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Maradona par Kusturica (Emir Kusturica -mai08)

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Le réalisateur aux deux pieds palmés, Emir Kusturica, a trompé tout son monde, en faisant croire au jury du festival de Cannes qu’il avait sa place cette année, même en hors compétition. Son film est une foutaise, Maradona y est un prétexte, un chuchotement, un bruit de couloir. Le jury cannois a sélectionné un ramassis d’insignifiances. Amateurs de football veuillez préférer les bons vieux documentaires diffusés en boucle sur les chaînes du satellite. Amateurs de documentaire, veuillez lire plutôt des biographies, des magazines consacrés au Pibe de Oro plutôt que de se coltiner ce contenu sans fond, ce fond sans contenu. Amateurs de cinéma, veuillez opter pour de vrais films avec une histoire, car celle-ci n’est pas consacrée à qui vous croyez, mais à Emir Kusturica himself.

Pitch
Pendant trois ans, Emir Kusturica a tenté de filmer, d’interroger Maradona sur son histoire personnelle, du football à la dope, sans passer bien entendu par son superbe palais plaqué or napolitain où les prostituées circulaient sur des rails, et où l’homme ne parlait qu’en son nom et pour son nom. C’est une hagiographie de Maradona, consensuelle et teintée de politique.


L’entrée en matière est nombriliste. Emir Kusturica, musicien vif et racé, et réalisateur de renom, annonce en voix off le pourquoi de son documentaire, sur fond de concert donné by himself. Monsieur Himself va continuer sur ce chemin tortueux. Emir Kusturica. Wild Bunch DistributionIl meublera son film en se filmant lui-même dans son bus stationné en vain devant le domicile d’un Maradona qui refuse de décrocher un mot. Ou dans un ascenseur qui le mène enfin vers une première rencontre. Sauf que Kusturica est une huître devant la caméra quand il est une perle derrière.
Monsieur Himself va meubler son film tout du long. Avec d’insignifiantes séquences où il invente le « temple maradonien », une superbe religion monumentalement dressée en l’honneur du vainqueur du Mundial de Mexico en 86. Les acteurs y font de l’humour de très mauvaise facture, ils s’y marient pour de faux sur la pelouse du Bomboniro (stade fondé à Buenos Aires en l'honneur de Diego Armando Maradona). Monsieur Himself lance des séquences clins d’œil d’autopromo pour ‘‘Chats noirs, Chats blancs’’, de temps à autre. Comme si cela avait avoir avec la carrière de Maradona.

On trouve aussi, au menu des ameublements, d’autres séquences hors sujets, où Kusturica sort 10 minutes de poésie sur le tango argentin. Les meilleurs de ces entrechats seraient les séquences d’animation où l’on voit Maradona faire ridiculiser l’Angleterre et ses plénipotentiaires divers et variés, de Tony Blair à Margaret Thatcher en passant par la Reine d’Angleterre. D’ailleurs Maradona ne parlera qu’en des termes politiques dès qu’il lui faut parler de la demi-finale Angleterre-Argentine de 1986 : dans sa bouche cela devient une guerre des Malouines bis. George Bush est la dernière cible de ces moments de dessin animé incorporé au documentaire.

Diego Maradona. Wild Bunch DistributionMaradona ne se livrera jamais à la caméra de Kusturica Il se servira de son humour, comme il l’a fait toute sa vie avec les journalistes, pour enfouir une énième fois ses secrets. La cocaïnomanie par exemple. Il en parle sans humanité, sans remords, sans chaleur. Il cherche des mots qu’il ne trouvera jamais quand il lui faut expliquer son coma. Il botte en touche avec une pirouette humoristique lorsqu’on lui propose de parler de sa famille.

Tout ce qu’on sait déjà sur Maradona, est dans ce documentaire. Sauf que ses filles auraient parlé à sa place cela aurait été pareil. Bien qu’elles soient vraiment sublimes. Echec total en terme de documentaire. Un visuel vomitif selon les critères d’un long métrage. Restent ces buts qui sont passés et pour certains repassés en boucle. Un non-film ! Kusturica botte en touche lui aussi. C’est vide de sens comme de forme !

