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Slumdog Millionaire (Danny Boyle -mars09)

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Plus d'infos sur ce film

Pathé DistributionDanny Boyle réalise un grand coup, fracassant, son multiple oscarisé Slumdog Millionnaire accroche le spectateur de bout en bout, malgré le « feu de paille » de son scénario. Derrière cette caméra virevoltante se cache un véritable foutage de gueule ! A commencer par la petite indienne qui joue le rôle de Latika dans l’enfance, dont le scandale de sa revente par son père vient d’éclore, puis d’être réfuté. Cela pose la question du statut social et du sort des figurants indiens du film de Boyle, cela démontre une continuation au cinéma de décennies de colonialisme britannique dans l’empire des Indes, ainsi qu’un plagiat unilatéral de Bollywood, la plus grande industrie cinématographique du monde.

 

Pathé DistributionSous ses allures de vrai fond de scénario, Slumdog Millionaire n’est qu’un blockbuster calibré pour émouvoir. Tout n’est qu’images en série sans fond de réalité, tandis que la réalité du jeu d’argent ou des enfants des bidonvilles, est érigée comme une vérité absolue, sans échappatoires permettant au spectateur de conserver son libre-arbitre, hypnotisé qu’il est par la réalisation et le montage. Très beau coup commercial pour Danny Boyle, qui n’oubliera pas d’accepter les fleurs qu’on lui tend, tout en omettant de remercier les dépositaires de Bollywood, le cinéma indien qu’il a plagié de par son scénario mièvre, jusqu’à son rush final de happy end, finissant en danse typiquement bollywoodienne.

 

Dev Patel. Pathé DistributionLa plus grande industrie cinématographique du monde plagiée par un Britannique ? Oui, et mal en plus ! Cette love-story, et cette success-story font contrairement au projet qu’ils visent, la publicité des vices et maux de la société indienne, ainsi que des vices de l’Homme, dont l’archétype de réussite sociale est réduit à un homme qui a une femme qu’il aime et qui l’aime, et qui a plein d’argent pour achever la reconquérir. Quant au cheminement pour y parvenir, et bien il se résume à cela : les questions auxquelles il faut répondre à Qui Veut gagner des millions, sont aussi importantes que les maux que l’on traverse dans son enfance passée dans les bidonvilles, sur le même plan d’importance. Un scénario tout simplement affligeant et socialement dangereux, rattrapé par une forme aguicheuse. Un produit dérivé de la télévision poubelle ! Un miroir des vices et soumissions de l’âme face au matérialisme !

 

Pathé DistributionEntre un scénario tiré d’une histoire vraie et une histoire vraie, le mieux est toujours le second, non ? Et bien Danny Boyle réussit le pari insensé, de vendre du vrai au spectateur, alors que tout est en bois, hormis cette success-story d’un ancien des bidonvilles qui remporte le Qui veut gagner des millions indien. Une participation victorieuse au Qui veut gagner des millions indien qui comme fil rouge de deux heures, se voit agrémenter d’images et de caméras virevoltantes narrant l’Inde populaire comme ce n’est pas permis, celle des rues, de l’enfance esclavagisée, de la pauvreté, de la misère humaine et ses réseaux de délinquances et prostitutions. Et Hollywood a souri à cela, accordant huit statuettes, alors que cette sombre histoire ne donne aucuns échappatoires au libre-arbitre du spectateur, engoncé qu’il est dans son siège.

 

 

Pathé DistributionConcernant l’Inde des rues et des bidonvilles, il faut avouer que ça sonne le réalisme absolu, sauf que Danny Boyle n’offre aucunes alternatives, c’est tout mauvais et miséreux, rien d’autre de mieux sous le soleil moite de l’Inde. La prestation des enfants est tout simplement somptueuse, bien qu’ils participent malgré eux, à un mercantilisme et à une entreprise cinématographique capitalistique. Combien de figurants ?!? Je vous le demande. Et pour quoi faire ? Pour un film qui prétend faire du grand cinéma en partant de la vulgarité cupide d’un jeu télé. Slumdog Millionaire n’est pas loin d’être l’enfant de tous les vices du pouvoir de l’image. Et pendant ce temps-là la fillette ayant campé Latika dans l’enfance (PHOTO), fait la Une des tabloïds britanniques, pour avoir manqué d’être revendu pour une bouchée de pain par son propre père. Reste à voir et savoir le sort auxquels sont aujourd’hui livrés les autre figurants désabusés du film de Boyle !

