jason Patric n’est pas un interprète affirmé, on ne le sent pas concerné. Brad Pitt néglige aussi son personnage. Quand aux deux autres acteurs campant Tommy et John, ce n’est pas cela non plus.

 

Si Barry Levinson avait réussi à totalement faire confondre réalité et fiction sans qu’on y voit des fils blancs, s’il avait engagé de vrais acteurs et s’il n’avait pas bâclé la partie judiciaire ou s’il l’avait un peu plus pimenté d’histoires de vie annexes, alors Sleepers aurait été un film colossal. Il est simplement sauvé par Dustin Hoffman, De Niro et ses trois premiers quarts d’heure, qui font de Sleepers un film qu’il faut absolument voir.



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Hooligans (Lexi Alexander -mai06)

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Plus d'infos sur ce film Metropolitan FilmExportCe film utilise tapageusement le côté très annonceur du "hooliganisme" pour servir finalement la soupe à un public teen age. En guise de compréhension du milieu des hholigans britanniques il ne reste rien à en tirer, c'est un échec sur ce plan et demeure un simple divertissement aussi frivole qu'il est mensonger dans l'annonce de son scénario.

Pitch Renvoyé de la prestigieuse université de Harvard pour un délit qu'il n'a pas commis, Matt Buckner (Elijah Wood) part se faire oublier chez sa soeur en Angleterre. Là-bas, il découvre la fièvre qu'engendre le football, et surtout les groupes de supporters qui défendent l'image et la réputation de leur club comme une religion. Sensible à l'esprit de camaraderie et à cette volonté d'absolu, Matt se laisse entraîner, mais prend aussi peu à peu conscience des coulisses d'un sport dont les joueurs sont les seigneurs et les fans les mercenaires... Ces cercles très fermés sont prêts à tout pour renforcer leur réputation et asseoir leur suprématie sur le quartier de leur stade fétiche, voire au-delà via des excursions. La compétition ne se déroule en effet pas que sur les pelouses, mais entre ces groupes « extrêmes », il n'y a malheureusement jamais d'arbitres. Face à sa conscience et son passé qui le rattrape, Matt va devoir choisir ses propres règles du jeu...ou de vie, c’est selon.

Marc Warren. Metropolitan FilmExportC’est le genre de film qui se suit agréablement lorsqu'on a entre 12 et 16 ans. Il y a une naturelle rivalité de bandes et une tension nerveuse, qui s’installent à mesure que le personnage principal ( Elijah Wood ) découvre le pot aux roses. Mais son scénario vide de sens, et ses messages à propos du hooliganisme ne l'autorise plus du tout pour cette catégorie d'âge, ce qui est un paradoxe. En clair, Hooligans ne peut plaire pour ce qu'il est, à personne. Les cinéphiles purs et durs y verront un effet d'annonce ou simple petit film de borne dvd, tandis que les plus jeunes croiront s'être diverti en apprenant une réalité du hooliganisme. Or, tout est de la poudre aux yeux, et la violence verbal et visuel sont si frivoles que ce film rate le coche.

Elijah Wood et Charlie Hunnam. Metropolitan FilmExportLe personnage principal s’insère dans un « gang » de hooligans, puis est suspecté d’être un journaliste écrivant sur le phénomène opaque de l’hooliganisme. C’était là que les choses devaient commencer. Parce qu’au lieu de cela, le film commence comme un banal parcours initiatique subi par Elijah Wood. Ce jeune apprend à se battre et finit par trouver ça noble, par trouver ça adulte, et considère cela comme un signe d’existence se parachevant par un sentiment d’ « hyperpuissance ». Complètement inadmissible que la cible principale de ce postulat de base, qui est les ados, se trouve prise en étau d’un film qui fait l’apologie de la violence gratuite, infondée et abusive. Cela vire évidemment au drame, petit à petit, avec une séquence de baston elle aussi injustifiée et dégoulinante d’hémoglobine. Baser un film sur le hooliganisme est très vendeur de nos jours…mais encore faut-il s’en donner les moyens !! Car je suis désolé de dire à tous ceux qui apprécient ce film : on reste beaucoup trop à la surface du phénomène de l'hooliganisme, en plus à une époque où il doit être combattu et chassé des stades… Et ce n’est au fond que profiter du phénomène que de tisser aussi superficiellement un film autour de l'hooliganisme.



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Last Chance for Love (Joel Hopkins -mars09)

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La Fabrique de FilmsVenir exprès du Nouveau monde au mariage « so british » de sa fille, qu’il n’avait pas revu depuis longtemps, lui était aussi indispensable que lui sera très vite nécessaire le repli de l’homme blessé. Son ex-femme a refait sa vie, et pire : son compagnon est considéré dorénavant comme le « nouveau papa ». Il n’existe plus. Il n’existe plus pour lui-même non plus. Son badge resté harnaché à son costard tout juste acheté pour l’occasion, et dont il ne s’en rend compte qu’au moment où il arrive au banquet (trop tard), l’avait forcé à composer avec lui-même. En faisant des efforts inespérés pour que sa fille croit encore en lui, sa présence, nécessaire, allait muer en une omniprésence de tous les diablotins en culotte de jeune premier, lorsqu’il croisera cette hôtesse d’aéroport.

