Expendables veut dire « remplaçables »
en anglais. Les remplaçables ici, sont des soldats délite partant pour une
mission suicide. Il y a une idée de sacrifices pour une cause plus haute, une
idée de piège : être utilisés une ultime fois. Sauf que les acteurs qui
incarnent ces « remplaçables », sont des stars parmi les acteurs de
films daction. Mais ça tombe bien :
le genre est mort au milieu des années 1990 par la faute de Bruce Willis
(tiens, tiens
mais il joue dans Expendables !).
Pitch
Ce ne sont ni des
mercenaires, ni des agents secrets. Ils choisissent eux-mêmes leurs missions et
n'obéissent à aucun gouvernement. Depuis dix ans, Izzy Hands, de la CIA, est
sur les traces du chef de ces hommes, Barney Ross. Parce qu'ils ne sont aux
ordres de personne, il devient urgent de les empêcher d'agir. Eliminer un
général sud-américain n'est pas le genre de job que Barney Ross accepte, mais lorsqu'il découvre les
atrocités commises sur des enfants, il ne peut refuser.
Stallone aurait décidé de
resservir la soupe aux jeunes générations tout en accompagnant celle-ci, sur le
bord de lassiette, dune bonne vieille miche de pain à lancienne. Lintrigue,
dans le fonds, est typique des films dactions des années 80 : une CIA à
deux visages (Steven Seagal avait eu bien des surprises dans ses films avec ces
agents de lombre), un boss à trucider parmi les plus inflexibles et « méchants »
(Eric Roberts), une belle nana prise en otage faisant office de princesse à
délivrer dans le château des « méchants », des gros bras, un triptyque
drogue, milice, argent qui place les enjeux entre plusieurs canons de
revolvers, et enfin des gentils.
A ma gauche sur le ring, Dolph
Lundgren ironise sur son sort actuel, lui qui reste les pieds dans le ciment
des transfuges de larmée prêts à accepter des contrats pour sauver la veuve et
lorphelin dans les bornes dvd (The Mechanik ; Direct Contact). A ma
droite sur le ring, un Jet Li multiple champion du monde de Wushu, a été révélé
au monde dans Lethal Weapon 4, lorsquil faillit renvoyer Martin Riggs à ses
crayons pastels et ses feuilles Canson en imposant larchétype de lennemi
asiatique à des policiers jusque-là habitués à de la baston poings-poings et
point ! Repéché dans les poules consolantes du cinéma asiatique (Fist of
Legend, Il était une fois en Chine II), par Luc Besson, Jet Li plastronne tout
un commissariat dans Le Baiser mortel du dragon, notamment avec une séquence
finale placée sous le signe bien rouge, de la prise du
dragon ; il tente
de percer comme un acteur qui sait se battre mais qui ne veut plus se battre pour
être pris au sérieux en tant quinterprète dans Danny the Dog. Ça na pas
marché : il retourne chez sa mère et enchaîne des grosses productions bien
de chez lui. Jet Li nest pas mort, cest juste quen Amérique et en Europe, le
public a saturé.
Devant moi sur le ring Jason
Statham révélé dans Arnaques, crimes et botanique. Un ancien plongeur olympique
qui sest habitué à foutre des tartes pendant longtemps, ayant signé pour les
trois Transporteur de Luc Besson (encore Luc Besson !), tout en sauvant le
mythe de la déconfiture de Chuck Norris vs Bruce Lee, dans Rogue face à Jet Li,
ou en jouant des coudes avec Wesley Snipes dans Chaos (Wesley Snipes sera-t-il
du prochain Expendables dailleurs ?).
Derrière moi sur le ring
Sylvester Stallone, dabord culturiste puis une fois acteur de charme, létalon
italien lappelait-on encore dans les premiers Rocky. Rocky, ah les Rocky. Si
Stallone na rien, il a su sécrire son rôle de Rocky pour percer pour de bon.
Depuis Stallone a été de toutes les guerres : les asiat dans Rambo ;
les jeunes adolescents qui sattaquent aux avortons les plus faibles dans Over
the top Bras de fer ; un directeur de prison dictateur dans Haute Sécurité ;
un commando de faux alpinistes dans Cliffhanger ; mais aussi du feu des
cendres et des larmes dans Daylight (son combat le plus difficile !)
; des ripoux dans Cop Land ; des écuries et pilotes de F1 dans Driven. Quelques
détours où il a couru après les ombres de ce quil incarnait au cinéma (Get Carter,
Compte à rebours mortel). Mais Sly s'était très tôt initié à la réalisation à travers
les Rocky et Rambo. Avec Expendables, il
comment dirais-je, il filme, quoi : vue de nuit d'une ville illuminée dont le rendu visuel est flou, un joli vol doiseaux
qui vient gâcher la séquence de la pose de lhydravion, une entrée en matière
comme pixellisée, quelques difficultés à filmer les bastons.
A la réalisation Sly fait ce
quil peut, semblant dire que lessentiel est ailleurs. Pour Expendables
je suis daccord avec lui : il impose en effet un fonds qui ne se prend
pas la tête mais qui, au contraire, se joue de ce genre cinématographique
malade den avoir trop fait, trop montré. Et puis Sly sait sentourer :
rien que pour le clin dil, la réunion secrète entre Schwarzenegger, Bruce Willis
et Stallone dans léglise fait rire. « Oh laisse-le il veut devenir
Président ! », lance Stallone à propos dun Schwarzy qui refuse la
mission suicide. Et ce Bruce Willis qui reprend son rôle darbitre entre
Schwarzy et Sly, comme du temps où les Die Hard écrasèrent les deux stars dun
coup dun seul au milieu des années 90.