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MARS ATTACKS ! (Tim Burton -1997)

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-Aucun pitch, aucun avant-goût…juste une critique aussi caustique que le film !-

 

Cette critique va être du grand n’importe quoi, et sera donc à l’image du film ! Avec Mars Attacks, Tim Burton a décidé d’être moqueur, et ce, à coup de satire et d’humour noir. Tournant en dérision les films de SF et autres films ‘‘catastrophe’’, mais aussi toute une époque et toute une civilisation….Tim Burton est un peu l’hôpital qui se moque de la charité ! Car Burton a toujours su créer des mondes parallèles et les rendre crédibles à l’écran. Mais là, il ose se moquer de la civilisation américaine post-industrielle, qui sous la guerre froide amalgama petit à petit la peur des communistes avec la peur d’une existence extraterrestre, et qui finit par voir les gouvernements des années 50 et 60 financer des programmes de recherche pour déceler dans l’univers et sur terre une quelconque présence inhumaine. Tim Burton passe un coup de chiffon là-dessus, avec ironie : le commandeur général de l’armée américaine gueule au président US Jack Nicholson qu’il « faut les niquer, faut les atomiser » à coups de régiments, d’avions, de chars et de bombe nucléaire, comme s’il parlait de la peste bolchevik. Jack Nicholson fait alors un topo sur la bombe nucléaire, qui fait sourire en parlant d’une image de marque des Etats-Unis à faire perdurer et en parlant d’une bombe nucléaire qui ne sert à rien, à part dissuader... Et quand le missile à tête nucléaire sera lancé sur le vaisseau mère des martiens, ces derniers vont sortir un petit engin qui va percuter le missile, le faire exploser, puis ils vont aspirer dans un kalumé de la paix toute la fumée nucléaire, non sans ressentir les effets comparables à celui d’un shoot (yeux en l’air, ricanement, sourire ahuri). Et finalement, Tim Burton ose se moquer de lui-même, de la SF qui l’a fabriqué depuis tous petit. Un cinéaste que ce Tim Burton, même sous couvert d’un film bien gentillet, bien naïf, mais tellement moqueur dans le fond !


Le film est drôle dans son ensemble car c’est la rencontre de deux mondes, deux mondes de nigauds et de benêts. Avec des politiques naïfs et cireurs de pompes, et des martiens qui tirent sur tout ce qui bouge ou qui fait du bruit : oiseaux en cage et chiens gentils compris. Ils font les beaux pour se faire inviter dans les conseils, les ambassades et les plateaux télé. Pendant 10 secondes ils font l’air d’entamer les pourparlers de paix et hop…ils dégainent leurs flingues lasers et décapitent l’élite de ce monde d’un coup d’un seul, non sans ricaner macabrement. On se met alors à rigoler de la naïveté dans laquelle Tim Burton dépeint les politiques des années 50 et puis tout s’enchaîne dans un grand n’importe quoi.

Ces martiens ont une apparence ridicule, avec une grosse tête soutenue par un petit corps de minus. Il y a ce boxeur de 2 mètres qui se voit lancer un défi par le chef des martiens, qui est pourtant haut comme trois pommes. Le boxeur lui met quatre droites dans le scaphandre, qui se fendille puis se brise en milles morceaux, le martien vacille, avec les yeux complètement hagards puis se relève prêt à en découdre…..voyant leur chef mal en point la trentaine de martiens se jettent sur le boxeur en tapant comme des imbéciles, avec leurs petits bras de rien du tout et en piaillant comme des canards.

Il y a aussi ce courageux Tom Jones qui campe son propre rôle de chanteur de charme. En plein concert la lumière s’éteint puis se rallume. Lorsqu’elle se rallume les trois choristes ont disparu et trois martiens sont en train de danser à leur place. Et puis, même son de cloche, ils flinguent tout le monde bêtement, étant donné qu’ils tuent des saxophonistes, des guitaristes et des spectateurs innocents et sans danger pour eux (lol). Tom Jones se barre en courant, en criant : « qu’est ce que c’est que ce bordel ! ». Les spectateurs savent-ils se qui se passe ? Burton se moquerait-il aussi de nous ?

Les martiens trouvent la faille ultime de l’homme : la « bombe sexuelle ». Tim Burton s’amuse alors à ironiser sur le mythe de la archi-connue "Vénusienne". On voit débarquer une vraie-fausse femme, physiquement irrésistible mais humaine qu’en apparence, cachant un cœur d’extraterrestre. Grâce à elle les martiens parviennent à s’immiscer dans la Maison Blanche. Il y a aussi ces essais médicaux tentés par les martiens sur Pierce Brosnan et Sarah Jessica Parker : le premier perd son corps et n’a plus que sa tête pour penser, la seconde voit sa tête être greffée sur le corps d’un chien. Brosnan, alors dans sa période james bond, profite d’une bonne occasion pour ironiser sur son habituel image de sauveur indestructible. A l’image de Tm Jones, lui aussi a eu du cran !



Les séquences de destruction extraterrestre, de soucoupes volantes et de fusillades lasers sont plus que potables, Tim Burton n’a effectivement pas fait le choix de la dérision totale. Les amateurs de SF peuvent donc apprécier le film. Le ton décalé de Burton fait tout le reste du travail, avec ses plans qui en disent long, comme celui où Jack Nicholson fini à terre au centre du logo du globe terrestre et avec une flèche se finissant en un drapeau dessinant une montagne. Le président américain est mort, ça y est, les martiens se croient sur le toit du monde (lol).

Au regard des films que j’ai vu je pense que Mars Attacks ! est le plus grand film comique de science-fiction. Mais c’est impossible de le classer comme seule comédie, ou comme seule SF. C’est un tout monobloc très bien réalisé, très bien pensé, fonctionnant donc en une alchimie parfaite. Au casting : Jack Nicholson, Michael J.Fox, Pierce Brosnan, Sarah Jessica Parker, Natalie Portman, Glenne Close, Annette Bening, Danny deVito, Tom Jones ou encore Pam Grier. Autant de beau monde qui prouve une chose : le projet de Tim Burton a beaucoup plu et a fédéré ! De toute façon bien des acteurs américains se battent parfois pour obtenir des rôles dans ses films.



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MYSTIC RIVER (Clint Eastwood -oct03)

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Avis    mystic River devient alors l’un des films chorals les plus complets, dépassant sans doute Sleepers via son côté « enquête » très pointu, et surtout via cette invitation faite au spectateur de ne pas prendre partie pour l’un ou l’autre, avec ce phénoménal souci de rendre intemporel une œuvre qui partait modestement par un vulgaire fait divers. Warner Bros. FranceClint Eastwood signait là le premier film inattaquable de sa carrière, l’œuvre d’un maître, parce qu’à contre-emploi de la filmographie thrilleriste américaine, ce fameux contre-emploi de Clint Eastwood qui fait de lui le cinéaste le plus européen d’Amérique. C'est-à-dire le plus emprunt des règles d’or du réalisme du cinéma européen, tout en pouvant y associer des budgets dignes d’Hollywood…

Réal     clint Eastwood souffre encore de lenteurs et de sobriété dans sa mise en scène. Mais c’est finalement peu de mal pour un grand bien : l’humanisation d’une œuvre à la base très américaine. Pour le côté américain, on pense notamment à la choralité du casting, ou encore à un postulat de base réaliste, d’un coup percuté par un fait divers. Mais Clint Eastwood brillera dans cette dramatisation, là où bien de ses confrères et compatriotes échouent bien souvent. Il ne traitera pas ce fait divers en banal fait divers, mais en drame mêlant diverses composantes de la conscience humaine, bien souvent difficiles à capter au cinéma. Alors chapeau ! Sa sobriété commence ainsi à devenir un sérieux atout, empilant de multiples réactions devant un seul et même drame : l’effroi, le sentiment de culpabilité, le travail de deuil, la vengeance biblique et autres renfermements sur soi. Et finalement on se rend bien compte combien la première séquence de ces trois gosses qui tiennent terrain de jeu dans la rue, n’était pas là pour faire jolie. Mais comme gage d’une réelle profondeur scénaristique, propre au grand Clint à défaut de bien de ses confrères américains.