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Dustin Hoffman et Emma Thompson. La Fabrique de FilmsAu sein d’une carrière certes bien remplie, Dustin Hoffman avait crevé l’écran à plusieurs reprises, au milieu d’un flot de seconds rôles de luxe. Or, l’homme, à la palette d’acteurs magistrale, doit comme prouver une fois de plus, notamment aux jeunes générations de cinéphiles, que son « talent malgré lui » a le rang pour tenir un premier rôle. En tout cas c’est tout l’effet que cela fait, lorsqu’on le voit en tête d’affiche d’un long-métrage comme Last Chance for Love, où il partage le scénario avec Emma Thompson, belle de timidité, et sensuelle de réserve amoureuse.


Dustin Hoffman et Emma Thompson. La Fabrique de FilmsCar il ne faut pas se le cacher : avec l’érosion du porte-monnaie des cinéphiles, plus encore qu’avant, Dustin Hoffman n’est pas une garantie de rentabilité. Mais le vrai cinéphile s’en fiche fichtrement, quand il sait pertinemment à quelle qualité d’interprétation il doit s’en tenir. Il n’a que faire des jeunes acteurs et actrices tendances, qui trônent dans les hits parades pour leurs belles gueules, et leur erreurs de jeunesse d’acting. Dustin Hoffman lui, ainsi que Emma Thompson, vont faire parler la poudre de leur expérience des tournages. Et à ce petit jeu-là, ils se démarquent vite de ce qu’il se fait couramment dans le cinéma actuel. Le maquillage dégueule sous les larmes d’une crise de la cinquantaine, le cœur est battu à mort par le poids de l’âge et mordu de part en part par les douleurs monotones. Alors ils se foutent bien de faire moins de 100.000 entrées France en deuxième semaine, quand un blockbuster en fera deux fois plus. Car le vrai cinéma à partager dans l’éternel, c’est le leur.


Emma Thompson. La Fabrique de FilmsLe jeu des sentiments ou du rapprochement des cœurs est une chose qui reste bien futile en matière d’interprétation, pour les jeunes générations d’acteurs/ices. Les difficultés à surmonter sont alors réelles, et fort souvent, les acteurs (ices) surjouent leur rôle, faisant basculer l’histoire dans du mièvre. Ici, pas de triche, plein zoom sur Dustin Hoffman et Emma Thompson, qui se mettent à nue comme ils avaient déjà osé le faire par le passé, mais sur des plateaux séparés. La marque des Grands interprètes ! Savoir parler à l’autre du regard, et au passage parler clairement au spectateur. Savoir s’humilier, accepter une fatalité pour mieux la surmonter grâce à l’épaule de l’autre. Toute la force de leur âge fait transpirer d’émotions rares cette belle rencontre. Difficile rencontre, admirable de cruauté existentielle, mais admirable ! Il n’y a pas d’âge non plus pour se racheter une conduite.


Dustin Hoffman et Emma Thompson. La Fabrique de FilmsElle a tout raté sentimentalement, il a tout misé sur sa carrière. Crise de la cinquantaine qui s’entonne comme un froid refrain, en long et en travers de la gorge rocailleuse de deux êtres que le passé avait rattrapé pour de bon. Et pour toujours ? Pas si sûr… Il faut se battre, ça fait mal aux tripes, à l’estime de soi, ça peut faire mal à la gueule que de se dévisager, voire mal à l’orgueil que de mettre à nues ses faiblesses à l’inconnu qu’on pense croiser comme on croiserait autant de coups qui ont foiré. Mais lorsque c’est tenté, cela envole cette love-story bien au-dessus des chemins conventionnels. L’intégrité de la force de l’âge, la complicité générationnelle, suintent à gouttes perlées à chaque soupir ou demi mots timides osés envers l’autre. Il commence à être loin le temps où l’expérience conseillait de la jouer « pro », avec force et caractère bien trempé. Ce même caractère qui peut être un tue-l’amour, quand on en fait trop sous prétexte qu’on a tant de malheurs ou de défauts à cacher à l’autre.


Dustin Hoffman. La Fabrique de FilmsLa vieille fille d’un côté, triste sur elle-même alors qu’elle attend l’aide inespérée d’un homme qui se dérobe à chacun des appels de sa chère vieille mummy. Le carriériste de l’autre côté, qui a tout misé à perte, sur son métier de compositeur pour pub, qu’il fait avec la passion que lui a volé un mariage raté et une ex-femme qui a refait sa vie. Il arrive un moment où sent qu’on n’existe pour personne, voire que l’on n’a jamais existé. Cela fait d’autant plus mal lorsque notre vie est à un stade avancé. Dustin Hoffman et Emma Thompson vont cristalliser tout cela à la fois. Des femmes qui lui tiennent à cœur, il y en a bien une, quand même ? Non. Ah si, il y aurait bien sa fille, qui va se marier ce fameux week-end, à Londres. Mais elle est si jeune, et il ne l’a pas vu depuis si longtemps, qu’elle doit sans doute être restée encore trop jeune pour entendre les chagrins que son cher papa porte encore, dans les fers de son cœur orgueilleux.