Kusturica a décidé de donner un angle général à ses interviews. Diego Maradona et Emir Kusturica. Wild Bunch DistributionIl tourne très souvent autour du même pot : Maradona et la politique. On en bouffe à toutes les sauces. Joao Havalange et Sepp Blatter sont, à entendre Maradona, des diables qui ont décidé en haut son éviction pour dopage du mondial 94. Les amis du Pibe de Oro sont les ennemis des Etats-uniens : Fidel Castro que l’on voit à plusieurs reprises notamment lors d’une rencontre avec le footballeur, mais aussi Hugo Chavez dont il partage longuement la pellicule lors d’un discours de masse.
Tatoué d’un Che Guevara, Maradona est montré sous un jour totalement anti-capitaliste. Les sarcasmes anti-américains vont bon train. L’altermondialisme n’est pas loin. Mais s’il était vraiment là non seulement pour la forme, mais pour le fond, Maradona aurait pu être montré sous un jour plus sincère, plus humain et authentique. Au lieu de cela, tout est une mascarade. Et cette opposition aux Etats-Unis capitaliste reste une vraie coquille vide.
Diego Maradona. Wild Bunch Distribution
son coup franc tiré en plein stade de l'Etoile Rouge de Belgrade et les séquences de ses plus beaux buts, les seuls moments potables du docu !

Les discussions sont explosées tout au long du film, entrecoupées de séquences abjectes ou vomitives. En condensé, Maradona occupe 15 minutes de temps de parole, avec un fort ego. Quand à Kusturica il meuble comme il peut, côté football c’est incompétent, côté « nouveau regard » sur l’homme portraitisé, c’est vide de sens ! Ses métaphores cinématographiques sur Maradona, il peut se les garder.

Il reste des images marquantes, notamment celles de ses buts, et son retour à Naples en 2005, où le bain de foule vire à l’hystérie collective. Il a fuit en van. Nous aussi, fuyons !



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La fièvre du samedi soir (John Badham -1976)

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La Fièvre du samedi soir est un réchauffé de « La Fureur de Vivre », en plus creux. Les moments de danse sont les seuls à imprimer le film comme culte, tandis que l’ensemble a mal vieilli. A l’instar de James Dean dans « la fureur de vivre », John Travolta devient star d’un coup d’un seul. La comparaison s’arrête là…
Collection Christophe L.

Pitch
Tony est le roi du "2001" (John Travolta), dancing où il se retrouve avec toute sa bande. Annette est amoureuse de lui, mais il n'a d'yeux que pour la belle Stephanie qui danse comme elle respire. Parallèlement, Tony, d'origine italienne, est encore sous l'autorité de sa famille qui ne cesse de le comparer à son serieux grand frère devenu prêtre.


La Fièvre du samedi soir ne débarque dans les cinémas lorsque le disco est mort, ou à son apogée, mais au moment où le disco commence à faire émules. En 1975, Donna Summer et son « Love to love you baby » entre dans la tête des charts américains (ventes de disques vinyles). Gloria Gaynor et les Bee Gees enflamment les discothèques de Harlem et du Bronx. En 1977, alors que le disco « s’électronise » quelque peu, et que Chic et Donna Summer débarquent, Saturday Night fever déboule et crée une vague encore plus gigantesque. Faisant 25 millions de billets vendus, ce film reste classé 24 semaines durant en tête du box office US. Il crée une star du moment, le danseur John Travolta, et lance celui-ci dans une carrière d’acteur remarquée. Sortant le 14 décembre 1977, "la Fièvre du samedi soir" enflamme une année 1978 elle-même gorgée de la soif disco. Les records tombent en matière de ventes de disques.


S’il fallait garder à l’esprit un point positif du film, ce serait les moments de danse. John Travolta en piste, la musique des Bee Gees en fond, le parterre de spots au sol, et voilà qu’on est bougé dans notre sang. Pantalon pattes d’ef, chemise grand col ouvert, des accoutrements aujourd’hui démodés, à l’image d’un film qui a terriblement vieilli ! Aujourd’hui on ne demande plus la seule ambiance de jeunes en misère sociale et affective, pour traiter de la jeunesse désenchantée et de leur péril professionnel. On demande d’autres regards que cela. Pour l’époque, cet aspect négatif n’avait pas dû peser dans la balance. Le portrait d’une bande de jeunes à la loupe du sexe, de la discothèque et du désenchantement suffit pour plaire et attirer en masse. Il ne reste de ce triptyque que ces moments de danse, mémorables, tout le reste ne passe plus, depuis ce scénario creux jusqu’à la dépravation de l’image de la femme. Il s’agit de patienter toujours jusqu’au prochain numéro de danse de l’ami John ! Donc longuet et pompeux, en tant que film.