Attention !! ne LIRE ce qui suit QUE SI ON L’A DEJA VU

Extrapolation personnelle du scénar    le grand fil rouge devenant l’innocence perdue à jamais, l’amitié brisée à jamais…Si sa caméra est lente, limite fixée, posée, c’est pour mieux mettre en valeur les réactions des protagonistes directement liés au drame. Avec des interprétations haut de gamme de Sean Penn surtout, qui associera l’effroi à la vengeance, mais aussi de Tim Robbins et Marcia Gay Harden, dont le couple dérivera dans la compassion, la présomption de culpabilité et le délit de faciès à mesure que Sean Penn y verra plus clair dans l’enquête qu’il mène personnellement en parallèle de celle, très officielle, de Kevin Bacon. Sean Penn et Tim Robbins. Warner Bros. FranceOr, et Clint le montre bien dès la première séquence, ces trois hommes étaient amis d’enfance, avec le respect légitime qu’ils se vouaient mutuellement depuis lors. Un drame d’autant plus terrible donc, vient tirailler ces hommes chacun de leur côté, et commence à balayer sur le seuil de la porte de chacun à mesure que le poids de ce meurtre commence à être impossible à contenir. Suspecté d’être suspect, détruit par son image d’enfant à l’innocence évaporée à jamais lors de ces fameux 4 jours de séquestration par deux inconnus pédophiles, Tim Robbins livre alors sa toute meilleure interprétation, parce que plus naturel et moins calculateur quand dans Les Evadés. Parce que servi admirablement par un scénario qui a choisi de faire tourner les méninges du spectateur, voire de le faire tourner en bourrique jusqu’au bout. Son ami d’enfance Sean Penn, animé par ses années délinquances…ne parviendra plus à faire la part des choses entre ce coupable idéal, et idéalisé par les « on dit », et cet ami de jadis. Difficile rôle alors pour Tim Robbins, qui dégage auprès du spectateur l’image d’un homme meurtri à jamais, sans écarter la possibilité qu’il ait vraiment dérapé, à l’image de son enfance tragique à jamais enfouie en lui. Un spectateur qui sent que tout peut déraper dans le tragique pour cet homme déjà terriblement meurtri. Clint brille alors autant que ce Tim Robbins ou que ce Sean Penn brillent, car il fait mener une enquête policière en parallèle de ce drame intimiste, une enquête rendue vraiment intrigante, avec ce professionnalisme affiché par le duo Kevin Bacon/Laurence Fishburne. Clint sublime ainsi son drame initial, et l’intimité de cet effroi partagé par le père (Penn), et le présumé coupable (Robbins), par une froideur rigoureuse de ces deux flics, dont le premier d’entre eux parvient tantôt à faire la part des choses entre sa conscience, sa mémoire de gosse…et ses preuves factuelles, tantôt non. Une enquête qui réussit même à afficher d’autres coupables possibles, ceux liés aux problèmes de délinquance de ce quartier tout entier, dont Sean Penn lui-même n’est pas étranger.

Jeu d’acteurs

Tim Robbins  :):):):)

Sean Penn  :):):):)

Sean Penn. Warner Bros. France

Kevin Bacon   :):):(:(

Marcia Gay Harden   :):):):(



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Je vous trouve très beau (Isabelle Mergault -janv06)

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Avant-goût          Isabelle Mergault s’est attelée à un sujet très délicat et plein de non-dits et de tabous, elle y a brillamment réussi, en mettant en images de manière sobre et sans fioritures son propre scénario plein de qualités (elle était assistée au plan réal quand même, il faut le dire). Car si ça commence comme une comédie populaire…ça finit par surprendre son monde ! On imaginait mal Michel Blanc dans un rôle d’amoureux fou….alors on a d’abord droit a du pur Michel Blanc, en fermier introverti, mais avec des nuances d’acteurs très surprenantes de sa part dès lors qu’il dérivera vers l’expansif de sa personne et de ses sentiments. Le film devient alors touchant !. Ce film est une anti-chambre des films à l’eau de rose, il est plus crédible que les mélos classiques parce que teintée d’une ruralité complexe mais bien retranscrite par la scénariste et réalisatrice Isabelle Mergault.Gaumont Columbia Tristar Films Ne cherchez même pas à faire le lien avec son chiffre du box-office assez moyen (+ de 3 millions tout de même, mais bon ça mérite plus) foncez les yeux fermés sur ce film !  Bien des gens semblent s'être trompés de cible lors de sa sortie ! Préfrant l'anglo-saxon, au français construit et élaboré !!

Pitch          Aymé Pigrenet vient de perdre sa femme. Il est anéanti par le travail qu'il va devoir désormais effectuer tout seul à la ferme. Mais dans son village, la chose n'est pas aisée. Aymé décide très vite de faire appel à une agence matrimoniale. Contrairement aux autres "clients", il ne recherche pas l'âme soeur mais seulement une femme solide susceptible de le seconder à la ferme. Accompagné en Roumanie, Aymé va rencontrer Elena et elle va le suivre jusqu’en France. Il devra engager un combat contre lui-même pour l’accepter comme une aide précieuse à la ferme et un combat contre ses proches et les villageois dont il se méfie des racontars et des rumeurs sur son très court travail de deuil. Pleine d’énergie et de volonté, en plus d’être très attirante, cette étrangère va progressivement être considérée comme le « soleil » de sa vie…

Avis       la première demi-heure semblait vouloir faire rire à coups d’ironie, mais c’était en fait le prélude à du cynisme de très bonne circonstance. Michel Blanc campe un agriculteur introverti, la faute à son travail de tous les jours dans les champs, ne lui laissant que peu d’opportunités de sortir. Son rôle reflète bien la situation commune à bien des agriculteurs-éleveurs de France. A savoir que quand il s’agit de trouver une compagne c’est très délicat : à cause du quotidien passé loin de la ville, à cause du rôle de fermière ou d’assistante que doit revêtir la compagne sur certaines exploitations agricoles les plus isolées et reculées de France (même si aujourd’hui la tendance fait que les compagnes travaillent de plus en plus en ville dans le secteur tertiaire pour ce qui est des exploitations agricoles situées en agglomération des villes). Michel Blanc. Gaumont Columbia Tristar Films Ici Michel Blanc est seul dans une ferme qui lui coûte du temps et qui n’est pas à proximité d’une ville….mais d’un village. Le pari d’Isabelle Mergault est donc de fabriquer une relation intime entre lui et une femme roumaine proposée par une agence matrimoniale. Autant le dire tout de suite, Medeea Marinescu, qui incarne cette Roumaine, est pleine d’énergie et est belle (attirante, sans être vulgaire). Elle délivre même par moment des mots en français, dans un accent séduisant. Alors bien évidemment, la tournure aux limites du malaise que va prendre la relation entre elle et Michel Blanc va doper énormément le film, le transformant d’une comédie sentimentale vers un drame aux codes très éloignés des films « fleurs bleues » classiques et archi-vus. La pauvre doit endurer la froideur de ce fermier, en plus du sentiment d’avoir abandonné pour rien sa fille là-bas en Roumanie. Elle voudrait vivre au côté de ce fermier quelques temps en France, afin d’ouvrir un jour une école de danse à Bucarest et d’assurer l’avenir de sa fille, abandonnée en Roumanie. Ce fermier n’a toujours vécu que par et pour le travail, n’ayant jamais eu le temps de se soucier de son côté affectif. C’est avec des sentiments enfouis au plus profond de lui et donc difficiles à communiquer qu’il tente de nouer une relation avec cette jeune femme. Son effort de rapprochement n’est malheureusement pas perçu comme tel par elle. Medeea Marinescu et Michel Blanc. Gaumont Columbia Tristar FilmsL’introverti Michel Blanc prend alors son envol, et on ne lui en veut plus de ne pas l’embrasser tendrement, car au fond, la naissance d’un amour entre deux êtres n’a pas de codes prédéfinis ni de lois. Isabelle Mergault offre un dénouement final qui ne décrédibilise personne : ni les agriculteurs soucieux de leurs terres, ni les agences matrimoniales, ni les étrangers… Le regard d’une femme sur ces histoires d’amours modernes, reste et restera toujours le plus qualifiée !! Même si ça m’a beacuuop étonne de la part de cette chroniqueuse « ruquierienne », au final pleine de talents et d’inspiration cinéphilique !! Bravo ! Belle surprise !

 

  Jeu d’acteurs  

Michel Blanc  :):):):)

Medeea Marinescu  :):):):(

Isabelle Mergault, Michel Blanc et Medeea Marinescu. Gaumont Columbia Tristar Films



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Pour une poignée de dollars (Sergio Leone -1964)

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Réactualisation de la critique : mise en ligne du débat sur la non-sortie dvd de ce premier opus de la "trilogie du dollar."

Avant-goût Pour une poignée de dollars fut un boulet de canon dans le paysage cinématographique du western ! Sergio Leone apparut alors aux yeux de pas mal de monde comme un ovni, tant il dépoussiéra le genre. Sergio Leone nous sert là le premier opus d'une série de trois westerns "spaghetti", que la postérité appellera "la trilogie des dollars".

Pitch Clint Eastwood joue un cow boy solitaire débarquant dans un village isolé du grand ouest américain. Pour plusieurs poignées de dollars il se jouera de la rivalité entre les deux familles locales les plus puissantes. L'argent rend aveugle, Clint va d'abord tenter de profiter des deux familles, mais il se rend compte assez vite de la cruauté d'une des deux familles. Il choisira son camp, et assistera impuissant à l'assassinat en règle de l'autre famille, les Baxters. Il avait dès lors choisi son camp. Ce solitaire rendra justice, pour pas un rond mais plutôt par devoir moral.