Dustin Hoffman et Emma Thompson. La Fabrique de FilmsLe jeune réalisateur a placé toutes ses cartouches dans la besace « Hoffman ». Avec toute la maladresse tendre mais raffinée et respectueuse, d’une jeune premier, pas si jeune que cela. Un deuxième long-métrage après Mariage et Conséquences, et c’est plutôt au rang de d’ « idéaliste méticuleux » qu’il mérite sa place. Tout son travail de séduction progressive du spectateur commence, passées les cinq premières minutes. Une véritable « opération d’attendrissement massive », où se mêle la pitié à la compréhension du spectateur, face à deux êtres que tout sépare, du Royaume-Uni aux Etats-Unis, alors qu’ils souffrent des mêmes maux. Se sentir rejeté, se sentir esseulé affectivement. Etre perdu pour soi-même, ressentir fatalement non plus le vertige mais le précipice de l’amour, lorsque l’on croit que l’amour est pour tout le monde sauf pour soi. Même ce temps là, celui des espérances à l’eau de rose où à l’universalité cartésienne des sentiments, semble définitivement enfoui et révolu au plus profond d’eux. C’est dire le tableau qui va réunir ces deux portraits brossés « au couteau » !  Les rencontres les plus improbables ne sont-elles pas les plus belles, si ce n’est les plus fortes ? L’amour ne connaît-il pas les essoufflements ni les palpitations d’infortune d’un petit cœur qui bat et veut battre de ses propres ailes, celles de la liberté et de la libération ?

 

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Présentateur Vedette (Adam McKay -2005)

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Présentateur Vedette appose les uns derrière les autres des séquences comiques qui ne se valent pas, Will Ferrell. United International Pictures (UIP)laissant un grand vide parfois réveillé par une séquence réussie. Un film comique raté, car n'entretenant pas le rire, pas même le sourire. Par contre, les adorateurs de l'humour visuel y trouveront un petit peu leur compte.

Si la séquence de la flûte enchantée est pas mal, avec un Will Ferrell convié en plein restaurant à monter sur scène pour en jouer et faire tout un tas de bonnes réussites en matière d’humour de gestuelle et burlesque, tout le reste est très plat.  Ce film étant présenté comme le dépositaire d’une « nouvelle vague » comique US, on est en droit de se demander comment vont-ils faire pour s’exporter hors-USA. Limite soporifique, ce film reste quand même intéressant pour la présence de Will Ferrell, qui est considéré aux Etats-Unis comme le nouveau Adam Sandler. C'est-à-dire le grand comique et acteur de comédies légères, dont les dons comiques sont suspectés de lui permettre de jouer dans des films plus sérieux, plus « lourds ». Nous l'avons vu d'ailleurs, dernièrement, dans le rôle principal du Will Ferrell. United International Pictures (UIP)Destin de Harold Crick. Mais ce "Présentateur Vedette, est un très mauvais exemple d'interprétation pour exporter chez nous les talents de cette star étatsunienne. Car c’est d’une platitude alarmante à côté de l’humour bien frenchy. Si les Américains ont trouvé leur nouvel acteur décalé et déjanté, après un Jim Carrey brillamment reconverti puis un Adam Sandler qui peine à renouveler son répertoire, la France attend toujours leur nouvel ambassadeur. Steve Carell, l’autre acteur montant, est quant à lui plus efficace dans Little Miss Sunshine.



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Welcome (Philippe Lioret -mars09)

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Guy FerrandisPhilippe Lioret politise un peu trop les débats, dans sa fable sur les réfugiés. En-deça de L’Equipier ou de Je vais bien, ne t’en fais pas, la décharge émotionnelle de Welcome peut toutefois suffire à convaincre les spectateurs, que Eric Besson a tort dans ses comparaisons entre le système répressif anti-juif de la Seconde Guerre mondiale et celui montré dans le film, aux marges et dans le port de Calais.

 

Philippe Lioret était merveilleusement doué pour conter cette histoire trouble du Phare de la Jument (L’Equipier), et il brillait aux yeux du grand public à travers Je Vais bien, ne t’en fais pas. Mais il accuse le coup sur ce Welcome, trop politisé pour cheminer aussi adroitement vers la même décharge émotionnelle. Ce n’est pas force d’essayer, à travers l’interprétation au couteau de Vincent Lindon, toujours aussi inspiré, ou à travers cette sombre mais belle histoire de ce jeune réfugié kurde plein de rêves dans les yeux…et de bobos dans les jambes.


