Maradona par Kusturica (Emir Kusturica -mai08)
Pitch
Pendant trois ans, Emir Kusturica a tenté de filmer, dinterroger Maradona sur son histoire personnelle, du football à la dope, sans passer bien entendu par son superbe palais plaqué or napolitain où les prostituées circulaient sur des rails, et où lhomme ne parlait quen son nom et pour son nom. Cest une hagiographie de Maradona, consensuelle et teintée de politique.


Monsieur Himself va meubler son film tout du long. Avec dinsignifiantes séquences où il invente le « temple maradonien », une superbe religion monumentalement dressée en lhonneur du vainqueur du Mundial de Mexico en 86. Les acteurs y font de lhumour de très mauvaise facture, ils sy marient pour de faux sur la pelouse du Bomboniro (stade fondé à Buenos Aires en l'honneur de Diego Armando Maradona). Monsieur Himself lance des séquences clins dil dautopromo pour Chats noirs, Chats blancs, de temps à autre. Comme si cela avait avoir avec la carrière de Maradona.
On trouve aussi, au menu des ameublements, dautres séquences hors sujets, où Kusturica sort 10 minutes de poésie sur le tango argentin. Les meilleurs de ces entrechats seraient les séquences danimation où lon voit Maradona faire ridiculiser lAngleterre et ses plénipotentiaires divers et variés, de Tony Blair à Margaret Thatcher en passant par la Reine dAngleterre. Dailleurs Maradona ne parlera quen des termes politiques dès quil lui faut parler de la demi-finale Angleterre-Argentine de 1986 : dans sa bouche cela devient une guerre des Malouines bis. George Bush est la dernière cible de ces moments de dessin animé incorporé au documentaire.

Tout ce quon sait déjà sur Maradona, est dans ce documentaire. Sauf que ses filles auraient parlé à sa place cela aurait été pareil. Bien quelles soient vraiment sublimes. Echec total en terme de documentaire. Un visuel vomitif selon les critères dun long métrage. Restent ces buts qui sont passés et pour certains repassés en boucle. Un non-film ! Kusturica botte en touche lui aussi. Cest vide de sens comme de forme !
Kusturica a décidé de donner un angle général à ses interviews.

Tatoué dun Che Guevara, Maradona est montré sous un jour totalement anti-capitaliste. Les sarcasmes anti-américains vont bon train. Laltermondialisme nest pas loin. Mais sil était vraiment là non seulement pour la forme, mais pour le fond, Maradona aurait pu être montré sous un jour plus sincère, plus humain et authentique. Au lieu de cela, tout est une mascarade. Et cette opposition aux Etats-Unis capitaliste reste une vraie coquille vide.

Les discussions sont explosées tout au long du film, entrecoupées de séquences abjectes ou vomitives. En condensé, Maradona occupe 15 minutes de temps de parole, avec un fort ego. Quand à Kusturica il meuble comme il peut, côté football cest incompétent, côté « nouveau regard » sur lhomme portraitisé, cest vide de sens ! Ses métaphores cinématographiques sur Maradona, il peut se les garder.
Il reste des images marquantes, notamment celles de ses buts, et son retour à Naples en 2005, où le bain de foule vire à lhystérie collective. Il a fuit en van. Nous aussi, fuyons !