Avis les adversaires de Clint sont charismatiques, dont le Ramos joué par Volonte. Ce qui donne à ce western de la puissance. La dureté de ses adversaires est théâtralisée par des musiques impressionnantes ! Ces musiques d'Ennio Morricone font partie intégrante du film, elles sont le film ! Avec Sergio Leone on assistait, dans ces années 60, au renouveau du western. On pourrait appeler ce genre western "spaghetti" parce que ça tue à tout va, mais aussi western "total". Car en effet, dans les Sergio Leone, les méchants sont vraiment dépeints comme des monstres de cruauté, le sauveur est parfois mis en difficulté par ces monstres, au point qu'on l'imagine parfois vraiment mal fichu. Les musiques deviennent de l'orchestral, comme pour mieux émouvoir ou dégoûter, ou comme pour mieux intriguer ou apaiser le spectateur. Le moins bon opus des 3 mais ce n'est pas regrettable. C'est compréhensible, Sergio Leone faisait avec ses moyens, il se cherchait encore, il posait le grand ouest comme décor et comme horizon funèbre ! (jeu de mot venant de la contraction "oraison funèbre"/ horizon ou avenir).

Jeu d'acteurs

Gian Maria Volonte :):):(:(

Clint Eastwood :):):):(

ACTUALISATION DU DEBAT sur le problème de sortie attendue de Pour une poignée de dollars en dvd !

Ecrit par Keruit le 23/07/2007 - 12h14
A l'attention de Graff et Riffault,

C'est une anomalie commerciale que de ne pas voir ce Pour une poignée de dollars sortir en dvd ! Une anomalie commerciale comme il en existe bien d'autres, finalement. De grands films passent à la trappe, comme les 2 volets historiques de LA REVOLUTION FRANCAISE : les années Lumières, les années Terribles. Il s'agit par exemple pour ce film historique d'un mauvais concours de circonstances en définitive. Bien dommageable pour les cinéphiles et historiens en herbe. La Révo Frçaise ne sortira peut être jamais en dvd. Et donc jamais au grand jamais, en fait, puisque le coût de fabrication des nouveaux supports Blue-Ray et HD/Full HD sont totalement "expensives" comme dirait les english people. Sachant qu'on trouve un vieux Terminator 1er du nom, provenant du début des années 80, à près de 27 euros en HD ou Blue-ray. Il va s'en dire que certains films très intellectuels, et donc très peu rentables comme LA REVO FRCAISE ne sortiront donc plus jamais. Une affaire de film trop spécialisé "histoire", peu rentable donc, et surtout une affaire de boîte de prod qui depuis a fait faillite en même temps que bien des films dont elle possédait seule le copyright. Il faut donc que les boîtes de production envisagent un minimum une pérennisation du cinéma, au-delà du caractère commercial que représente le cinéma. En s'associant entre elles notamment, lorsqu'elles sentent que c'est aventureux de sortir tel ou tel film. çac réduirait leur coût. Et ça permettrait que si une boîte de prod coule, celle qui était associée puisse prendre le relais. Au nom du cinéma !!!!!

Pour ce qui est de Pour une poignée de dollars, il semblerait que la logique fasse qu'une sortie d'un coffret "trilogie du dollar" débarque un jour. Ceci dit, Sergio Leone n'est plus sur terre, et il semble que les contrats commerciaux initiaux n'aient pas du tout envisagé de tel produit "trilogie". A l'époque c'était à peine les débuts de la k7 vidéo, c'est à dire à peine les débuts du pseudo-marché intimiste et personnel des films de salon, des cinémas de salon. Les trilogies de films n'était même pas un concept né à l'époque. On sortait les films au compte-goutte. Et peut être même qu'aucun contrat obligeant à 2 suites n'était fait. Sergio Leone, a d'ailleurs fait une trilogie, qui à la base n'en était pas forcément une. C'est postérieurement il me semble, qu'on a nommé ses 3 westerns consécutifs (1966, 1967; 1968) comme une pseudo-trilogie du "dollar". Le phénomène "trilogie" est en effet très très contemporains de nous autres, années 90 et 2000 , et est concommittant d'un cinéma devenu business. Et plus encore aujourd'hui d'un cinéma en très grande panne d'inspiration !!! On lance une diée, un concept dfe film, on propose une adaptation de comic's book, et on signe comme quoi si le prmeier marche, on s'engage pour une ou deux suites, et plus si le filon est bon, ou si la brèche cinéphilique créée par le premier opus est porteuse lucrativement. Rien n'a donc été prévu je pense, en ces années "sergioleonienne" (fin 1960-1970's) pour les futurs désirs du spectateur de salon, et celui des lecteurs dvd de salon (qui n'était pas imaginé à l'époque). Il s'agit pour ce film (1er opus de la trilogie dollar tt de même) d'un gros problème de contrat commercial. C'est cornélien d'analyser la réussite de Sergio Leone. C'est un génie que d'avoir réal et sorti 4 grands westerns en moins de 4 ans (Pr une poignée...+Et pr qq dollars de + Le bon, la brute...+Il était une fois ds l'ouest) mais c'est aussi une grosse erreur commerciale. Les cinéphiles ont du rattraper leur retard facilement à l'époque, en commençant par voir et apprécier le 2 (et pr qq) ou le 3 (le bon) pour se recroqueviller un peu + tard sur la découverte du premier opus, via les k7 vidéo. Une affaire de contrat commercial visant le marché du cinéma de salon, je pense, une affaire de Sergio Leone qui n'est plus là, et une affaire de sortie trop ressérrée de 4 films en...4 ans !!! Je suivrai l'affaire et j'essaierai de vous informer. Même si vous en apprendrez bcp + sur des forums "westerns spaghettis", "sergio leone" ou "eastwood"... Je comprends votre désarroi de ne pas pouvoir l'avoir en dvd. C'est un peu pareil pour moi, dans une moindre mesure car ce premier opus dispose des bonnes bases de la vision du far west leonienne, et de son sens noir de la narration....mais j'avoue que je le trouve juste bon, ou un peu + que moyen. Mais l'idée d'avoir les 3 opus du "dollar" en dvd, est vive chez moi, tout comme chez vous deux, et tout comme chez un tas énorme de cinéphiles. C'est sûr. ! Sergio Leone avait fait très fort, à 'époque, tellement fort qu'il avait condamné le cinéma de western à une surenchère terrible et fatale, de noirceur. Le western s'arrêtant il faut le dire avec Sergio. Malgré quelques incursions aventureuses et osées de ses disciples directs dans le western (dont Clint Eastwood lui-même, mais aussi son metteur en scène associé de l'époque de la trilogie du dollar). Ou de grands noms du films noirs classique (Peckinpah il me semble, ou celui qui a pondu le très matérialiste "La Horde Sauvage").
recherche
Ecrit par Graff le 22/07/2007 - 20h29
Moi aussi je cherche le DVD en français de ce film pour complèter ma filmographie de Clint Eastwood sur ce support. Mes vidéo sont déjà trop fatiguées pour que je puisse m'en servir.
Une vrai legende!
Ecrit par Keruit le 08/03/2007 - 16h59
Riffaut,
Je pense qu'avec l'arrivée sur le marché dvd de coffrets Sergio Leone, on finira par obtenir le bon vieux POur une poignée de dollars ! Par exemple depuis noël dernier on trouve le coffret "Sergio Leone : Il était une fois la révolution / Le Bon la brute et le truand / Et pour quelques dollars de plus". Sachant aussi que "Il était une fois en Amérique" vient d'être réédité en pseudo-collector, dis-toi bien, Riffault, que Sergio Leone aura de plsu en plus la cote !
PS : le problème majeur est la rediffusion sans cesse de sa trilogie du dollar à la télé, ce qui notamment décourage les producteurs a tenter des sorties dvd...
fan de Clint
Ecrit par RIFFAULT le 08/03/2007 - 15h51
j'aurais voulu savoir quand allait sortir en DVD pour une poignée de dollards


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Sous le soleil de Satan (Maurice Pialat-1987)

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Avant-goût    contrairement à ce que l’on pourrait croire au vu de sa Palme d’or 1987, Sous le Soleil de Satan restera mineur parmi la filmographie de Maurice Pialat ! C’est fort du café peut être, mais le pourtant Grand Maurice Pialat m’a beaucoup déçu ! En cause cet abandon quasi-total de soi de la part de Pialat, au profit d’une œuvre originale terriblement littéraire. En cause cette théâtralisation à l’extrême, depuis la mise en scène jusqu’au terrible montage final. En cause ces interprétations qui ne sentent pas le vécu (c’est compréhensible), en cause cette absence d’explications et de transitions entre les 7-8 longues séquences qui se veulent être un …film !Collection Christophe L.