Vincent Lindon et Firat Ayverdi. Guy FerrandisMais Vincent Lindon ne dispose pas du personnage idéal. Son effort sur lui, issue de sa rencontre forte avec ce jeune réfugié, tombera en décrépitude à mesure qu’il se contredira lui-même. Est-ce son ex-femme qu’il souhaite reconquérir, ou un simple accomplissement personnel ou don de soi ? Lioret laisse beaucoup trop de clés de compréhension dans le vague. Ou plutôt, il délaisse les points d’identification, qui auraient été utiles au spectateur, au profit de la fable, du conte post-moderne,….noir.

 

Firat Ayverdi. Guy FerrandisDiamétralement, le cercle est rompu entre le don de soi et l’ambition de paraître changé en mieux, auprès de son ex-femme. Ce qui renvoie le spectateur dans les esclandres d’un homme, qui se ronge jusqu’à l’os parce qu’il en fait trop. Les instants de mièvrerie surfent beaucoup trop la même vague que ce projet de traversée rêvé par le jeune kurde. Traverser la Manche en 10 heures ! Si le maître-nageur que campe Vincent Lindon dit que c’est infaisable, alors pourquoi un jour revenir sur cette conviction d’une façon aussi inespérée. Pour faire croire à ce jeune qu’il a le droit de rêver ? Ou l’accompagner encore un moment, faute de solitude et tiraillement intérieur ?

 

Vincent Lindon et Firat Ayverdi. Guy FerrandisPourtant, tout allait bien avant l’arrivée de ce jeune réfugié. Entre ce maître-nageur et son ex-femme, c’était devenu copain-copine, « bonjour, ça va j’espère ? » mais aussi, « non j’ai une autre vie maintenant ». Bizarrement, son entraide envers ce jeune débloque en lui un désir de rapprochement intime avec celle qu’il a aimé et qu’il voudrait retrouver. Mais pourquoi Philippe Lioret ne parvient-il pas à nouer ces deux trames scénaristiques ? Welcome en ressort comme amputé, comme combinant deux histoires en une, et dont le message commun se voudrait pacifique, tout en passant par le portrait et la photographie non cliché, du nouveau sort des réfugiés de l’ex-Sangatt. Alors que ce qui ressort comme compréhensible c’est que ce maître-nageur veut retrouver sa femme, et qu’il emploie la méthode destinée pour, d’un côté. Et que de l’autre côté du scénario, il ne sait même pas pourquoi il aiderait ce jeune kurde sans cette raison là… Scénario ô combien bancal, que Lioret n’améliore pas de par sa volonté de suggérer.

 

Derya Ayverdi. Guy FerrandisLe portrait lugubre de Calais ressort comme complaisant, mièvre voire amoureux de ses habitants de l’ombre, de la nuit, de ses taudis, son port et autres soupes de la faim. Comme si cette photographie amère et sombre, pouvait suffire à étayer la thèse de ce maître-nageur ayant appris à un jeune réfugié à nager pour se donner bonne conscience. C’est linéaire et tortueux à la fois comme scénario, c’est vrai, c’est clairsemé de grands moments d’interprétations chez Lindon, encore une fois c’est vrai, mais cela ne mène nulle part autre que dans de l’utopie, de la fable, de la contine noire.

 

Vincent Lindon et Audrey Dana. Guy FerrandisCe qui ramène à considérer les atermoiements de Eric Besson, comme une erreur d’interprétation de l’œuvre de Lioret. Mais aussi malheureusement, ce qui ramène l’ensemble du film Welcome, au rang de petit film de société, rongé par les rêveries compassionnelles et positives. Quand le grand cinéma doit permettre de s’identifier au personnage principal, Philippe Lioret faillit déjà, au commencement, quant à nous faire croire que ce maître-nageur aide un réfugié pour les bonnes raisons. Dommage. 

Il reste  ce courage pris à deux mains par Philippe Lioret, que de photographier sans clichés aucuns,  le devenir de l'ex-Sangatt, et de porter à bout de bras, aussi haut qu'il le peut à l'encontre des tabous de la politique,  les rêves des réfugiés fuyant la misère ou la guerre vers une France qu'ils érotisaient jusqu'à leur arrivée !



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Nico (Andrew Davis -1988)

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Steven Seagal. Collection Christophe L. Avec Nico, Steven Seagal se fit une grande place dans le cinéma d’action de la grande époque (1985-1995). Cet ancien garde du corps de personnalités, ceinture noire d’Aïkido, Kendo et Karaté, et de surcroît expert en Kung fu et Taï chi, apporta une innovation au plan de la chorégraphie des combats : avec Seagal ça castagne jusqu’à franchir la barrière tape à l’œil du bras sectionné à l’articulation « bras-avant bras », du genou tordu dans le sens contraire à la normalité, du nez enfoncé dans la boîte crânienne ou encore du dos cassé en deux afin que la moelle épinière soit sectionnée. Après ce petit cours de médecine, il conviendrait d’être moins vulgaire et de parler un peu plus de ce film…


Pitch                  un ancien membre de la CIA, spécialiste des arts martiaux et devenu policier à Chicago, affronte un réseau de trafiquants d'armes. Mais il se rend compte très vite que ce réseau est lié en sous-main à la CIA, dont des agents lui mettent des bâtons dans les roues. Il va découvrir les débordements éthiques et politiques des services secrets américains, contre quoi il va employer des méthodes expéditives.

