Slumdog Millionaire (Danny Boyle -mars09)
Danny Boyle réalise un grand coup, fracassant, son multiple
oscarisé Slumdog Millionnaire accroche le spectateur de bout en bout, malgré le
« feu de paille » de son scénario. Derrière cette caméra virevoltante
se cache un véritable foutage de gueule ! A commencer par la petite
indienne qui joue le rôle de Latika dans lenfance, dont le scandale de sa
revente par son père vient déclore, puis dêtre réfuté. Cela pose la question
du statut social et du sort des figurants indiens du film de Boyle, cela démontre
une continuation au cinéma de décennies de colonialisme britannique dans
lempire des Indes, ainsi quun plagiat unilatéral de Bollywood, la plus grande
industrie cinématographique du monde.
Sous ses allures de vrai fond de
scénario, Slumdog Millionaire nest quun blockbuster calibré pour
émouvoir. Tout nest quimages en série sans fond de réalité, tandis que la
réalité du jeu dargent ou des enfants des bidonvilles, est érigée comme une
vérité absolue, sans échappatoires permettant au spectateur de conserver son
libre-arbitre, hypnotisé quil est par la réalisation et le montage. Très beau
coup commercial pour Danny Boyle, qui noubliera pas daccepter les
fleurs quon lui tend, tout en omettant de remercier les dépositaires de
Bollywood, le cinéma indien quil a plagié de par son scénario mièvre, jusquà
son rush final de happy end, finissant en danse typiquement bollywoodienne.
La plus grande industrie
cinématographique du monde plagiée par un Britannique ? Oui, et mal en
plus ! Cette love-story, et cette success-story font contrairement au
projet quils visent, la publicité des vices et maux de la société indienne,
ainsi que des vices de lHomme, dont larchétype de réussite sociale est réduit
à un homme qui a une femme quil aime et qui laime, et qui a plein dargent
pour achever la reconquérir. Quant au cheminement pour y parvenir, et bien il
se résume à cela : les questions auxquelles il faut répondre à Qui Veut
gagner des millions, sont aussi importantes que les maux que lon traverse dans
son enfance passée dans les bidonvilles, sur le même plan dimportance. Un
scénario tout simplement affligeant et socialement dangereux, rattrapé par une
forme aguicheuse. Un produit dérivé de la télévision poubelle ! Un miroir
des vices et soumissions de lâme face au matérialisme !
Entre un scénario tiré dune
histoire vraie et une histoire vraie, le mieux est toujours le second,
non ? Et bien Danny Boyle réussit le pari insensé, de vendre du vrai au
spectateur, alors que tout est en bois, hormis cette success-story dun ancien
des bidonvilles qui remporte le Qui veut gagner des millions indien. Une
participation victorieuse au Qui veut gagner des millions indien qui comme fil
rouge de deux heures, se voit agrémenter dimages et de caméras virevoltantes
narrant lInde populaire comme ce nest pas permis, celle des rues, de
lenfance esclavagisée, de la pauvreté, de la misère humaine et ses réseaux de
délinquances et prostitutions. Et Hollywood a souri à cela, accordant huit
statuettes, alors que cette sombre histoire ne donne aucuns échappatoires au
libre-arbitre du spectateur, engoncé quil est dans son siège.
Concernant lInde des rues et des
bidonvilles, il faut avouer que ça sonne le réalisme absolu, sauf que Danny
Boyle noffre aucunes alternatives, cest tout mauvais et miséreux, rien
dautre de mieux sous le soleil moite de lInde. La prestation des enfants est
tout simplement somptueuse, bien quils participent malgré eux, à un
mercantilisme et à une entreprise cinématographique capitalistique. Combien de
figurants ?!? Je vous le demande. Et pour quoi faire ? Pour un film
qui prétend faire du grand cinéma en partant de la vulgarité cupide dun jeu
télé. Slumdog Millionaire nest pas loin dêtre lenfant de tous les vices du
pouvoir de limage. Et pendant ce temps-là la fillette ayant campé Latika dans
lenfance (PHOTO), fait
Quand cest beau et bien raconté,
le cerveau reptilien de nous autres spectateurs, est censé tout accepter pour argent
comptant. Et le problème est là, le montage de ces deux histoires parallèles
est réussi : la love-story rattrapée au final par la victoire en direct à
la télévision. Lun nallant pas sans lautre. Or, cest un montage fumeux
entre deux histoires qui nauraient jamais du et pu se connecter en un même
laps de temps. Résultat ? Du grand spectacle sans limites de surenchères.
Un folklore indien, photographié dans ses pires maux de société, et caricaturé
à lextrême par un britannique Danny Boyle, qui décidément, propose de prolonger
le mauvais souvenir du colonialisme.
Combien de figurants
indiens ?!? Et participant à quelle
infamie concernant le tableau brossé de lInde ?! Bien malgré eux
Et que
dire de cette success-story, qui propose à vous tous lIdée que même si vous
avez tout raté dans votre vie, quil ne faille pas sinquiéter, car il reste
les jeux TV dargent pour vous tendre le bras à un moment ou un autre et vous
sourire enfin. Bah oui, car si ce jeune indien le peut, vous aussi, alors
croyez-y ! Fable totalement erronée et dangereuse sur la réussite sociale
et les moyens humains pour y parvenir, Slumdog Millionaire couronne
lArgent-Roi comme le surpuissant facteur qui écrase tous les maux sur son
passage, et qui répare tous les problèmes. Et tout cela peut commencer grâce à
un jeu télévisé dargent, qui est ainsi mis sur le piédestal de la réussite en
tout point. Et le problème est que grâce à son montage hypnotique, clippé et
audacieux, ce film ferait manger lensemble de cette farce sur lamour de
prince charmant et largent réparateur, à des spectateurs parmi les moins
cupides et naïfs dentre tous !