Pitch   la jeune Mouchette (S.Bonnaire), 16 ans, tue son amant. Tout le monde pense que le défunt s'est suicidé. Mais l'adolescente ressent le besoin de confier son crime à l'abbé Donissan (Depardieu), le vicaire du village. Une relation étrange, malsaine et fallacieuse se noue entre eux

Avis   le volume d’esprit de l’écrivain Georges Bernanos (1888-1948) serait-il décidément inadaptable au cinéma ? Même par les plus grands comme Maurice Pialat ? Entre un montage totalement raté, et une mise en scène sensiblement trop académique, Pialat manque le pari de réactualiser Bernanos à notre époque. L’écrivain catholique tourmenté, rongé dans sa foi par le double échec de l’homme face aux cataclysmes des deux guerres mondiales, en était arrivé à mettre en doute Dieu, en tout cas ‘‘le’’ Dieu tel qu’il se le représentait intérieurement. Il est ici aux prises avec l’Antéchrist. Pialat mise donc sur un côté fantastique très affriolant à notre époque, tout en maintenant malheureusement une adaptation trop fidèle à sa source : les écrits de Bernanos. Alors qu’il est en-soi inconscient d’adapter de pareils écrits au cinéma ! De par leur volume et leur complexité. Maurice Pialat s’est attaqué selon moi à plus fort que lui. Car on l’a senti obligé de théâtraliser chacune des scènes, en champs/contre-champs inquisiteur sur le regard de l’autre. Et en répliques d’un autre temps, et légèrement trop dictées, voire trop chantées…mais insuffisamment pensées. Il a pourtant dit avoir « réécrit Bernanos » pour que cela soit plus en phase. De là vient ma critique du jeu d’acteur de Bonnaire/Depardieu/Pialat…car s’ils dictent à merveille leurs répliques, ils semblent les uns les autres en désagréable décalage avec leur être. On ne les sent pas penser ce qu’ils disent, sauf à quelques occasions franches de la part du déjà grand Gérard Depardieu. On ne peut parler de scènes en définitive, puisque Sous le soleil de Satan est un assemblage de 7-8 séquences. Longues séquences donc, exigeant un savoir-faire de la part des interprètes. Mais aussi 7-8 maigres séquences, censées représenter un film d’une heure quarante-trois. C’est donc parfois long, lassant, voire répétitif au plan des répliques ou des messages du film. Et cela coûte cher au film, puisque tout repose non plus sur la réalisation, mais sur les interprétations. Or, hormis Sandrine Bonnaire qui s’en sort avec les honneurs, Pialat qui ‘‘vit’’ son rôle, et Depardieu qui se transcende (à l’image de son rôle), les autres, des seconds rôles, font pâlir ce film. Là où Bonnaire, Pialat et Depardieu chantent, ces seconds rôles « récitent ». Cela fait tâche. Or, on sent  ces Mouchette (Bonnaire), Donissan (Depardieu), Menou-Segrais (Pialat) avoir besoin d’une tierce personne pour juger de leur propre personne, puisque Dieu ne leur donne plus aucun signe interprétable. A ce titre, si les dialogues entre Donissan et Menou-Segrais sont les meilleurs moments du film, ils manquent pour autant de naturel. Ce « naturel » si cher à Pialat !! Et dans l’ensemble, ces seconds rôles servant de « ponton » à ces naufragés…sont bien pâles…comme foudroyés par la difficulté de camper leur rôle avec une once d’authenticité. En parlant d’authenticité, Maurice Pialat n’a pas pris garde de garder au montage les moments les moins calculés. Contrairement à ses qualités intrinsèques, ses bonnes inspirations d’artiste cinéaste majeur. Dès que ce n’était pas assez travaillé, il coupait au montage. Il garde 7-8 séquences, lui et son équipe bien entendu, qu’il colle les unes aux autres, afin de maintenir le spectateur dans l’expectative. Mais à trop couper, Pialat et son équipe de monteurs ont rendu ce film terriblement intellectuel…et intelligible qu’après deux visionnages minimum. Le talent de Pialat reste perceptible dans l’œuvre, à travers sa sobriété de mise en scène…mais le fond semble un tantinet surfait. Les explications ont été interdites d’accès au spectateur tout simplement parce que Pialat a décidé de couper toutes les transitions joignant les 7-8 séquences entre elles. Quel film cela aurait été si ces transitions étaient restées au montage !!!  Un film autrement plus humain. Parce que là, dans le cas de Sous le Soleil de Satan, ce n’est plus faire du cinéma pour faire du cinéma…mais c’est au contraire vouloir se surpasser en vue d’une reconnaissance bien calibrée….celle de Cannes 1987. Même pour les plus grands et incompris comme Pialat.  Mais attention…Maurice Pialat avait fait un retour fracassant avec son Van Gogh (1991) !! Tellement plus authentique et plus humain, bien qu’encore noir, comme toujours chez Pialat !! Et puis quand Pialat sort aux journalistes et stars de cinéma de la salle de remise de la palme : « Si vous ne m’aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus ! »…..eh bien c’est symptomatique d’un cinéaste qui s’est perdu totalement…et qui voyait en ce film la reconnaissance légitime qu’il aurait déjà du obtenir en 1983 pour A nos Amours !  Film autrement plus grandiose !!!  Oser s’attaquer à l’œuvre de Bernanos n’est pas un gage de réussite suffisant. Pialat a décidément manqué son rendez-vous avec Cannes…

Jeu d’acteurs

Gérard Depardieu  :):):):)

Sandrine Bonnaire  :):):):(

Maurice Pialat   :):):(:(



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La "question Tariq Ramadan" posée à l'intelligentsia française !

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L’ombre de Tariq Ramadan commence à planer au-dessus de l’intelligentsia française. La Suisse, l’Angleterre, les Etats-Unis, emploient des méthodes différentes face à sa recontextualisation de l’islam. Le corps intellectuel hexagonal a peiné jusqu’ici dans sa façon de débattre avec cet homme mystérieux. Tandis que les voies entreprises ailleurs à son encontre, n’ont pas encore porté leur fruit. Essai sur Tariq Ramadan, non plus sur l’homme, mais en partant de l’environnement intellectuel qui l’entoure…le fabrique et le nourrit chaque jour encore plus .

Licencié en philosophie, et docteur en Lettres, spécialisé dans les écritures coraniques surtout et leurs interprétations, Tariq Ramadan  part ensuite au Caire, étudier les sciences islamiques à l’université de Al-Azhar. Depuis il donne des conférences en Suisse, en France et récemment tente la Grande-Bretagne. Pour être plus précis, il enseigne au collège Saussure, de Genève, et se rend à Fribourg pour donner des cours d’islamologie entre 1996 et 2003. Son incursion aux Etats-Unis fut pour le moins très courte : il possède une chaire pendant un an dans l’Indiana, sur invitation du Joan B. Kroc Institute, puis se voit refuser de visa par le gouvernement. Retour en Suisse donc, puis premières tentatives en Angleterre, dès l’été 2005, dans le cadre d’un groupe de réflexion sur le problème de l’islamisme au Royaume-Uni, groupe fondé par Tony Blair.

Ramadan est un « maître du double langage ! » (Antoine Sfeir photo)

Tariq Ramadan est petit à petit devenu quelqu’un de gênant en Suisse. Où il est très souvent vilipendé par des hommes et femmes politiques, des journalistes, en direct à la télévision, à des heures de grande écoute. D’après les extraits vidéos accessibles depuis Youtube et Dailymotion, peu de personnalités suisses n’ont semblé en mesure de lui tenir la dragée haute, au plan de l’aisance à faire passer des messages. Cela reste plus rude pour lui de s’immerger dans le microcosme intellectuel français. ‘‘Bête noire’’ de Alain Finkielkraut, philosophe ; pris au pied de la lettre ouvertement sur France2 par Nicolas Sarkozy, à heure de grande écoute ; cible de certains énervements de Philippe de Villiers sur le plateau de Ripostes (du très bon Serge Moati), contrecarré modestement par Max Gallo sur la question d’une impossible symbiose entre l’Idée républicaine française et l’islam…Tariq Ramadan tarde à pouvoir dialoguer dans du débat de fond sur le phénomène islamique en France. Alors il en est réduit et cristallisé à quelques dialogues suspicieux comme celui-ci : « C’est à la loi stricte de 1905 d’être adaptée à l’islam, et non l’inverse » dit-il à N.Sarkozy en 2003 dans 100 minutes pour convaincre, lequel répond « Pas de signes ostentatoires, demandez à retirer le port du voile » ; réponse de Ramadan « il faut des signes discrets, on peut très bien retirer le voile si on respecte qu’une jeune fille couvre sa tête ». Ramadan c’est un peu cela : on ne sait où il veut en venir clairement, car il gêne et est entrecoupé dans son message. Mais il tord le cou assez vite à ce qu’on a cru entrevoir 3 secondes avant, passant rapidement d’un resserrement du débat sur les mystères de l’islam, vers un élargissement géopolitique et universel, passant parfois du rôle de la ‘‘victime’’ du débat au ‘’patron’’. Noyant lui aussi les débats. Antoine Sfeir, directeur des Cahiers de l'Orient (revue d'études et de réflexions sur le monde arabo-musulman), et président du Centre d'études et de réflexions sur le Proche-Orient, parle de lui comme d’un « maître du double langage ». La réflexion venant de Sfeir, on peut comprendre combien l’intelligentsia français peine à débattre avec Ramadan.