Nico a tous les atouts du film d’action de la grande époque : avec un gentil pas si gentil que cela quand on le cherche, avec une cause perdue que celui-ci entend défendre au plus haut point, avec un méchant ayant la gueule de l’emploi, avec une ribambelle d’ennemis (souvent naïfs). A ceci près que Nico dispose d’un scénario...eh oui…c’est possible. Aussi petit soit-il son script n’est pas inexistant pour autant. Mélange de polar et de règlements de compte musclés, Nico peut être modestement érigé en porte-drapeau du film d’action. D’abord parce qu’il oppose Steven Seagal à la CIA, aussi parce qu’on le sent plus concerné par l’intrigue que dans les films d’action qu’il fera par la suite (normal il est producteur et scénariste du film).

Steven Seagal. Collection Christophe L.Mais son jeu d’acteur est affreusement limité, et son enquête policière est simpliste comme pour donner la primeur à la voix des poings. Si Seagal confirmera ses bonnes prédispositions de combattant dans Echec et mort, Désigné pour mourir (les 2 en 1990), Justice Sauvage (1991), ou encore Piège à grande vitesse (1995/ son apogée), il confirmera aussi qu’un ancien garde du corps haut placé ne peut pour autant se placer en haut de l’affiche du 7ème Art. Il faisait vendre dans des années 90 friandes d’action, mais son self-defense se mit petit à petit et resta pour de bon dans l’ombre de son jeu d’acteur monolithique. Ce n’est pas pour rien si à l’heure actuelle Steven Seagal ne signe des contrats de film que pour des salles obscures spécialisées américaines ou des sorties dvd directes. Sa violence et ses limites d’acteur ne peuvent plus remplir une salle obscure.

Mais considérez Nico comme le film qui l’a révélé (replongez-vous à l’époque), et pour lequel il s’était impliqué sur le scénario (sa meilleure performance d’acteur…limité certes…mais la meilleure). Et considérez ce Nico comme un film d’action presque « de luxe », même s’il a beaucoup vieilli. Andrew Davis a du savoir-faire, ce qui a du gommer les imperfections de Seagal (Andrew Davis a réalisé Le Fugitif en 1993, 7 nominations aux Oscars dont celle de « meilleur film »). Nico restera comme un aspirateur des idées de scénario des action movies des années 90, avant à son tour, d'être dépassé pour de bon.



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Et au milieu coule une rivière (Robert Redford -1993)

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Robert Redford conte cette histoire intime, cette destinée familiale aussi simple que l’eau de la rivière qui a bercé l’enfance de deux frères, …et fait du Robert Redford : placidité, pauses contemplatives et lenteur du scénario.

Pitch                                                            

L'histoire de deux frères originaire du Montana, Norman (Craig Sheffer) et Paul Maclean (Brad Pitt), élevés au début du XXè siècle sous le signe de la religion presbytérienne et de la pêche à la mouche, deux disciplines d'une égale rigueur qui façonneront leur vision du monde.

 

S’il est une force irréprochable dans ce film, c’est bien la photographie. Les images sont parfois splendides, parfois tellement léchées que Redford semblerait s’en contenter. Le visuel ne fait hélas pas tout. Cette fameuse rivière qui coule au milieu d’une famille, ne parvient jamais à incarner le troisième homme du scénario. De même que peinent à incarner l’intimité, les deux interprètes principaux. Le portrait de cette famille protestante pratiquante souffre quant à lui d’absence totale de rebondissements, d’éléments perturbateurs dirait-on. Car il s’agit d’un manque d’élément perturbateur au sens premier, dès lors que Redford dispose au cinéma une œuvre originelle écrite. Or, si une œuvre écrite peut se passer, éventuellement d’éléments perturbateurs, au cinéma l’ennui guette dans ce cas de figure.

 

Cette contine d’un homme qui a perdu les siens, est saupoudrée de mièvreries parfois, mais c’est sans compter sur la rareté de ce genre de films, au sein d’un cinéma américain tenu par les producteurs. Robert Redford proposait en 1993, un film assez formidable, comme les producteurs US n’en auraient jamais accepté le tournage.

 

Une rareté dans le paysage du cinéma américain en soi, que de concevoir pareille pause sensorielle, où le dénuement des quiproquos et intrigues, fait place à l’omniprésense des sentiments renfrognés, des non-dits. Qui plus est au sein d’une famille élevée dans le partage envers les autres, mais dans la pudeur du partage des sentiments. Paradoxe relativement poignant que de voir cette rivière permettre justement ces quelques prudes rapprochements. Mais dans l’ensemble, ce genre de films est une simple pause, tantôt divertissante, tantôt ennuyante, avec au beau milieu de ces deux facettes : une rivière magnifique toute en symbolique.