 

Pathé DistributionQuand c’est beau et bien raconté, le cerveau reptilien de nous autres spectateurs, est censé tout accepter pour argent comptant. Et le problème est là, le montage de ces deux histoires parallèles est réussi : la love-story rattrapée au final par la victoire en direct à la télévision. L’un n’allant pas sans l’autre. Or, c’est un montage fumeux entre deux histoires qui n’auraient jamais du et pu se connecter en un même laps de temps. Résultat ? Du grand spectacle sans limites de surenchères. Un folklore indien, photographié dans ses pires maux de société, et caricaturé à l’extrême par un britannique Danny Boyle, qui décidément, propose de prolonger le mauvais souvenir du colonialisme.

 

Dev Patel et Freida Pinto. Pathé DistributionCombien de figurants indiens ?!? Et participant à quelle infamie concernant le tableau brossé de l’Inde ?! Bien malgré eux… Et que dire de cette success-story, qui propose à vous tous l’Idée que même si vous avez tout raté dans votre vie, qu’il ne faille pas s’inquiéter, car il reste les jeux TV d’argent pour vous tendre le bras à un moment ou un autre et vous sourire enfin. Bah oui, car si ce jeune indien le peut, vous aussi, alors croyez-y ! Fable totalement erronée et dangereuse sur la réussite sociale et les moyens humains pour y parvenir, Slumdog Millionaire couronne l’Argent-Roi comme le surpuissant facteur qui écrase tous les maux sur son passage, et qui répare tous les problèmes. Et tout cela peut commencer grâce à un jeu télévisé d’argent, qui est ainsi mis sur le piédestal de la réussite en tout point. Et le problème est que grâce à son montage hypnotique, clippé et audacieux, ce film ferait manger l’ensemble de cette farce sur l’amour de prince charmant et l’argent réparateur, à des spectateurs parmi les moins cupides et naïfs d’entre tous !

 



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OSS 117 Rio ne répond plus (Michel Hazanavicius (avr09)

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Plus d'infos sur ce film  

Gaumont DistributionRetour gagnant pour Jean Dujardin, en un agent toujours des plus arriéré mental, sympathique au dehors, terriblement nigaud au-dedans. OSS 117 : Rio ne répond plus, a de quoi montrer à Gad Elmaleh et à Eli Semoun, comment s’y prendre en matière de comédie. Parce que pour rire, nul besoin de se forcer, il suffit de se laisser guider par ce nigaud d’OSS 117.

Pitch                                                                                                                     
Jean Dujardin. Emilie de la HosserayeDouze ans après Le Caire, OSS 117 est de retour pour une nouvelle mission à l'autre bout du monde. Lancé sur les traces d'un microfilm compromettant pour l'Etat français, le plus célèbre de nos agents va devoir faire équipe avec la plus séduisante des lieutenants-colonels du Mossad pour capturer un nazi maître chanteur. Des plages ensoleillées de Rio aux luxuriantes forêts amazoniennes, des plus profondes grottes secrètes au sommet du Christ du Corcovado, c'est une nouvelle aventure qui commence. Quel que soit le danger, quel que soit l'enjeu, on peut toujours compter sur Hubert Bonisseur de la Bath pour s'en sortir...