Ramadan et l’islam, Ramadan et la France…

Tariq Ramadan est très difficile à cerner. Dans son intellectualisation de l’islam actuel, il recontextualise un islam ancien, à priori en décalage avec la vision occidentale de cette religion. « Il y a la tendance réformiste rationaliste et la tendance salafiste au sens où le salafisme essaie de rester fidèle aux fondements. Je suis de cette tendance-là, c'est-à-dire qu'il y a un certain nombre de principes qui sont pour moi fondamentaux, que je ne veux pas trahir en tant que musulman.»  (nov 2003 sur Beur FM). Il semble se rattacher davantage à cet islam des fondements, qu’aux autres, et paraît donc aux yeux de certains intellectuels français, être en marge des réalités quotidiennes de l’islam moderne, de France, d’Europe.  Or, l’islam qu’il maîtrise et défend, n’est finalement plus si ancien que cela. C’est un islam réinterprété et réactualisé au cours du XIXème siècle dernier par des maîtres-penseurs qui se souciaient d’une mise en phase de leur religion avec l’Occident. De cet amalgame entre l’islam qu’il défend et celui qu’on lui dit défendre, Tariq Ramadan passe auprès de certains lettrés, pour une certaine ‘‘vitrine’’ aguicheuse de l’islam ‘‘dur’’. En France plus particulièrement, où ses idées paraissent vagues voire tendancieuses, lorsqu’elles ne viennent pas s’entrechoquer de front avec un idéal républicain héritier de la Révolution Française. Tariq Ramadan pense sûrement, à juste raison, que conquérir la ‘‘bulle’’ des débatteurs français, serait le début de son ouverture à l’Europe. Mais la tâche est d’autant plus difficile que le paysage intellectuel français est aussi pluriel qu’arc-bouté sur de longs siècles de connaissances critiques. Il fait donc parti d’un nouveau paysage intellectuel possible. Dont le rempart le plus sérieux reste les hommes politiques engagés dans des voies traditionalistes, ainsi que les philosophes français de manière générale. Mais si on surplombe le fond de ses débats d’avec l’intelligentsia français, il apparaît qu’il n’a pas vraiment assimilé les ramifications européennes différentes selon les pays sensibilisés, ni le décalage temporel de leur diffusion -Révo française=>Bonapartisme=>invasion napoléonienne et diffusion=>révolutions populaires européennes du XIXème siècle=> retour de la république en France-. Ce serait plutôt sur ce point que la ‘‘question Ramadan’’ devrait être abordé, et non en une sorte de problème franco-français d’intégration inachevée, de colonialisme pesant…



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La "question Tariq Ramadan" posée à l'intelligentsia française ! (2ème volet)

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Une intelligentsia française fermée sur elle…

Ces intellectuels français défenseurs de l’âge républicain moderne, savent pertinemment qu’ils auraient à y perdre, que de laisser de nouveaux concepts de sociabilité, dogmatisée, remettre en question le modèle laïc français. Et bien souvent, à tort, certains de ces intellectuels défendent leur point de vue avec la ‘‘Lettre’’ certes, ce qui est noble, mais non sans certaines pointes d’orgueil et de visées égotiques. Débattre avec Tariq Ramadan paraît de plus en plus bénéfique pour leur personne que pour l’intelligence collective. Tout ressemble à une volonté de contrer le soi-disant ‘‘incontrable’’, sonder l’insondable…afin peut être d’en tirer profit pour ses intellectualisations personnelles. Car il ne faut pas se le cacher, si l’islamisme et ses islamologues font peur, car cristallisés en l’image d’Epinal de l’intégrisme et du terrorisme, nos intellectuels français font le jeu de tous, à long terme. De par leur ego qui ne sera jamais assez représentatif du peuple français, de ses angles, de ses contours et de ses minorités. De par leur puisement dans une histoire de l’immigration dont ils oublient qu’elle est encore trop jeune et sans recul suffisant, donnant du coup une vue d’esprit trop naïve de notre présent. Parce que fâcheusement aveuglés par leur expérience personnelle, aussi intellectualisée soit-elle, ils ne parviennent plus à aborder le fait religieux  sans se présupposer ‘‘communautaristes’’ les uns les autres, sur un même débat...tuant dans l’œuf les bienfaits mêmes du ‘‘débat’’. Les dérives actuelles de ce genre de débat, sont le rapport progressif à sa personne au fil des minutes (même masqué ou déguisé), l’usage de mots experts, la transpiration d’un ego…ce qui ne laisse rien de clairement compréhensible aux auditeurs et téléspectateurs (sans amalgames en tout cas, sans l’équivoque des multiples rapports à soi de ceux à qui ont transmet un message).

Une intelligentsia qui a appris à ne plus parler religion…

Plus largement, ces intellectuels pensent trouver dans l’histoire les clés de compréhension à livrer telles quelles aux auditeurs et téléspectateurs. Or l’histoire au sens strict, n’a jamais été plus totale qu’aujourd’hui, en même temps que les intellectuels actuels n’ont plus la capacité de dialoguer avec l’universalité des propos, comme du temps des maîtres-penseurs grecs ou des premiers prophètes.  L’intelligentsia nationale se recroqueville sur ce que les philosophes des Lumières pratiquaient. Ils montrent en effet et affichent combien ils ont cheminé depuis ces derniers, et induit leurs extrapolations le long de la même veine porteuse. Dont l’anti-religion, qui condamne malheureusement à l’oubli des débuts de l’ère politique. Les seuls qui auraient été capables de percer le mystère ‘‘Ramadan’’, auraient été le duo Raymond Aron / René Rémond. Hélas ils sont décédés… avant même que Tariq Ramadan n’ait éclos (car son éclosion reste à faire). Car ces deux penseurs savaient allier le religieux au politique. Imbrication que Ramadan utilise pour se faire entendre. Le dialogue de sourd arrivant lorsque l’intelligentsia française demande à l’islam de faire l’effort envers la république, alors que Ramadan demande des efforts réciproques voire le contraire sur certains points.

Les intellectuels français sembleraient continuer de se scléroser eux-mêmes, de diaboliser l’insondable, l’ ‘‘incontrable’’, l’intouchable. Et c’est ainsi que Tariq Ramadan restera encore longtemps celui qui est le « frère de Saïd Ramadan, fondateur de la branche palestinienne du mouvement des ‘‘Frères Musulmans’’ ». Celui aussi qui rappelle combien la France n’a pas suffisamment entamé son propre procès du colonialisme (son ‘‘Appel des indigènes de la république’’). Et à travers son appel à réhabiliter les indigènes de la république française, c’est l’ensemble des immigrants qu’il fait entrer en un rôle d’électron libre. Des électrons libres qui pour l’instant ne peuvent être assimilés et étudiés avec force de la synthèse ni par le corps politique actuel, ni par les intellectuels. Chaque intellectuel ayant son ‘‘background’’ à lui, qui est aussi celui que n’a pas son confrère, etc. Chaque politique ayant d’autres priorités. On ne peut pour l’instant pas contrer ce surplomb donné par Ramadan au problème de l’ ‘‘indigène’’ français, car il n’y a aucun état des lieux de fait. C’est comme si Tariq Ramadan avait décelé une brèche, dans laquelle il se serait introduit avec force de la ‘‘plume’’, et de la ‘‘Lettre’’.

 le philosophe Raymond Aron, qui a fait ses classes avec Jean-Paul Sartre (Normale Sup'), avant de s'en éloigner. Non sans garder de l'estime pour son plus illustre opposant de plume : Aron/Sartre c'était un peu l'atlantisme lucide et non aveuglé, contre la modération satrienne envers le communisme. 

 René Rémond était rare : historien et politologue maître-penseur de l'Histoire du Temps Présent, Rémond parlait avec force d'ouverture, de la politique via la religion,  et de la religion via la politique.

