
Avant-goût Ronit Elkabetz, la plus reconnue des interprètes israéliennes, simplique à
fond dans ce film. Déjà atypique, son interprétation concourt à cette atmosphère
décalée, burlesque et profondément humaine de La Visite de la fanfare. Lensemble
des actrices et acteurs sont sur la même longueur donde. Une cohésion que je navais
pas revu depuis Little Miss Sunshine. Un plaisir ! Pour lannée 2008, les
autres réalisateurs et acteurs nont quà bien se tenir : La Visite de la fanfare nous chante
une mélodie indéboulonnable
Pitch
Situation
improbable, incongrue que de voir la fanfare de la police égyptienne débarquer
en Israël, sans avoir de quoi manger ni savoir où dormir. On les a laissés là. Un
problème dorganisation, en clair. Leur concert est pour le lendemain. Perdus,
ils finissent par trouver un hébergement chez une restauratrice, au beau milieu
dune ville elle aussi
perdue.
Avis lémotion se mélange petit à petit à un burlesque admirable. Eran Kolirin,
metteur en scène, use dartifices visuels pour provoquer le décalé, le sourire
du spectateur. Du coup, tous les acteurs paraissent formidables. Un comique de
gestuelle que Kolirin dessert à merveille, avec sa caméra plan large. Ce qui
fait tout de suite rire, cest cette dégaine « propre sur eux » de ces
musiciens égyptiens. Le contraste est radical, avec lenvironnement dans lequel
ils débarquent. Un point isolé dIsraël. Bien que propre sur eux, voilà que lun
deux est pris pour un mendiant : on jette une pièce dans son képi, tandis
quil est assis !
Ce jeune
violoniste qui chante des mots damour à la guichetière de laéroport, tout en
pathos. Admirable de contraste ! On retrouve une efficacité toute « little
miss sunshinienne ». Savamment dosé, lhumour burlesque vient par petite
piqûre. Faisant passer très vite du pathos au sourire, voire, selon certaines
séquences endiablées, au rire aux éclats. Si vous ne soupçonniez pas les
talents de Ronit Elkabetz, star du cinéma israëlien, alors foncez ! Elle
est là encore admirable de bonne volonté. Son jeu subtil, léché, en dit long
quand elle ne parle pas. Quand elle parle, son timbre de voix rauque et
son accent font le reste. Son allure mélangeant la bonhomie dune célibataire
endurcie, à la grâce dune très belle femme, prennent le relais parfois. Ronit
Elkabetz nest plus seulement, selon moi, la grande actrice israélienne, mais
une très grande actrice.
Il
a fallu quelle soit au scénario pour que je me décide à aller voir La Visite de la fanfare. En définitive.
Quelle sengage comme elle la fait, dans un film totalement déboussolant sur
les relations israëlo-palestiniennes, est remarquable de sa part. Cette ambiguïté
se fait sentir très tôt. Entre des musiciens égyptiens crispés, ridés et mal à
laise. Et cette restauratrice admirable de bonne volonté pour lancer la
conversation. Un film très humain, et lhumour y participe grandement. Eran
Kolirin estampillant de suite ce film aux prémices lourds, dune atmosphère
légère, dapesanteur. Prétexte à toutes les subtilités. Encore quil faille que
les acteurs suivent. Que le metteur en scène sache les diriger et les associer.
Travail
réussi de bout en bout. Un régal. Un vrai plaisir de cinéphile. Une petite
fable magnifique. Des acteurs aux rôles bien trempés. Ils se complètent
formidablement. Donnant à La Visite de
la fanfare une mécanique indéboulonnable. Le film du moment. Surtout, nhésitez
pas. Foncez !!
Le minimalisme et lhumanisme de Eran
Kolirin
Kolirin
cherche très vite le minimalisme. Il épure sa caméra. La pose. Il en dit long à
chaque plan. Cherchant dabord le pathos. Il met très vite la deuxième vitesse :
le burlesque débarque. Plans fixes. Plans larges. Les acteurs nont quà bien
se tenir. Les quatre plus présents dentre eux sont dans de la performance dacting.
Assurément.
Ce genre de rôle exige quon prenne sur soi. Quon mette entre
parenthèse bien des rudiments quon a savamment appris sur les tournages
précédents. Kolirin cherche à filmer lhomme, lhumain. Point de place pour les
artifices inefficaces. Ils sont tous mis au service dun portrait. Chaque
personnage est atypique. Les réunir, et en faire un groupe se sublimant, relève
dun vrai talent de la part du metteur en scène Eran Kolirin. Ce film, cest
surtout une sacrée bande dacteurs. Chacun joue à fond son caractère bien
trempé. Cest la rencontre entre ces caractères figés qui fait sourire. Cest
ce glissement de chacun deux au contact des autres qui rend ce film admirable
dhumanité.
Comme
Jonathan Dayton et Valerie Faris pour Little
Miss Sunshine, il faut là encore un jeune premier du cinéma, pour dérider
en beauté le 7ème art. Le sujet du film était dautant plus critique
et délicat, que Eran Kolirin fait déjà tout en grand. Quel premier film !
Bravo ! Une profondeur de script mêlée à une légèreté de façade, dont le
cocktail est détonant. Comment aurions-nous pu mieux affabuler sur le climat
israëlo-palestinien que là ? Un cinéma israélien qui commence à toucher lEurope
en plein cur. Ronit Elkabetz est encore de la partie, dailleurs. Chapeau pour
sa bonne volonté !
Jeu dacteurs
Sasson Gabaï (Toufik, chef de la fanfare) :):):):(
Saleh Bakri (le plus jeune de la fanfare) :):):):(
Ronit Elkabetz (la restauratrice israëlienne) :):):):)
Khalifa Natour (Simon) :):):):(
Lensemble des autres acteurs, seconds rôles
compris, jouent tous très juste. A noter car cest rare !