 

Jean Dujardin et Louise Monot. Emilie de la HosserayeJean Dujardin reprend le rôle là où il l’avait quitté en territoire musulman : dans la bêtise totale, entouré de faux-cons, de vrais cons et d’anges féminins brocardés par machisme et misogynie. Cette fois-ci, ce n’est plus les musulmans qui sont insultés, mais les Juifs, et puis il y a encore ces nazis, sans oublier les hippies, les femmes… En fait, OSS 117 cuisine dans sa grande bonté naïve, tout ce qui n’est pas français. Le machisme, le complexe de supériorité franco-français, la misogynie, l’antisémitisme, la ringardise, le narcissisme, le jeunisme d’un homme, OSS 117, viennent empêtrer le plus français des agents, dans une mission qui n’en avait pas besoin pour se résoudre d’elle-même, grâce au partenariat, charmant, de l’agent Dolorès (Louise Monot). Elle sera prise pour une secrétaire d’entrée de jeu, ce à quoi elle tentera de répondre avec modération : « nous allons travailler ensemble d'égal à égal ». Ce à quoi OSS 117 ne trouve rien de mieux à répondre qu’un roublard « et bien nous verrons ça lorsqu’il y aura quelque chose de lourd à porter ! ».

Jean Dujardin. Emilie de la HosserayeEt là, seuls les hommes rient dans la salle. Pas de panique, il y en aura pour tout le monde. OSS 117 c’est comme ça, ça diviserait en apparence, et puis non, ça devient un grand n’importe quoi au sein duquel on se laisse porter, en toute légèreté. Bien que les propos sont parfois salaces, espiègles, ils restent dans l’ensemble de tels prétextes d’intrigue, qu’on se prête au jeu du plus imbécile d’entre tous. Un homme beau, agent de son état, et se sentant tellement supérieur que le personnage met en avant, avec sourires et rires déclenchés en série, une incohérence totale, une imbécillité ambiante qui fait plaisir à voir et découvrir. Bien qu’il est su au cinéma, depuis le premier opus, que ce gars-là n’est fréquentable que si la mission l’exige, il fait entrer le spectateur dans un délire total, mêlant à l’envers, avec parodie et esprit burlesque, l’ensemble des poncifs que la sage James Bond faisait prêter au monde de l’agent secret. Plus largement, c’est l’ensemble des stéréotypes rétrogrades de la France d’un siècle, qui sont hissés au rang de fil rouge du scénario. Mais comme quoi, les imbécilités de OSS 117 font avancer sa mission aussi vite que s’il ne faisait rien.

Jean Dujardin. Emilie de la HosserayeD’ailleurs pour ne rien faire, cet agent infiltré du nom, ringard, de Noël Flantier, ne fait rien d’autre que de faire des avances à Dolorès, prendre des photos pour mieux coller à son personnage grand public de reporter. Sauf que d’entrée de jeu, son travail de discrétion est anéanti, et anéanti superbement, du à sa naïveté légendaire et son complexe de supériorité. On se la pète et on manque de discrétion totale lorsqu’on débarque dans l’aéroport de Rio, de quoi se faire repérer en beauté par les espions locaux. On roule des mécaniques à la piscine pour séduire, alors qu’on n’est pas foutu de finir le travail, en se faisant dessus du haut du plongeoir. On est fier d’avoir tué un crocodile, et on se bat moralement seul, pour pouvoir jouir de sa chair, au détriment des fruits proposés par miss Dolorès, tout en ne parvenant pas à le cuir à la broche, même au bout d’heure interminables…Alors que pour boucler ce sketche fameux, il faut rappeler que le crocodile est incomestible !