De l’incapacité en débat de faire accoucher de vrais messages

Ramadan est considéré aux Etats-Unis comme un acteur des réseaux terroristes, non par le ‘‘poings’’, le ‘‘sang’’ ni l’ ‘‘épée’’, mais par la ‘‘plume’’. Cette image, il la doit aux ‘‘Faucons’’ de Washington. Les Etats-Unis ayant une histoire nationale beaucoup trop jeune, et surtout inachevé son ‘‘melting-pot’’, les ‘‘Faucons’’ de la Maison-Blanche ne peuvent se résumer qu’à interdire de territoire l’élément suspect, et gênant. Car on ne parlera pas du paysage intellectuel américain, qui souffre bien évidemment de sa trop forte imbrication dans les circuits capitalistiques, ne disposant donc d’aucune lucidité suffisante autre que mercantile. Mais d’un autre côté les intellectuels français sont très vite mis dans des boîtes, dans des tiroirs, catalogués pour ce qu’ils disent, défendent, et finissent trop souvent dans une marginalité les radiant littéralement d’une représentativité suffisante. En France, brocarder Ramadan d’ ‘‘islamiste’’ est ainsi à double tranchant : cela réduit toujours le brocardeur à un catalogage de sa personne et de ses idées, de type ethnico-religieux, ce qui lui saborde à terme son champs de transmission des messages, bien évidemment. A force de ne plus avoir la patience de débattre, on finit par invectiver, caricaturer, rétroactivement on se vide de sa substance, on voit le terreau culturel se dérober sous ses pieds.

Pour l’instant Tariq Ramadan n’a rendu aucun de ces intellectuels plus ‘‘marginaux’’ qu’ils ne l’étaient, bien qu’il vienne en France toujours plus ‘‘arm钒 qu’en Suisse. Il revêt la malice de catégoriser ses vis-à-vis au même titre que ceux-ci le catégorisent. Dent pour dent en fait, ce qui rend les discussions avec Ramadan passionnantes certes, mais terriblement vagues au final, voire trop ramenées à leurs personnes. Des messages souffrant de vouloir parler au plus grand nombre, avec malheureusement des ambages aussi nombreuses qu’il y a de destinataires de ces dits messages. Passant dans les médias pour le symptôme d’un islam victimisé, Ramadan revêt habilement la peau de la victime typique d’un corps intellectuel français qu’il dit être devenu ‘‘communautariste’’. Jouant le rôle de la proie non plus du peuple français, ni des intellectuels français, mais d’intellectuels qu’il accuse de communautariser davantage que lui les débats. Dans ce cas là, on entre dans des débats entre egos, ce qui ne débouche là non plus sur rien du tout.

Le problème ‘‘Ramadan’’ n’est pas nouveau…ce qui est nouveau c’est l’incapacité de la France à dialoguer carte sur table…

La maîtrise de l’électron libre ‘‘Ramadan’’ est pour l’instant un échec total. Ce qui montre que même le ‘‘pays de la critique’’ ne parvient plus à être lucide devant ses faits, ses dires et ses gestes. Le ‘‘problème Tariq Ramadan’’ n’est en fait pas un problème nouveau, c’est le point de cristallisation d’un fort repli des corpus intellectuels de chaque pays de tradition du monde, c'est-à-dire une chose que le paysage politico-intellectuel mondial avait connu à maintes reprises par le passé : Rome face au ‘‘précédent’’ Gracques (précédent = surenchère brutale entraînant une lente mais inéxorable révolution des idées), la Perse face à la question ‘‘Grecque’’, la Grèce antique face aux ‘‘invasions barbares’’, les seigneurs féodaux de France devant le ‘‘pic d’exacerbation mystico-religieuse des Croisades’’, les politiques machiavéliques devant le renouveau des artistes de la Renaissance, l’Idée de la Révolution Française face à la surenchère ‘‘napoléonienne’’, la question hitlérienne allemande puis mondiale, l’automutilation de l’Europe au cours des deux cataclysmes de 14-18 et 39-45, le bipartisme Urss/Usa et de ses dérivés modélisateurs ‘‘communisme/libéralisme’’, ou encore la question colonialiste européenne. Des problèmes majeurs qui débouchèrent tous sur de grands chocs des idées, non sans associer la ‘‘plume’’ à l’ ‘‘épée’’ ! 

Dépositaire et défenseur de l’âge républicain moderne, notre pays est actuellement le seul capable d’entamer une vaste réflexion. Car depuis la nuit des ‘‘temps politiques’’, le système républicain est finalement l’un des plus à même d’assimiler. La sclérose est quasi générale en France pourtant, au plan du débat d’idée, du dialogue. Une chose qu’il faudrait entamer véritablement avec humilité. Car au train où avance aujourd’hui le monde, le problème ‘‘Tariq Ramadan’’ peut sembler autant le signe de la confusion dans laquelle est cet homme, que l’indice d’une confusion mondiale à propos de l’essentialité de l’Homme et de son devenir. Percer le premier mystère ne reviendrait-il pas à se convaincre que le second est….. essentiel 

Keruit



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VOL 93 (Paul Greengrass -juill07)

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Pitch     11 septembre 2001. 4 avions sont détournés par des terroristes dans le but d'être crashés à New York et à Washington. Mars DistributionTrois atteindront leur cible, pas le vol 93. En temps réel, les 90 minutes qui se sont écoulées entre le moment où l'appareil a été détourné et celui où il s'est écrasé après que ses passagers, mis au courant par téléphone portable des attaques contre le World Trade Center à New York, eurent décidé de sauver leur vie, sinon celles d’autres…

Avis    en quelques mots, Paul Greengrass se sert d’un savoir-faire technique quasi-documentaire pour transposer le spectateur au cœur d’un des quatre désastres qui ont fait l’horreur du « 11 septembre 2001 ground-zero ». Affiche américaine. Universal PicturesCe style est quasi-documentaire car Greengrass parvient à faire vivre avec précision chronologique plusieurs épiphénomènes liés au choc du 11 septembre. Montre en main, à la minute près, il montre depuis la tour de contrôle de Newark les deux avions qui percutent les tours jumelles, puis il montre, toujours dans le respect de l’espace-temps, l’avion ayant perforé le Pentagone. Tout cela pendant les trois premiers quart d’heure, et non sans faire un beau travail de reconstitution sur les prévisions, les analyses du directeur de la sécurité aérienne, ni sans montrer l’action d’autres « acteurs-victimes » impuissants de ces attentats : l’armée de l’air, les chargés de suivi en temps réel de chaque vol et chaque liaison… Le compte à rebours est impeccablement lancé et Greengrass dissémine ça et là pendant ces trois premiers quarts d’heure des séquences reconstituant hypothétiquement la vie à l’intérieur de l’avion United 93, en partance de New-York pour la côte ouest, c'est-à-dire ce fameux Vol 93, qui finira par se crasher. Le mystère de ce crash fait justement le grand intérêt des trois derniers quarts d’heure de film. Non sans oublier de donner un profil et une méthode possible des quatre preneurs d’otage de l’avion, Greengrass brosse un émouvant et épique portrait d’une demi dizaine de passagers hommes qui donneront leur vie pour rétablir l’ordre dans l’avion…au risque de provoquer une mort irréversible pour tous. Cette séquence est filmée caméra à l’épaule et est vraiment la petite cerise sur un gâteau certes copieux, mais peu surprenant en-soi. Trois étoiles tout de même pour ce style quasi-documentaire, pour ces pseudo-acteurs débutants donnant une crédibilité victimaire au film, cet acte de bravoure final et cette recherche d’authenticité sans partie pris idéologique.

Note 2nd visionnage : :):(:(:(



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RAISONS D'ETAT (Robert de Niro -juill07-)

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Avant-goût    l’intelligence de Matt Damon rencontre celle de Robert de Niro. Deux travailleurs, qui à défaut de pouvoir vraiment improviser, abattent un certain travail de recherche et d’appropriation des rôles, depuis la lecture d’un scénario jusqu’au tournage. Lorsqu’il est réalisateur (2 fois avec ce film, en tout), Bob de Niro doit imposer une certaine exigence à ses acteurs, qui a rendu ce Raisons d’état très réaliste. Alors qu’au fond il y a eu du travail…pour parvenir finalement à ce que le spectateur ne sente pas celui-ci…! Affiche américaine. Universal Pictures Raisons d’état a demandé 10 ans à De Niro, au plan adaptation, c’est là qu’on peut comprendre la qualité de son film. Mais il faut aussi prendre en compte tout le vécu de De Niro, qui lorsqu’il passe de l’acteur vers le réalisateur…exige autant de qualité à sa troupe d’acteurs qu’il l’exige pour lui-même. Raisons d’état est le film d’espionnage le plus froid de réalisme de ces dernières années ! Un film froid, réaliste, qui traite d’espionnage en plus de cela…embarque toujours le spectateur dans des notions d’éthique. Film au fond très puissant, qui peut se comprendre comme on le veut, selon ses acquis historiques et humains, mais qui ne laisse aucun spectateur sur le bord de la route. Les gens cultivés y intérioriseront ce dont ils sont plus capables, les fans des films d’espionnage y verront ce qu’ils aimeraient voir plus souvent…

Pitch    depuis son entrée à la CIA (1941)  jusqu’à l’échec personnel et collectif de la Baie des Cochons (avril 1961), Edward Bell Wilson (M.Damon) apprend à vivre selon les codes de son métier d’espion de la CIA. Des codes qui lui semblent de prime abord bien inhumains, mais dont il assume leur intériorisation petit à petit. Au détriment de sa famille, de ses convictions originelles, de ses connaissances étudiantes… Il s’enfonce dans un système de valeurs qu’il ne soupçonnait pas, à mesure que ce système l’enfonce dans une humanité dénuée de scrupules. Faisant de lui un autre homme, aussi puissant soit-il envers ses dossiers d’espionnage que faible face aux êtres qui l’aiment pour ce qu’il était…non pour ce qu’il est devenu !