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Gran Torino (Clint Eastwood -fév09)

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Clint Eastwood. Warner Bros. FranceDoua Moua, Bee Vang et Elvis Thao. Warner Bros. FranceClint Eastwood et Bee Vang. Warner Bros. FranceClint Eastwood, Bee Vang et John Carroll Lynch. Warner Bros. France

Clint Eastwood, Bee Vang, Ahney Her et Brooke Chia Thao. Warner Bros. FranceBee Vang et Clint Eastwood. Warner Bros. FranceAhney Her. Warner Bros. FranceClint Eastwood. Warner Bros. France

C’est un plaisir timoré qui convient pour décrire le fait de revoir le grand Clint devant la caméra. Il a pris un coup de vieux, ce qui, au début du film fout un coup de nostalgie avéré : cela me fera assez mal que de voir un tel géant partir un jour. Le film commence peut-être par une séquence d’enterrement, mais il respirera la vie à plein nez jusqu’au bout…


 

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Warner Bros. FranceGran Torino est un titre un peu surfait, un peu celui qu’on donne, modestement lorsqu’on ne sait pas trop, à l’élément perturbateur du scénario. Ce gamin qui est pris la main dans le sac en train de lui voler son souvenir des années « Fordistes », a du coup la tête des mauvais jours. Pour le vieux grincheux de Walter (Clint Eastwood), qui souffre d’avoir eu en face de lui pendant toute la Guerre de Corée des « bridés » comme lui, comme il dira à maintes reprises, ce coup là est un coup de plus au moral, après la perte de sa femme. La gueule des mauvais jours, la bronca ronchonnante, ce vieux-là aux yeux vissés sur son chien fidèle et sa Gran Torino 1972 dernier modèle, n’a plus que le passé pour se faire avancer un pas devant l’autre.


 

Clint Eastwood. Warner Bros. FranceEntre son balai…pour nettoyer les salissures laissées par sa famille le jour de l’enterrement, son frigo à bières fraîches pour enfouir un peu plus son aigreur et le tuyau d’arrosage pour reluire le bolide auquel il prétend avoir posé le train directement sur la chaîne de montage, en cette belle année 1972, le vieux Walter est le dernier dans sa maison, et définitivement bien seul. Une décennie était passée entre l’achat de son bolide chez son patron, et sa corvée de 3 ans passés en Corée, qui l’ont tellement abîmé qu’il confond le peuple Mong originaire de Thaïlande, Laos et actuel Cambodge…avec ses ennemis d’avant.

 

Clint Eastwood, Bee Vang, Ahney Her et Brooke Chia Thao. Warner Bros. FranceLes insultes fusent autour de son gazon mitoyen avec celui de cette famille Mong, qui bien qu’ayant été pourchassée par les communistes d’Asie du Sud-Est, ne trouve toujours pas leur place en tant que voisins. Quelque chose qui dérange. Il faut dire que celui qui n’est plus à sa place, c’est plutôt lui : il est le dernier « blanc » d’un quartier de périphérie urbaine, où les maisons en bois mitoyennes sont le seul rapprochement entre les voisins, tous asiatiques. La grimace des mauvais comme des beaux jours, le grincheux ne supporte plus grand-chose, et rumine dans sa barbe jusqu’au jour où sans vouloir agir bien, il agira…dans le bien : aux yeux de ses voisins et à sa propre barbe à lui seul l’égoïste ronchonnant.

 

Clint Eastwood. Warner Bros. FranceLe rapprochement sera alors méticuleusement coordonné par Clint Eastwood à la caméra et face caméra, pour un double emploi qui décidément donnerait un coup de vieux à n’importe quel jeune réalisateur en vogue actuel. Clint. Malgré son âge, il rend une belle copie au plan technique, tout juste ce qu’il faut pour faire se tisser doucement des liens de fraternité entre son personnage et des voisins que tout séparait à première vue, hormis l’hospitalité et la bonté de ces voisins. Les guerres d’Indochine puis du Viêtnam, ils ne l’ont pas fait, ils sont trop jeunes, mais s’ils sont là aujourd’hui en Amérique, c’est parce que leurs ancêtres sont parvenus à fuir le joug communiste. Et cet ennemi là, le vieux Walter s’en rappelle aussi, visiblement davantage.

 

Clint Eastwood. Warner Bros. France

Sur un scénario du duo Nick Schenk et Dave Johannson, Gran Torino est un film au bonheur simple, mêlant la difficile acceptation de la différence de générations, à celle finalement moins rugueuse de la différence culturelle. La photographie est simple, le montage et les travellings ne sont certes pas à l’image de la Gran Torino, mais qu’importe ! Clint Eastwood fait plaisir à voir endosser pareil rôle.

Clint Eastwood et le directeur de la photographie Tom Stern. Warner Bros. France


Les deux jeunes acteurs Bee Vang (Tao) et Ahney Her (PHOTO / Sue) offrent une vraie répartie à l’expérience énorme de Clint. Ce trio permet au spectateur d’apprécier un vrai moment de cinéma : celui qui part d’un constat ordinaire pour proposer des envolées fraternelles et des bonheurs simples. Comme le cinéma US s’en est tant éloigné depuis deux décennies, hormis les moments de bravoure permis actuellement par les anciens acteurs reconvertis à la réalisation (Sean Penn entre autres) ou les anciens tourneurs de spots et vidéoclips comme Michel Gondry ou Paul Thomas Anderson.