Pierre Bellemare et Jean Dujardin. Emilie de la HosserayeIl se croit séduisant, il se croit l’unique, le meilleur agent, et il est tellement égocentrique et arriéré, qu’il ne se rend même pas compte combien il est con. Et cette différence colossale entre l’être et le paraître provoque nécessairement les rires dans la salle. Non, vraiment, quelle que soit sa mission, OSS 117 devrait nous faire toujours rire, qu’il mette un pied sur une île vierge, où qu’il débarque au milieu d’une communauté de Hippies auquel il se permet une petite leçon de coiffure et de…cigarettes. Les siennes sont des vraies, les leurs lui sont étrangères, il se les prend à la légère, tout comme ce « BVP » (comme il dit après sa découverte) qu’il avalera comme on avale un bonbon. Non, vraiment, moins on le sent capable de réussir ses missions, ce lascar là, plus il les réussit, avec une facilité déconcertante que l’on doit, une fois de plus, au très bon travail scénaristique, et derrière la caméra, de Michel Hazanavicius, qui semble garder une longueur d’avance. Notamment en vue d’un 3ème OSS 117 qui va se faire attendre, au milieu des décombres de films comiques, que même les grands du one-man show nourrissent ces derniers temps.



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Hitler, la naissance du mal (Christian Duguay -2003)

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Robert Carlyle a tenté tous les efforts qu’il faut pour camper le rôle de Hitler, la remontée dans le temps est scrupuleuse à la date près et au phénomène près. Mais il n’y a aucune hiérarchisation entre les événements, aucune mise en valeur des impacts sur le cours de l’histoire d’une nation entière. Il manque de grands acteurs à ce film qui est obligé de survitaminer sa mise en scène et son montage, au détriment de la pause historique ou biographique. Il était préférable de sélectionner des éléments d’Histoire, plutôt que de tout confiner en un seul film.

 

Depuis qu’il est recalé à l’entrée d’une école d’arts jusqu’à son arrivée au parti, en passant par son gazage dans une tranchée de la Grande Guerre, il ne se passe qu’une maigre demi-heure. Et c’est comme cela jusqu’à la fin du film. Un film historique et biographique doit sélectionner des éléments et non tout dire et tout montrer. Il ressort en effet du film, une impression que rien n’est plus important qu’autre chose, dans le parcours de Hitler. Cela engendre des amalgames chez le spectateur. A ceci près, et c’est là que le film marque un point plus que dans le portrait d’Hitler, que la déliquescence de la république de Weimar et ses nouveaux partis d’après-Guillaume II, est très bien montrée.

 

Hitler la naissance du mal tire donc sa réussite de ce portrait des hommes politiques naufragés d’un régime tout entier : Ludendorff, Hindenburg. Ce naufrage étant démontré comme la source de l’ascension d’Hitler. Car s’il faut partir à l’envers, c’est-à-dire prétexter que c’est Hitler, par son aisance orale, qui a tout mis par terre, alors le film devient naïf. Et c’est pourtant ce qui frise petit à petit à la barbe des producteurs et du réalisateur, que de voir Robert Carlyle monopoliser l’histoire d’une nation à lui-seul.

 

Le portrait de la bourgeoisie de Weimar et des reliques politiques de la Grande Guerre (Ludendorff et Hindenburg) est curieusement réussi, quand le portrait d’Hitler est linéaire sans aucune mise en valeur d’un événement plus qu’un autre, en terme d’impact sur le cours son histoire personnelle. Les producteurs et le réalisateur sont donc restés incapables de donner un esprit humain à un Hitler qu’ils ont, eux aussi diaboliser. Ce qui fait tâche à côté de l’humanité, certes décadentes, qui ressort des gouvernants de Weimar. Un très gros problème d’articulations de ces trames scénaristiques entre elles (Weimar/Hitler), fait que le spectateur peut n’en comprendre qu’une, malheureusement sans l’autre. S’il s’attache à Hitler, il lui semblera tellement fou, qu’ils se demandera pourquoi les hommes de Weimar ne l’ont pas détecté ni fait arrêter. Si le spectateur s’attache à la déliquescence du régime de Weimar, il a quelques clés pour comprendre le pourquoi du comment d’Hitler. La solution étant maigre, dans ce film : considérer Hitler comme l’un des leurs, au milieu d’une république de Weimar puérile, jeunette et souffrant des années paternalistes et infantilisantes, de l’empire de Guillaume II. A noter que le pouvoir de séduction/fascination qu'eut Hitler auprès de l'électorat féminin est retranscrit comme les historiens du nazisme le traite (photo).