Avis      le procédé narratif est assez complexe : introduction du personnage principal, puis transport du spectateur à 2 moments de vie (années 40, années 60). Avec dans chacune de ces pauses spatio-temporelles distantes de 20 ans, une reprise systématique d’un rythme narratif classique. Encore que le film embarque petit à petit le spectateur dans la peau de Matt Damon, qui lui-même est embarqué dans un tourbillon professionnel, familial. De Niro est parvenu à faire du fond, complexe et cornélien, avec un rendu permettant une compréhension de cette complexité. Car si on entre avec Matt Damon dans les arcanes et les ‘‘caves’’ de l’espionnage international, c’est surtout un soupçon d’humanité que De Niro a cherché à mettre en avant. Le spectateur se renferme sur lui, intériorise autant qu’il peut ce déluge d’informations, puis est humainement surpris, éthiquement bousculé par les mauvaises surprises laissées par le scénario. Le scénario est tortueux, plus que complexe, en définitive : on ne sait pas où on va, le scénario embarque et embarque le spectateur, on capte des choses qui se révèlent avoir des répercussions énormes, on vit presque ce que vivra Matt Damon et on est placé comme lui au devant de choix humains et éthiques. Si on surplombe le rôle même, complexe, de Matt Damon, on y comprend tout ce côté cornélien de son personnage, donc du film : avec le surplomb on y voit "les amis d'hier" (1940/ Kgb et Cia), ceux qui conjointement avaient fait chuter le nazisme, être devenus les "ennemis de demain". Et c'est par 2 ou 3 fois que ce dicton est rappelé au cours du film, sans désigner de telles entités que la Cia et le Kgb, mais simplement pour désigner la méfiance que l'on doit avoir en tant qu'agent, vis à vis des autres agents. Entre agents d'un même secteur, entre agents d'un même pays, entre agents d'une même agence, c'est à dire bien au-delà de la méfiance envers l'agent de l'ennemi. Pour expliquer en une phrase : celui qui collabore avec soi, n'est pas forcément blanc ocmme neige, les enjeux étant tels qu'il est aisée de retourner sa veste et de le cacher pour mieux faire avancer son système.   Cette notion de "ami d'hier, ennemi de demain" symbolise tout le film : la brillante connection du film au terrain, à l'oeil du terrain. Aux bas-fonds du pouvoir officieux, qui n'est autre que l'arcane du pouvoir offciel.

L’espace-temps est une pression à elle toute seule : des énigmes à résoudre en temps réel au côté de Matt Damon

Si certains termes techniques propres à l’espionnage font plaisir à entendre, les rôles que l’on croise, agents doubles ou du Kgb notamment, et les têtes toutes plus énigmatiques que les autres assurent un sacré voyage au cœur de la CIA, et de la guerre d’information et désinformation KGB/CIA. Une guerre de l’info qui va de 1941 à 1961, et qui est très, très prenante. Car elle est associée à celui qui la vit en plein cœur des choses. Ce qui fait que la haine de JFK envers cette CIA est abordée, selon un regard d’expert, selon l’œil et la voix des agents eux-mêmes. Que le travail souterrain du Kgb pour ‘‘chasser’’ la CIA de Cuba, est abordé là encore depuis l’œil et le temps réel du terrain. Matt Damon et John Turturro. Studio CanalEt qu'avant tout cela, les ennemis Kgb/Cia d'"aujourd'hui" étaient très liés au temps du péril nazi. Laissant la voie à la connaissance mutuelle, à l'interpénétration des services entre eux, et pire, humainement pire...l'interpénétration des agents entre eux.  Lorsqu'un historien parle du concept de "guerre" comme le plus phénoménal accélérateur de l'histoire de l'homme, c'est aussi de cela qu'il parle !  Pour ne pas raconter toutes les affaires sous-jacentes à ces 3 grandes thématiques, il convient de parler d’une chose essentielle. Essentielle car elle vous donnera un aperçu de l’ambiance pernicieuse du film : dans son rôle d’agent de la CIA, Matt Damon a lui-même comme ennemi, les agents doubles et triples, ses propres collègues de secteur, ses supérieurs de mission, ses opposants directs du Kgb, un transfuge du Kgb (choix cornélien que de l’accepter), son propre fils (fils en grand danger tout en mettant en danger la vie de son propre père, puisqu’il est espionné de très, très près, et sert lentement mais sûrement de fusible), sa femme, qui naturellement méprisée par un mari qui a perdu une grande partie de lui-même, menace son avenir civil, ou encore sa propre conscience, qui est son plus grand ennemi dès lors qu’il débute comme agent…  

Un film très intelligent, car compréhensible à un degré plus ou moins haut selon le savoir du spectateur…

De Niro accompagne le spectateur, sans doute par souci de rester compréhensible, voire de toucher et sensibiliser. Un bel effort de sa part !  Matt Damon et Robert De Niro. Studio CanalEn même temps, tous les personnages que l’on croise ne sont jamais identifiables, cernables. On est dans la peau de Matt Damon, on a accès à l’insondable, à l’inaudible, au monde du secret,  et avec lui on se triture le cerveau devant les choix à faire et la posture que l’on doit prendre en fonction de telle ou telle personne croisée sur son chemin. Et ce, selon une emprise sur le spectateur en quasi temps réel. De Niro fixe sa caméra sur les regards, les gestes, les froncements de sourcils…De Niro suggère de faire attention à chaque intonation de voix, chaque comportement, chaque rumeur et pseudo états de fait. Pseudo au sens strict où dans le monde de l'espionnage, une vérité n'est jamais bonne à dire. La dire ou l'entendre condamne à un mensonge plus impalpable encore.  Ce qui peut paraître comme une vérité ne le sera qu'aux yeux de ceux qui l'ont édicté, jamais pour celui qui la dit, ni celui qui l'entend. La fameuse dialectique entre "fausse vérité" et " mensonge vrai". Qu'il faut assimiler rapidement puisque tout le monde parle la même langue que soi, dans ce monde d'information/désinformation ! De Niro oblige ainsi le spectateur à réfléchir avec Matt Damon sur les choix à faire, les réflexes à prendre et les réactions à adopter. De Niro offre un film à la fois critique envers la CIA et ses méthodes, à la fois calibré pour de l’action-suspense pure. Le fond reste à analyser correctement, et pour ce faire il me faudrait un second visionnage. Car un personnage que l’on croise en début de film se révèlera être le contraire de ce qu’on disait qu’il était. Un exemple parmi tant d’autres personnages, qui à eux tous rassemblés imposent au spectateur une cascade de jugements et réactions temps réel. Il est évident que ce film sera dans ma dvdthèque, car il est selon moi le prototype du film d’espionnage futur : le fond grave et le surplomb international propres à la saga James Bond, mais sans ses exotismes tape-à-l’œil ni son côté divertissement. Le suspense poisseux et la tension prenante propres à la très bonne saga Jason Bourne (…’’dans ma peau’’). La violence humaine et la torsion de l’éthique propres au Munich de Steven Spielberg. Souhaitons que Raisons d’état fasse des petits !  Même si je crains que ce qu’a fait De Niro ne soit infaisable par d’autres si ceux-ci n’entament comme lui un vrai travail sur le fond, 5 voire 10 ans en amont du film. Car il faut reconnaître au-delà du film d’espionnage pur, une grande réussite dans l’imbrication du spectateur au fil de l’histoire, l’interpénétration entre le spectateur et les personnages. C'est-à-dire un réalisme, une humanité saisissante (même la plus noire et obscurantiste), qui nous rappellent à chaque instant, à chaque scène, chaque séquence…que nous ne sommes rien au milieu d’un système…que c’est le système qui nous fait…et qui nous ronge ! J’arrête là, sinon je m’éloignerai vers de la philosophie de comptoir…

  Jeu d’acteurs 

Matt Damon  :):):):(

John Turturro  :):):):(

Angelina Jolie  :):):):(

William Hurt  :):):):(

Eddie Redmayne   :):):(:(

Alec Baldwin   :):):(:(

Michael Gambon  :):):(:(



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Little Miss Sunshine, vu par 4 yeux : Anna et moi !