Pour l’époque, la claque est sonore et visuelle, dans ces moments de danse, mais aussi sociale. Cette jeunesse du Bronx désorientée, parle à la jeunesse américaine, en 1977/78. C’est le moment, en effet, où les discothèques deviennent accessibles au plus grand nombre, et où les DJ prolongent leur envie de samedi en samedi en passant du disco : musique pimpante et éclatante tournant à 120 battements par minute, et susceptible d’attirer et retenir plus de monde sur la piste, seul (e) ou en couple.
Mais aujourd’hui on ne peut que constater combien le côté « chronique sociale » pue le réchauffé ! En parallèle de cette innovation surprenante de faire une comédie musicale dansante, John Badham ressort un peu trop tout ce que James Dean avait exploité dans ‘‘La Fureur de vivre’’, 20 ans plus tôt !! 20 ans plus tôt, imaginez un peu…


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Réussir ou mourir (Jim Sheridan -fév06)

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Plus d'infos sur ce film

Il prend 9 balles dans le corps et la tête, mais ne meurt pas. Il est menacé de mort par un chef de gang, mais continue de tourner son rap et sa prose contre ce lascard. United International Pictures (UIP)50 Cent a un parcours décidément hors-norme. Ce portrait urbain, underground et ultra-moderne brossé par Jim Sheridan, est une réussite. Outre le talent du grand Jim Sheridan, on notera le grand charisme du portraitisé, 50 Cent, qui au-delà de l’archétype du rappeur, est un vrai modèle de vie pour des millions de jeunes banlieusards à l’échelle mondiale. Et vous comprendrez pourquoi en regardant ce film, ou en écoutant ses morceaux et sa prose…Ce biopic est saisissant


Pitch                                                

L’enfance plaquée or, l’adolescence dealeuse et l’éclosion du rappeur anti-mafia 50 Cent, dont les premiers morceaux de rap étaient signés sous le nom de Dangerous. 50 Cent. United International Pictures (UIP)Alors qu’il a renié son gang pour faire du rap, Dangerous manque d’être tué, sur ordre du chef de gang, qui refuse son affront. Prenant 9 balles dans le corps, notamment une lui perforant la mâchoire, Dangerous est réanimé en urgence à coup de décharges électriques, véloce, son cœur se remet à marcher. Ses balles lui sont retirées une à une. Il parvient à se rétablir et à coup de rééducation, il redevient maître de ses mots et son envie de rapper, qu’il tourne comme un poison contre les milieux mafieux. Son rap, il le tournera contre le chef de gang qui veut sa mort. Dangerous signera un jour pour un label reconnu, et se rebaptisera 50 Cent. Une autre vie…celle qu’il veut pour lui-même, sa femme et son enfant, celle qu’il mérite.

 

Réussir ou Mourir c’est l’histoire de ce gangster devenu rappeur, de ce rappeur qui compose ses textes et chante contre les gangsters qui lui ont enlevé sa mère avant de peut être lui enlevé sa propre vie… Un parcours hors-norme, qui donne un véritable corpus de messages et d’idées nobles. 50 Cent incarne à la fois ce jeune élevé par une mère « dealeuse de luxe », cet orphelin qui se met à battre le pavé des caïds pour gagner sa croûte, ce caïd qui finit par se dégoûter de ce quotidien déshonorant et se tourne vers le rap, ce rappeur qui ose défier le gang qui l’a élevé dans l’immoralité.

Bill Duke et Adewale Akinnuoye-Agbaje. United International Pictures (UIP)

Passons le défaut du film : la faiblesse du jeu d’acteur de 50 Cent. Mais il s’incarne lui-même, comme aucune autre personne n’aurait pu mieux le faire. Donc ce n’est plus un défaut, mais une vraie décharge d’authenticité impulsée au film ! Tout le reste n’est qu’une réussite…

Jim Sheridan fait là encore une réalisation pleine d’expérience, de sobriété et un souci d’aller à l’essentiel. Grand metteur en scène qu’il est (My Left Foot, Au nom du père, The Boxer, tous avec Daniel Day-Lewis), il permet au film de coller à la peau de 50 Cent. Et ce dernier porte le film de par son parcours hors-norme. Dealer dans la rue pendant l’adolescence, c’est une chose, mais faire du rap par conviction, et retourner sa prose contre ces même gangsters qui l’ont vu grandir en est une autre, véritablement plus noble. Un film attachant, qui mêle des moments d’enregistrements studios, au romantisme et au flingue. Une grande tranche de vie !