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La Firme (Sydney Pollack -1993)

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La Firme, ou l’adaptation réussie (c'est rare) d’un grandiose roman de John Grisham par Sydney Pollack. Techniquement du grand cinéma, pour un scénario aux multiples rebondissements...

 

Pitch                                        

A la fin de ses études de droit, Mitch McDeere, brillant élément, est sollicité par plusieurs grands cabinets d'avocats. Il fixe son choix sur Bendini, Lambert & Locke, qui lui offrent les conditions les plus avantageuses. En contrepartie, il devra, comme chaque membre du cabinet, fournir quelque quatre-vingts heures de travail hebdomadaire. Il ignore encore qu'il vient de vendre son âme au diable.

 

Tout jeunot qu’il est, Tom Cruise a fière allure en campant ce sortant d’Harvard. Recevant de multiples propositions d’embauches comme avocat, il va décider d’aller chez le plus offrant. La firme qui lui propose mercedes et maison offertes, et une vie de rêve, remporte le paquet. A l’aise dans ses baskets, le jeune avocat aux dents longues ne sera finalement jamais au bout de ses surprises, au sein d’une entreprise propre sur elle, mais aux membres pas tous blancs comme neige. Ou il garde son poste en se taisant, ou il utilise son savoir-faire d’avocat pour faire éclater la vérité ?

 

Sydney Pollack démontre une aisance dans les séquences à suspense. Il devient le Roi du film, passé la demi-heure : quand la vie rêvée devient un cauchemar. Passé la première demi-heure, le rythme monte petit à petit, pour ne jamais décroître, proposant des séquences plus ou moins longues d’espoir suivies de malaise, et vice versa. Avec au centre de l’échiquier, un Tom Cruise des plus jeunes, qui entame une manipulation de dossiers secrets de  sa firme, tout en mettant en place un plan diabolique au bout il n’en restera qu’un : la firme ou lui. Sydney Pollack parvient alors à se passer de toutes violences physiques, jouant davantage sur le torpeur du spectateur, qui se sent impliqué tout en restant impuissant. Le propre d’un thriller.

Mais La Firme garde quand même, parmi ses 2h30 de longueur malgré tout bien manœuvrée par Pollack, un début et une fin des plus oniriques. La mièvrerie du début ou plutôt la naïveté, associée à un happy end des plus injustifiés compte-tenu de la lourdeur poisseuse de tout le reste, font déjouer Pollack. Là où il est brillant dans le cœur du film, il peine à le lancer et chute sur la fin. C’est-à-dire que l’amour par moment sommaire au sein du couple formé par Jeanne Tripplehorn et Tom Cruise, redevient la pierre angulaire de l’happy end, lorsqu’il était une mièvrerie totale en début de film. Mais quelle qualité que le cœur de La Firme, avec ses personnages tous plus opaques les uns que les autres ! Le spectateur pense avoir misé sur le bon cheval et voilà que le personnage lui-même se dérobe sous son regard. A noter un Gene Hackman toujours aussi véloce lorsqu’il s’agit d’incarner le méchant tout désigné…à tort.



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La bande originale de Metropolis, film culte de Fritz Lang, retrouvée après des années de recherche

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La version originale de Metropolis, film muet en noir et blanc réalisé par Fritz Lang en 1926/27, a été retrouvée au Musée du Cinéma de Buenos Aires (Argentine). Les pellicules dénichées complètent de 25 minutes de film dont deux scènes phares, le film culte. L'une montre un taxi circulant dans la ville futuriste, l'autre une scène de dispute. Metropolis était sorti en Allemagne en 1927, dans une version de trois heures. le long-métrage reste quatre mois à l'affiche. Un incendie détruit les bobines originales, pendant la Seconde Guerre mondiale. Il ne subsistait qu'une version courte, aujourd'hui accessible en dvd. mais un distributeur argentin avait acheté une copie originale en 1928 ! Elle change plusieurs fois de mains avant de se retrouver dans les archives du Musée du Cinéma de Buenos Aires, qui suite à cette découverte fit découvrir ces nouvelles séquences en septembre, auprès d'une centaine de privilégiés. La fondation Murnau va restaurer cette bande retrouvée, en vue d'une projection événement à la Berlinale de début 2010 !