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Troisième volet des duo d’avis. Avec une cinéphile très calibrée pour le film choisi : Anna, du blog Goin’to the movies, qui œuvre dans la critique électrique. Son ton de parole ‘‘franco’’ a convenu parfaitement à ce duo d’avis : Little Miss Sunshine. Les étincelles de Anna et les circuits électriques en surchauffe de Keruit ? C’est par ici que ça se passe…

La face B de ce duo d’avis :    ici !!     

Le succès de Little Miss Sunshine, l’un des coups de cœur public et critique de 2006, a pu en rassurer beaucoup sur l’état du cinéma actuel, en donnant la preuve que blockbusters et autres comédies lourdingues peuvent parfois laisser la place à des œuvres indépendantes non formatées et anti-conformistes. Il arrive donc parfois que les marginaux du cinéma parviennent à se hisser à un niveau d’audience plus qu’honorable et à se faire une petite gloire. La performance du film est à son image même, car Little Miss Sunshine, au fond, ne parle que de ça : l’honneur des perdants.

Oui. Un petit film, un petit film indépendant, qui perce peut être pas autant que les autres comédies US, mais qui en tout cas, à rapporter beaucoup plus qu’il n’avait coûté au départ. Et l’autocritique du système de valeurs US fait vraiment plaisir à voir (que le meilleur gagne). Des rôles assez caricaturaux certes, mais transpirant une certaine authenticité qui fait plaisir (venant des Etats-Unis) !

         Little Miss ne déploie pas la structure de bien des comédies américaines, à savoir : le personnage est un loser au départ mais va à la fin du film trouver exactement ce qu’il veut, et on nous pas resservira une morale convenue du genre « on peut tous s’en sortir ». Au contraire, à la fin du film, les Hoover ne vont pas forcément mieux qu’au début : pensez qu’ils doivent se retaper 3000 km dans un combi qui démarre mal et qui klaxonne à tout va ! De plus, (attention spoilers) le projet de bouquin de papa Hoover est tombé à l’eau, le grand-père est mort, Dwayne s’est rendu compte qu’il était daltonien etc. etc. Enfin, ce que je veux dire, c’est que l’originalité de LMS est qu’il montre qu’on peut aussi découvrir, au moins pour un instant, le bonheur dans le chaos le plus total, la force dans la désunion.

Quand toute la smala pousse le van, monte en marche et savoure à bord la réussite de l’opération, elle découvre que d’une situation assez désespérante (ne même pas avoir une bagnole en état de marche) peut découler une dynamique. Les perdants ici ne deviennent pas des gagnants – ils découvrent les charmes de l’absurde, sorte d’alternative salutaire au culte de la réussite (n’en déplaise au papa !).

Oui. Ils se moquent odieusement d’un système qui ne les a pas intégré. En même temps qu’ils montrent qu’ils s’en fichent, puisque ce système de valeurs est déchiré par leurs élucubrations osées et rentre-dedans. C’est un système qui avaient fait d’eux des losers, et contre lequel ils osent, devenant peut être inconsciemment, de vrais gagnants. Encore qu’ils agissent dans le cadre authentique et séduisant d’une famille : la complicité et la solidarité faisant d’eux de vrais gagnants de la vie !  Dans leur cheminement tortueux à plusieurs, et souvent drôle et sincère, ils se redécouvrent…et redécouvrent la vraie valeur de la vie, contre les vents et marées qui avaient faits d’eux des créatures d’un système pernicieux…et superficiel.

         Little Miss Sunshine est une merveille de comédie, brillante et décalée, ouverte à tous les publics. En effet, on y constate la présence de tout type d’humour : comique de mots (les répliques inattendues, ironiques, caustiques fusent), comique de caractère (l’opposition entre les différents états d’esprit des personnages), comique de situation (la famille oubliant Olive dans une station essence…), comique de gestes (la danse finale !) etc. Il est difficile de ne pas y trouver son compte. Un film qui va à cent à l’heure sans pour autant laisser aucun spectateur sur le côté, à l’image du van des Hoover qui risque de rouler encore longtemps sur la route de l’anti-conformisme et de l’absurde.

Effectivement beaucoup de genres comiques en un seul film ! Prodigieux ! Little Miss est vraiment pour moi le seul type de comédie US susceptible de percer en Europe. Avec son panel de genres comiques, il peut faire rire une salle de cinéma entière. Je me rappelle que quand certains rigolaient dans la salle, d’autres prenaient la relève sur la séquence suivante. Et on était effectivement passé d’un humour de gestuelle à du quiproquo, sur le coup. Ce qui faisait rire les premiers, faisaient sourire les seconds,  mais une alchimie se créait petit à petit dans la salle, parmi les spectateurs. Et la mayonnaise montait, montait…jusqu’à un fou rire général dans la séquence finale. Car c’était le clou du film et de ses genres comiques : comique burlesque + ironie contre le système qui les a fabriqué + pétage de plomb total, et collectif en plus, avec toute une famille qui se rejoint sur la scène pour proposer un ballet dansant complètement barré !!! Prodigieux !

         Le clou du spectacle que ce concours Little Miss Sunshine, littéralement jubilatoire, c’est clair. Le spectacle de ce concours de petites miss maquillées et fringuées comme des playmates est assez pathétique, vulgaire voire pervers. Elles se suivent et se ressemblent toutes, et le montage cruel vient les dénoncer comme le reflet d’une Amérique conformiste, puritaine et intolérante où chacun doit se plier aux règles, si grotesques soient-elles. Heureusement, les Hoover viendront tenter de faire respirer un peu cette mini-société étriquée et coincée avec leur petite chorégraphie absolument hilarante. Et ça fait du bien de se défouler en crachant comme cela à la gueule des conventions stupides ! Le film se plie aussi à tous les niveaux d’interprétation, du divertissement pur (l’humour est présent à chaque instant) au propos subtil sur la société contemporaine, et c’est pourquoi il pourra être apprécié par tous. Quasiment toutes les situations, toutes les répliques se prêtent à une double, triple ou quadruple perception.

Tout à fait d’accord : une comédie que l’on comprend comme bon il nous semble. Mais suffisamment légère pour rassembler un max de monde sur un même fond, sur un même fond d’idées. Car là où les Jim Carrey ou Will Ferrell jouent de pathétiques personnages dont on veut se moquer ouvertement sans scrupules,  cette famille Hoover touche beaucoup plus la France ou l’Europe de par son traitement d’une famille américaine. La famille qui est en Europe une valeur à elle toute seule, et la source de bien des tabous qui font rire lorsqu’ils se voient tordre le cou dans un tel film !

         Pour un exemple parmi d’autres : le burlesque épisode durant lequel toute la famille s’applique à faire passer le corps du grand-père décédé par la fenêtre de l’hôpital. Au premier abord principalement destinée à l’effet comique, cette scène témoigne aussi de la solidarité retrouvée par le clan Hoover, qui se rassemble dans l’hommage au grand-père. Une lecture plus subtile peut envisager ce passage comme une critique des conventions entourant la mort dans nos sociétés, le cadavre étant considéré comme un objet quasiment intouchable et sacré : voir les Hoover le porter comme n’importe quel paquet arrache un petit rictus d’horreur. Et pourtant, ils ont bien raison de vouloir terminer leur aventure avant de revenir à la tristesse et au deuil qui sont de circonstance. Le film questionne les préjugés et les conventions avec brio.

Cette séquence là m’avait définitivement fait dire que le film était vraiment très, très bon ! Ce klaxon resté bloqué, ce flic qui arrête la famille pour cela. Et après quelques secondes on où se dit qu’ils sont vraiment mal, parce qu’ayant le cadavre de leur grand-père dans le coffre, enrobé dans un drap d’hôpital,  voilà que le flic exige d’ouvrir le coffre. Et comble d’absurdité hilarante : il ne voit rien d’autre qu’un magazine porno, dont il ose faire l’éloge de la pin up de couverture. Faisant presque un monologue, tout sourire, sur elle, que personne n’oserait dès lors qu’il s’agit d’être un flic dans le cadre de ses fonctions, voire de parler ouvertement de sexe, de porno comme il le fait. Et puis s’enflammer pour ça est totalement ‘‘n’importe quoi’’. Ne pas sanctionner la famille et oublier cette contravention, pour la seule raison qu’elle avait le bon goût d’avoir un mag porno dans le coffre…et complètement hilarante aussi !

         Voilà, pour finir, je dirais simplement que j’ai rarement vu un film aussi drôle que Little Miss Sunshine, qui parvient à être subtil, décalé, spirituel du début à la fin. Un feel good movie grand public comme on en voit rarement, mais aussi une œuvre reflet d’une Amérique que l’on a peu l’occasion de voir au cinéma, cette Amérique qui ignore l’individualisme primaire et le culte rigide et hypocrite de la réussite sans pour autant se réfugier dans la niaiserie. Et ça, ça fait un bien fou !

 



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