50 Cent et Terrence Howard. United International Pictures (UIP)

Il se dégage de Réussir ou Mourir, une atmosphère étrange, qui bien que les acteurs secondaires soient effacés ou peu inspirés, permet à 50 Cent de renouveler le formidable écho qu’il recueille dans le monde entier. 50 Cent associe en un seul charisme celui d’un revenant d’outre-tombe, d’un solitaire indestructible, d’un homme qui se bat pour ses idées jusqu’à son dernier souffle, d’un rappeur qui a su s’élever au-delà du gansta-rap. Il a composé ses textes non pas contre un système sociétal, mais contre une éthique malsaine, celle du chant des banlieues.50 Cent. United International Pictures (UIP) Il souffle le chaud contre les dérives mafieuses et dealeuses qui peuvent condamner un jeune à la marginalité, à la mort, mais maintenant qu’il a réglé ses comptes avec ce gang qui a voulu sa mort en vain, il est un rappeur susceptible d’être très écouté mondialement. Car il a les plus belles armes, la plus grande authenticité pour se permettre ce qu’il chante : il insuffle l’espoir pour les jeunes retenus en otage dans les banlieues, en soufflant le chaud contre les dangers de mort (drogue, mafia, marginalité prolongée, chômage, etc), mais aussi en soufflant un avis de tempête contre la léthargie dans laquelle les pouvoirs publics délaissent les banlieues.

 50 Cent. United International Pictures (UIP)



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Ghost in the Shell (Mamoru Oshii -1996)

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Au Japon, à une époque où internet est partout et dirige tout. L'esprit des êtres humains peut être contrôlé informatiquement par le biais du "Ghost", matérialisation cybernétique de l'esprit. Une femme cyborg, Motoko Kusanagi, est hantée par des questions existentielles sur sa vie. Elle fait partie d'une cyber-police qu lutte contre le crime informatique. Un jour, sa section retrouve la trace d'un hacker recherché, dont l'identité est inconnue, le "Puppet Master". Motoko veut alors, à ses risques et périls, pénétrer son esprit pour y trouver les réponses à ses questions qui la tracassent. Seulement, le Puppet Master est plus intelligent qu'on ne le pense. (source : le cinéphile allocinéen ARAKNYD, sur http://araknyd.blogs.allocine.fr/araknyd-52040-_Ghost_In_The_Shell_.htm)

 

Ghost in the Shell est culte ! Sa 2D rappelle les mangas que tous les jeunes regardaient sur la première chaîne dans ces années 90, à ceci près qu’il les relègue au stade de reliques d’un temps ancien, étrangement très lointain. Les moyens ne sont pas les mêmes pour son réalisateur Mamoru Oshii, qui fait là un prolongement graphique de sa série Akira, mais version grand luxe ! Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : je parle là d’une véritable œuvre d’art, qui serait comparable à la Vénus de Milo. C'est-à-dire selon un regard positif, une formidable création et animation symptomatique de son pays, le Japon, et révolutionnaire en son époque. Mais un bémol : une œuvre d’art terriblement audacieuse que sa lecture et sa compréhension se coupent de son public privilégié, les jeunes. Le scénario est complexe. Ses pauses philosophiques et métaphysiques sont lourdes de sens, et montrent une volonté d’en faire trop, ou d’en dire trop, de la part du réalisateur Mamoru Oshii.

Le culte qui baigne ‘‘Ghost in the Shell’’ est à replacer dans son contexte. En 1997 (1995 au Japon), il est parmi les films d’animation pour adultes exclusivement, le le premier à trouver un débouché commercial grand public. On imagine alors que son côté « claque visuelle » avait compté pour beaucoup ! La renommée est mondiale, ce long métrage d’animation est récompensé au Festival du film fantastique de Porto, et assied en Europe le phénomène de la japanimation. L’ère du manga naît en France par exemple. Le manga fait petit à petit des émules au-delà du cercle des aficionados. Il reste ce complexe scénario pour adulte, exclusivement pour adulte, et ce goût d’afficher une violence sanguinolente et déchiqueteuse, classant ce film d’animation comme totalement inadaptée aux enfants.