 

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Mon Voisin Totoro (Hayao Miyazaki -1988)

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Mon Voisin Totoro n’est pas mon préféré parmi les Miyazaki. La beauté magique de ce Japon du centre des terres, le côté chipie de ces deux sœurs ou l’aspect affectueux de la grosse boule de poils Totoro, font manquer à Miyazaki de plaire à la fois aux tout petits et…plus grands. Une rareté au sein de la filmographie du Maître, mais une splendeur en soi, sur le monde rural des hautes terres du Japon.

 

Pitch                                                                                         

Deux petites filles, Meï et Satsuki,Le Studio Ghibli quittent la ville pour s’installer à la campagne avec leur père. Tout les émerveille : la nature, les animaux et leurs nouveaux voisins. Elles découvrent en effet l’existence de créatures merveilleuses, les Totoro, drôles de personnages au ventre rebondi. Accompagnées de ces gardiens de la forêt, elles vont découvrir des passages secrets dans des arbres géants, voler en « Chat-Bus » et faire pousser des graines magiques.

 

Lorsque Miyazaki ne conte pas ses fables sur l’urbain, mais sur le monde rural, il semble perdre cet équilibre rare entre les captages des petits comme des grands, quand ses fables exclusivement urbaines rendent admiratifs les plus grands, tout en éveillant les petits. Ce qui retire une force à son univers.


Le Studio GhibliLe Studio Ghibli

 

Il faut plus encore que dans les autres Miyazaki, une vraie âme d’enfant pour apprécier à sa juste valeur Mon Voisin Totoro. L’effort de se transposer dans ses rêves d’enfant ne suffit pas toujours : ce long-métrage du Maître Miyazaki, est étrangement hors de portée des grands enfants que nous sommes tous. Nous redevenons ces grands enfants très vite, grâce à la réussite totale et l’émerveillement gigantesque procurée par ce Japon des terres, plein de vallons, collines, forêts et animaux de tout poil. Pour ensuite être doucement mis de côté. Le point fort du film est là : l’attachement à montrer exclusivement le Japon des traditions, celui de l’intérieur des terres, loin, bien loin du bitume des littoraux densément peuplés. 


Le Studio GhibliLe Studio Ghibli


 

Mais les propos sont relativement lents, suffisamment pour ne proposer aux adultes qu’un voyage magique certes, mais simple voyage, ô combien initiatique pour la plus jeune des deux soeurs ! Magnifique d'innocence, mais aussi d'espièglerie. Miyazaki réussit donc son coup, mais pâtit de son ciblage « tout petit » ainsi que de la longueur faible de son long-métrage. 


Le Studio GhibliLe Studio Ghibli


 

Ce qui ne change point, c’est la beauté du grain, la qualité de l’animation, et le vertige des sens qu’imposent Miyazaki à la conscience des spectateurs. De quoi passer une sereine soirée, une agréable et envoûtante nuit.



Le Studio GhibliLe Studio Ghibli


 

Note "tous petits" :):):):)( +:))
Note graphisme :):):):)( +:) )
Note animation :):):):)
Note doublage :):):):)
Note générale  :):):):)



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RESPECT MONSIEUR NOIRET !!!!

Publié le par keruit

 

Phillippe Noiret nous a quitté le 23 novembre 2006. La maladie a emporté un monstre sacré du cinéma français, le timbre de voix et l’élocution les plus charismatiques du cinéma français. Petite plongée dans la condition d’acteur de ce Philippe Noiret, petit mot d’un jeune cinéphile en hommage à une personnalité sage et modeste et un acteur légendaire.