Ahney Her. Warner Bros. France


Les instants de vie, les rencontres de parcours, au cinéma, qu’ils soient bons ou mauvais, restent une valeur sûre à ne jamais oublier. A 79 ans, Clint Eastwood a encore fait le métier, enchaînant cette réussite comme réalisateur-acteur sur la réussite même de L’Echange. C’est-à-dire vite et bien. Chapeau bas l’artiste !

Clint Eastwood et le directeur de la photographie Tom Stern. Warner Bros. France

 

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Into the Wild (Sean Penn -2008)

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Sean Penn, Eddie Vedder (Pearl Jam), Emile Hirsch et Eric Gautier ont, à eux quatre, réalisé un formidable objet de cinéma. Ode à la solitude et victimisation virulente de la société aseptisée néo-capitaliste, Into the Wild raconte l’histoire vraie d’un idéaliste, qui ayant accepté jusqu’à son diplôme de fonctionner selon les règles de ses parents, décide de tout plaquer pour mener son corps et son esprit jusqu’en Alaska.

 

Emile Hirsch. Paramount VantageChristopher McCandless (Emile Hirsch)  empruntera en 1990 une marche d’est en ouest, puis du sud au nord-ouest des Etats-Unis, avant de s’aventurer dans le grand Alaska. Découpant sa carte de crédit, brûlant les traces de son passage parmi les consommateurs du capitalisme, il se baptise lui-même comme apte à se lancer là où le mènent ses idées. Des idées sur tout, surtout des idées qui font de lui un idéaliste, c’est-à-dire forcément seul à dire tout fort ce que tout le monde pensent. Plus il avance, plus il rencontre de nouveaux êtres qu’il surprend, et qu’il aime à surprendre.


Se gargarisant du regard approbateur des êtres qu’il rencontre, cet égaré devient un bandit de grand chemin à l’encontre de lui-même : se coupant de ses origine, il pense obtenir une planche de salut pour ses idées d’un nouveau genre…pour un nouveau monde. Un monde où, au bout du compte, il finit de plus en plus seul, de plus en plus livré à lui-même, corvéable de ses idées et idéaux.

Emile Hirsch. Paramount VantageSean Penn réussit avec son directeur-photo, Eric Gautier, un véritable champs de force autour du scénario. Les grands espaces deviennent des symboles de liberté puis des pièges aussi mystérieux que ces chouettes que le jeune idéaliste ose affronter d’un regard persistent. La voix off du jeune homme, concentrée en messages forts, vient habiller puissamment un fond de scénario parfaitement autonome. Sean Penn prouve une fois encore que son cinéma à lui, est celui du militantisme qui ne s’impose pas de lui-même, mais se pense, se vit. A ce titre, son Into the Wild ne garde certes pas ses idées pour lui, mais il ne les impose pas aux spectateurs. Mais ce n’est pas non plus un film contemplatif ou passif.

Les rencontres sont ce qu’elles sont, notamment ces hippies dont il ne peut éviter l’écueil, au cœur du long-métrage, mais elles ne sont pas imposées non plus. Le montage fait en sorte que les instants de rencontres desservent en bout de course, en bout de plan-séquence, une idée sur cette nouvelle vie que tout le monde rêverait pour eux, mais n’osent avouer aux autres. Lui, cet idéaliste le dit haut et fort lorsque la rencontre lui semblera sincère, mais cette dernière restera elle-aussi sans aucunes traces de son passage. Il efface tout derrière lui, s’enfermant dans ses idéaux qui rendent admiratifs le peu de gens qu’il croise, et pensera être gargarisé pour affronter le grand Nord.

Jena Malone et Emile Hirsch. Paramount VantageUne région où son avenir n’aura strictement rien avoir avec le moule aseptisé qui a déjà brisé la liberté morale de ses parents. A ce titre, vivre selon leurs vœux, leurs désirs, ou encore vivre comme eux l’ont fait, serait, semble-t-il une souffrance aussi inutile que terrible pour ce jeune Christopher McCandless, qui a déjà tout plaqué, et qui s’est refusé à la grande Harvard : terrible moule aseptisant les futures élites des USA.

Avec l’Alaska autour de lui telle une prison dorée, son idéalisme le condamne à la solitude, celle des miséreux vivant seul pour devenir plus fort. Chose à différencier irrémédiablement de la marginalisation. A ce titre, Sean Penn appuie sur cette difficulté de ne jamais vraiment pouvoir saisir son destin, qui lorsqu’il est jalonné d’êtres rencontrés, peut rendre aveugle au point de se perdre soi-même hors des sentiers battus.