On se remémore sans aucun effort ces plans fixes du grand Tokyo, la bâtiments décrépis banlieusards de la capitale nippone, qui associés à cette musique énigmatique subjuguent.


Le scénario est mal maîtrisé de la part de Mamoru Oshii, qui peine semble-t-il à adapter à l’écran le manga original de Masamune Shirow, en ce sens qu’au cinéma on ne peut plus revenir en arrière de page en page, dès lors qu’on est perdu. Sans doute s’agit-il là d’une volonté d’immerger le spectateur, de le troubler, de l’envoûter, mais petit à petit, Oshii classe son œuvre comme trop élitiste.


Les thématiques entreprises par Oshii :

Le robot est le mauvais devenir de l’homme, la nécessité de la lutte libertaire au sein d'une société totalitaire en déliquescence, la peur de la déshumanisation du citoyen. Oshii fait des extrapolations sur des vérités scientifiques qui font dès aujourd’hui peur : les dangers et dérives de l’internet dès lors qu’un seul groupe, entité ou institution le contrôle ; les organismes de sécurité et prévention qui n’agiront jamais assez vite face aux contrebandiers. La sphère métaphysique développée dans ce film est terriblement vaste et pourrait se résumer ainsi : la liberté de l’homme s’arrêtera-t-elle là où commence celle du robot ? Une métaphysique récupérée depuis par les frères Wachowski dans ‘‘Matrix’’ ou Spielberg et Kubrick dans ‘‘A.I : intelligence artificielle’’, qu’on a retrouvé aussi dans ‘‘I-Robot’’.

Depuis ‘‘Ghost in the Shell’’, Mamoru Oshii a
continué de faire dans le métaphysique glaciale et hypnotique, avec notamment ‘‘Avalon’’ (2002) et ‘‘Ghost in the Shell 2 Innocence’’, qui en 2004 est présenté dans la sélection officielle du festival de Cannes, une première pour un film d’animation. A Cannes, on avait plutôt parlé d’une curiosité qu’autre chose.

Note "tous petits" :(:(:(:(
Note graphisme :):):):) ( +:) )
Note animation :):):):) ( +:) ))
Note doublage :):):):) ( +:) )
Note générale  :):):):)


***

Oshii et Miyazaki, deux maîtres de la japanimation face-à-face !

AlloCinéVersusPortrait de Hayao Miyazaki. Collection Christophe L.

Mamoru Oshii reste l’antithèse de Hayao Miyazaki. Il est un formidable essayiste de la forme, quand Miyazaki crée son fond de scénario de toutes pièces tout en animant son film. ‘‘Avalon’’ était tout comme ‘‘Ghost in the Shell’’ énigmatique au plan scénario, voire intemporel. Tandis que Miyazaki parvient à faire croire que ses mondes pleins de poésie et magie sont temporels, réels et palpables, grâce à un envoûtement et une mise en symbiose des cinq sens du spectateur (chez Miyazaki on tutoie le rêve, voire les passions enfantines, qui associent tous les sens dans des mirages confondant la réalité).

Deux styles différents, dont le second, plus discret et moins grave, mérite plus de respect. La violence de Ghost in the Shell n’a pas assez de sens, même pour le public adulte qu’elle tend exclusivement à viser. Il faut toujours donner un sens à la violence morale et physique, ou alors ne rien faire, dans le milieu de l’animation. Au milieu d’un scénario qui semble effroyablement lointain, pour nous humains, Oshii fait gicler du sang, fait tomber des têtes dont on se fout de leur mort. Oshii met en scène une société totalement inhumaine, pire encore, totalement sous l’empire des machines ou cyborgs. Au sein de la japanimation, le violent et le froid technoïdes de Oshii sont le complément de la rêverie et la tendresse divines de Miyazaki.

Selon deux chemins contraires, Oshii traite du crépuscule de l’homme, quand Miyazaki traite des origines de l’homme. Les deux sont dans l’abstrait, même si au grand damne de Oshii, celui-ci enveloppe cette abstraction d’une terrible réalité, glaciale, morbide. Une ère où les machines remplacent l’homme chez Oshii. Un rêve éveillé propice à tous les espoirs chez Miyazaki.