 

 

 

 

Il s’emprégnait totalement de ses rôles

 

 

 

 

Du haut de ses 75 ans Philippe Noiret dit avec humilité qu’il est « une sorte d’oncle pour les gens qui me croisent, certains me disent que leur mère m’aime beaucoup…et maintenant j’en arrive modestement à toucher les plus jeunes dont certains me disent que leur grand-mère m’adorent ». Cela ne peut que faire sourire Philippe Noiret qui est toujours resté lucide sur son compte. Son ami de génération et éternel complice Jean Rochefort salue à ce titre son « infinie modestie ». Cela ne l’empêchait pas d’impressionner tout ces cadets qui apprenaient énormément à ses côtés le bref temps d’un tournage, tel Bruno Putzulu, Charles Berling, Pascal Elbé (Père et fils), Gérard Jugnot (Fantôme avec chauffeur) ou Lorant Deutsch (Les ripoux 3). Le tout premier film de Philippe Noiret annonçait un parcours filmographique hors normes : La Pointe Courte (1954). Pour ce tout premier rôle le voilà qu’il campait un rôle complexe dans un film particulier. Trop particulier peut être pour marquer ses grands débuts au cinéma. On commence à déceler chez lui sa pulsion de s’emparer totalement de son rôle. Manie qui ne le quittera plus jamais, faisant sans doute une des essences de son talent. Philippe Noiret s’imprégnera toujours longuement de ses costumes et tenues pour mieux camper ses personnages.

 

 

 

« On a été béni pendant 30 ans de ne pas avoir eu les producteurs sur le dos pour autre chose que de déjeuner ensemble ni d’avoir à faire le service après-vente, la promo d’un film au bout d’un tournage »

 

 

 

 

Philippe Noiret avait le sentiment de faire l’acteur, seulement l’acteur, loin des pressions commerciales et des obligations qu’on demande aujourd’hui à tout acteur. Ce n’est pas prétentieux de décrire une période du cinéma où Philippe Noiret s’inscrit lui-même parmi des acteurs qui pouvaient faire de l’art, du vrai, et camper les rôles sans perturbations extérieures, sans pressions autres que la sienne propre. Celle de devoir donner le meilleur de lui-même, celle de vivre le cinéma à l’état pur. Un acteur n’était à ses yeux non pas un commerçant, mais un artiste.

 

 

 

« Le metteur en scène est un maître d’œuvre pour lequel je suis un artisan »

 

 

 

 

Philippe Noiret s’imprégnait de ses rôles, et se plaçait tout entier au service d’un cinéaste. « Le metteur en scène est un maître d’œuvre pour lequel je suis un artisan ». Le cinéma redevient le 7ème Art à travers ses mots et sa pensée. Authentique « acteur » témoin d’un cinéma en perdition, Philippe Noiret ne s’est jamais laissé aigrir par son rapprochement vers la mort cinématographique, ni vers sa propre mort. Accordant sa confiance au jeune novice Stéphan Guérin-Tillié récemment dans Edy, accordant un peu de son expérience à Lorant Deutsch dans Les Ripoux 3, Philippe Noiret a eu de la bonne volonté dans ses dernières années de léger vide. Préférant donner de sa personne à défaut de ne plus trouver de rôles, Philippe Noiret n’a jamais vraiment souffert de sa rareté croissante au cinéma. Très humble, il se proposait comme personnage de grands-pères auprès de certains jeunes cinéastes mais à la vérité « je n’incite jamais quelqu’un à me confier un rôle…ce n’est pas dans ma nature ». Avec Père et fils, de Michel Boujenah, Philippe Noiret s’offre la possibilité de combiner tout ce qu’il recherchait dans son acting crépusculaire : humour, sagesse, apprentissage inconscient de la condition d’acteur à ses cadets Putzulu, Berling et Elbé, donner son talent au service d’un film qu’il a bonifié par son naturel irrésistible.

