Amen. est en quelque sorte la libre adaptation
cinématographique du dramatique jusquau bout des ongles livre Le Vicaire,
de Rolf Hochhuth, qui fit scandale lors de son adaptation théâtrale en 1963.
Les temps ont changé certes, mais Costa-Gavras a provoqué scandale tout de même
à la sortie dAmen., notamment en associant le Vatican et le Nazisme autour du
même thème : celui de lHolocauste.
Pitch
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Kurt Gerstein, un officier SS
allemand, épaulé par un jeune jésuite, Ricardo Fontana, tente d'informer le
Pape Pie XII et les Alliés du génocide des Juifs organisé par les nazis dans
les camps de concentration.
Le scandale commença avant même la sortie dAmen. :
le photographe italien Olivieiro Toscani, responsable
entre autres des campagnes-choc pour Benetton, a conçu une affiche pour le
moins amalgamant, notamment avec ces trois couleurs communes aux nazis et au
Vatican.
Costa-Gavras adapte, et donc il a choisi librement langle de lecture qui
lui sied. Lamalgame est en définitive réel, entre la fiction dramatique Le
Vicaire et lhistoire vraie de Kurt Gerstein, ingénieur et médecin évangéliste
sétant opposé puis résolu à rejoindre le camp nazi, entre 1933 et 1941, année
de début du plan SS délimination systématique des Juifs dEurope. Seul ce
personnage principal, Kurt Gerstein, interprété par Ulrich Tukur a réellement
existé : celui qui ne cessa plus, dès sa prise de conscience, d'alerter
les représentants des Eglises chrétiennes et des Alliés sur le génocide et
tente de rencontrer le nonce du Pape. A la fin de la guerre, il est fait
prisonnier par des Français à Rottweil où il rédige son Rapport Gerstein.
Transféré à Paris, il est accusé de crimes contre l'Humanité. Il est retrouvé
pendu dans sa cellule en juillet 1945.
Le rôle
campé par Mathieu Kassovitz est un simple entremetteur, issu du livre Le
Vicaire, un père jésuite. Il permet en quelque sorte dassocier deux
lectures de lHolocauste et des implications et partis pris : la lecture
nazie, la lecture vaticane. Entremêlant ainsi, si on lassocie à lingénieur
Gerstein, les partis pris par les « forces et phénomènes » chrétien,
nazi, mais aussi du point de vue de lintérieur des exécutants nazis et de lintérieur
du Vatican autour du Pape Pie XIII. Ce qui laisse à la vue du spectateur un
sentiment de trop-plein dexagérations dramatiques, ainsi quune pauvreté artistique
laissant une trop grande place aux bavardages.
Le
réalisateur Costa-Gavras avait pourtant déjà abordé, en mieux, le thème des Nazis
dans plusieurs de ses films : Section
spéciale, Music Box, Un
homme de trop. Dans ces derniers au moins,
Costa-Gavras était parvenu à partiellement rendre la vue sur la version du terrain. Costa-Gavras a travaillé avec la crème des interprètes allemands : Ulrich Tukur et Ulrich Mühe interprètent respectivement Kurt Gerstein et le Docteur. Le grand intérêt
du film réside là, Ulrich Mühe et son talent nous ont à ce titre quitté bien
trop vite, lui qui interprétera quelques années après, le rôle de lespion dAllemagne
de lEst qui maniait lécoutille téléphonique jusquà se rendre compte de labjection
de sa mission et de la procuration intense vers laquelle sa vie le menait.