Décidément, Miyazaki reste pour moi le maître absolu en matière d’animation, car c’est justement là, la case la plus porteuse en matière de rêveries et d’espoir. Il n’y a rien de plus mortel qu’un enfant à qui on aurait retiré toute possibilité de rêver. Depuis Ghost in the Shell, Oshii s’est malheureusement abonné au festival de Cannes, et semble s’efforcer de jouer la carte de la révolution du pixel plutôt que celle du fond. D’où un avis commun venant des différents jurys de Cannes : c’est une curiosité ! On l’imaginerait à moins sur leur grand écran, et leur fauteuil confortable !!


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Ghost in the Shell 2 : innocence (Mamoru Oshii -2004)

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A film intelligent, critique intelligente. Il faut dire que Oshii me pousse dans mes retranchements. Plus encore que d'être inaccessible aux tous petits, à l'instat du premier opus, son Ghost in the Shell 2 est beaucoup trop élitiste, en même temps qu'il ne donne aucun moyen de se prendre au jeu : mettant en scène des machines à l'extrême, Oshii leur prête des questionnements éthiques, métaphysiques et philosophiques qui dépassent l'entendement.

Pitch                                
Batou est un cyborg vivant. Son corps entier a été fabriqué par l'homme. Seules lui restent des bribes de son cerveau et le souvenir d'une femme. Dans un monde où la frontière entre humains et machines est devenue infiniment vague, les Humains ont oublié qu'ils sont humains. Voici la débauche du "fantôme" d'un homme solitaire qui néanmoins cherche à conserver son humanité.


Tout aussi complexe dans son scénario, et légèrement meilleur au plan animation, Ghost in the Shell 2 Innocence ne crève pas l’écran autant que le premier opus. L’effet de surprise ne prend plus. On retrouve quand même cette séquence muette, musicalisée, faisant pénétrer dans un carnaval baroque, et étrangement glauque. Cette séquence rappelle celle du « grand Tokyo » de l’opus, elle est magnifique et envoûtante, mais la surprise ne prend plus.


La beauté et le rendu sont supérieurs au premier opus, mais l’histoire est terriblement froide, glaciale même, inhumaine. Cette séquence intervient au beau milieu d’un long-métrage d’animation au rythme très poussif, comme si Oshii maîtrisait mal son scénario, comme s’il contrebalançait l’artificialité de son scénario par un univers hypnotisant de beauté.
Les scènes montrant la complicité entre Batou et son chien sont affreusement lentes autant que décérébrées. Elles ne donnent aucun soupçon d’humanité au film.


Un manque criant d’humanité, au sens où le spectateur n’au plus aucun point d’accroche, aucun  personnage auquel se fier, s’identifier. La place aux sentiments et ressentiments n’est plus. Les robots sont au-delà d’être les maîtres du globe : ils se hiérarchisent entre eux. Les poupées et pantins sont dominés et haïs par les cyborgs. Ce qui finit de déconnecter totalement ce film du jeune public, une tendance lancée par le premier opus. Et ce qui rend ce film soporifique, car baignant dans une atmosphère de robotique qui nous paraît sans enjeux…

Le questionnement éthique ne prend donc plus dans cet opus 2, puisque les humaines ne sont plus. Le film se noie dans un déluge d’effets stylistiques, effets d’optique et autres amusements graphiques qui le placent comme un modèle absolu en terme de rendu. Mais l’histoire qui va avec est offensante. C’est très beau, mais on attend des choses qui n’arrivent pas.

Note "tous petits" :( :( :( :(
Note graphisme :):):):) (+:) )
Note animation :):):):) ( +:) )
Note doublage :):):):) ( +:) )
Note générale :):):):)


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Champions 2007 du blog

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Action

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Animation

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Comédie
Twentieth Century Fox France
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Comédie noire

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Comédie sentimentale

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Drame

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Fantastique/ SF

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Guerre
Affiche française. Warner Bros. France
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Histoire
Collection Christophe L.
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Histoire vraie

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Horreur

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Mafia

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Polar

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Psycho-drame
ARP Sélection
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Road-movie
Bac Films
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Thriller
Wild Bunch Distribution (challengers sérieux : Raisons d'Etat, L'Ultime Razzia de Kubrick, Série Noire de Alain Corneau)



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