 

Emile Hirsch. Paramount VantageSoufflent alors sur Into the Wild les grands vents de Jeremiah Johnson, comme le grand air libertaire de Easy Rider était soupçonnable dans son début de parcours initiatique. Se suffire à soi-même : l’ultime pied-de-nez à une société de consommation qui selon le jeune homme, marche sur la tête. Le rêve peut tout aussi bien devenir un cauchemar. Le vécu de Jeremiah Johnson est là pour rappeler que Dame Nature ne s’apprivoise jamais, car c’est elle qui nous dompte tous ! Eddie Vedder, le chanteur à la voix rocailleuse de Pearl Jam, prends alors toutes ses aises, pour conter une ode à la solitude empreinte de sagesse de l’esprit, mais point du corps…

Voyez et écoutez par vous-même, dans cette extrait :

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Profession Profiler (Renny Harlin -2005)

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Gaumont Columbia Tristar Films
M
ême si la présence de Kathryn Morris (Cold Case) et  du dynamique LL Cool J sont là, je me demande bien quel est l’intérêt d’aller voir Profession Profiler dans une salle obscure. Ce genre de film sort en général directement en dvd. Oui mais voilà ce film est réalisé par Renny Harlin, l’un des piliers du cinéma d’action de la grande époque. Et il y a aussi Val Kilmer et Christian Slater au casting. Peut être…mais Renny Harlin ne peut pas gommer l’interprétation des autres acteurs, qui sont bas de gamme, ni bonifier son œuvre grâce à Kilmer et Slater puisqu’ils ne sont présents à l’écran que 15 minutes cumulées tout au plus…..à deux !

Pitch                                                        Christian Slater. Gaumont Columbia Tristar Films

Une dizaine de prétendants à l’intégration au FBI sont emmenés sur une île où ils devront réussir un test  grandeur nature et cadre réel : résoudre une enquête de type profiling sur l’assassinat d’un mannequin de cire. Le problème est que l’un d’eux est tué…pour de vrai cette fois-ci….. Puis un deuxième est tué. Ils sont pris de court par un tueur qui ne laisse comme seules traces que celles annonçant l’heure de la prochaine victime, via une montre placée sur le corps de la victime précédente. L’effectif des apprentis profiler diminue comme peau de chagrin…

Si Renny Harlin avait prouvé ses qualités de réalisateur de film d’action, avec 58 minutes pour vivre (1989) puis Cliffhanger (1993) il n’a jamais pu égaler ses deux performances, et il a peut être laissé toutes ses forces dans son mariage raté avec la comédienne Geena Davis, qu’il fit tourner dans des films qui échouèrent au box-office : l’Ile aux pirates (1995) et Au revoir à jamais (1996). Fermons cette parenthèse.

Signant depuis lors des films que l’on peut qualifier « pour jeunes cinéphiles », LL Cool J. Gaumont Columbia Tristar Filmsou alors pour "dvdvores d'action movie", comme l’ersatz des Dents de la mer, Peur bleue (1999) ou le film sur la Formule 1 Driven (2001), Renny Harlin a définitivement sombré avec L’Exorciste : au commencement, et ce, malgré la franchise juteuse que pouvait représenter « l’exorciste » et outre l’effet médiatique qu’elle pouvait avoir à elle seule. Avec Profession profiler, Renny Harlin confirme qu’il sait filmer au couteau, qu’il a du savoir-faire derrière la caméra et du rythme dans la mise en scène, avec quelques scènes ayant un très bon rendu à l’écran, comme celle de la cigarette pleine d’acide sulfurique qui tue de l’intérieur une pauvre jeune femme. Ou encore la séquence du gun-fight dans la piscine aux limites de l’ersatz du "bullet time" de Matrix. LL Cool J (photo) est quant à lui dans un rôle qui lui colle bien à la peau.

Gaumont Columbia Tristar FilmsMais c’est sans compter sur un scénario axé action au détriment de la mise en valeur du suspense : en clair les apprentis agents du FBI subissent tout le temps sans jamais élucider quoi que ce soit ni avoir un seul petit indice. On tombe ainsi dans un thriller gore aux limites du film d’horreur de série B, avec ses traditionnels déchets d’élocution et de jeu d’acteur… Cela dit, c’est souvent davantage la faute au scénariste qu'au réalisateur, voire  aux producteurs qui, à l’heure actuelle imposent leur loi., spécialement dans les actions movies.

Renny Harlin. Gaumont Columbia Tristar FilmsRenny Harlin n’est effectivement pas producteur sur ce film. Val Kilmer et Christian Slater sont à l’affiche ??  Et bien oui et non !  Slater et Kilmer ont des rôles très ridicules au regard de leur talent et ils semblent n’être en haut de l’affiche que pour booster le film en touchant un petit chèque personnel au passage. A eux deux réunis on ne les voit que dix, quinze minutes cumulées. J’appelle les producteurs de film à cesser de placer les stars à petits rôles en haut de l’affiche ou en tête de générique lorsqu'ils ne servent à rien dans le film. Quant à Kathryn Morris, elle est aussi ténébreuse que dans Cold Case, mais ce genre de début au cinéma reste regrettable pour elle.



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