 

 

« La vie est un voyage. Un voyage est court, alors autant le faire en première classe […] parce qu’on reste au fond des privilégiés »

 

 

 

 

Quand Patrice Leconte le réunit lui et Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle dans Les Grands Ducs, en 1996, leur complicité d’acteurs cristallisée par la pellicule, leur savoir-faire et leurs rôles autobiographiques d’acteurs oubliés qui se donnent un coup de main pour relancer leurs carrières s’attire les foudres. L’autodérision sur leur propre condition d’acteurs sur la fin et la critique maîtrisée d’un cinéma qui ne veut plus d’eux reste légendaire. « Je ne sais pas de quoi souffre le cinéma français actuel…….peut être de jeunisme….mais est-ce une souffrance de donner sa chance à la nouvelle vague d’acteurs ? », se demanda Philippe Noiret. Toujours est-il qu’il avait toujours gardé un talent passionné qui pouvait toucher bien des générations. Il aimait ce qu’il faisait, et était soulagé de pouvoir en vivre durablement. Sa condition d’acteur ne fut jamais percutée par quelque souci matériel, financier ou existentiel que ce soit. Toujours humble, Philippe Noiret ne se considérait non pas comme un monstre sacré ou comme une star de cinéma mais comme un artiste autonome. « La vie est un voyage, affirmait-il. Un voyage est court, alors autant le faire en première classe […] parce qu’on reste au fond des privilégiés ». La première classe d’une condition d’acteur vécue dans sa pleine mesure, une condition d’acteur au cœur d’une vie qu’il juge comme réussie non pas parce qu’il est célèbre, ce qu’il ne rechercha jamais, mais plutôt parce qu’elle lui offrait la jouissance de vivre de sa passion tout en ne souffrant jamais de déplaire au public.

 

 

 

Bertrand Tavernier : « Phiphi est ce que je considère comme un acteur autobiographique…c’est à dire qu’il était facile de l’utiliser efficacement pour faire passer mes émotions, mes envies »

 

 

 

 

Philippe Noiret devint l’artisan attitré du metteur en scène Bertrand Tavernier. Ce duo donna vie à sept films dont le Coup de Torchon (1981) ; Autour de Minuit (1985) ou La Vie et rien d’autre (1988). «Philippe Noiret est ce que je considère comme un acteur autobiographique…c’est à dire qu’il était facile de l’utiliser efficacement pour faire passer mes émotions, mes envies », commente Bertrand Tavernier. Tous deux se sentent comme frères. « Bertrand est en quelque sorte mon frère cadet et mon frère aîné à la fois. Cadet parce que je suis 10 ans plus vieux que lui, aîné car je reste aux ordres d’un metteur en scène », avouait Philippe Noiret sur le plateau de + Clair, en avril dernier, devant Bertrand Tavernier qui était présent. Il remporte avec La Vie et rien d’autre son deuxième césar de meilleur acteur, en 1990, après Le Vieux Fusil. Philippe Noiret a tourné avec les plus grands cinéastes français, tout en s’ouvrant avec timidité au cinéma international (avec Cinema Paradiso il obtient tout de même en 1990 l’oscar du meilleur film étranger). Tourner avec les plus grands de son temps c’est un peu résumer son parcours mais parmi les plus grands citons chronologiquement Agnès Varda ; Louis Malle ; Gérard Oury ; Abel Gance ; Jean-Paul Rappeneau ; Jean Becker ; Philippe de Broca ; Alfred Hitchcock ; Yves Boisset ; Marco Ferreri ; Henri Verneuil ; Robert Enrico ; Bertrand Tavernier ; Alexandre Arcady ; Alain Corneau ; Claude Zidi ; Claude Chabrol ; Claude Berri ; Patrice Chéreau ; André Téchiné ; Patrice Leconte ; Bertrand Blier, etc…

 

 

 

 

 

Michel Audiard : « Philippe Noiret est un acteur à coffre, un acteur à voix, il est un formidable instrument de travail pour un dialoguiste ! »

 

 

 

 

 

 

 

« Je n’ai pas fait que des bons films, heureusement car ça serait inquiétant », pense-t-il ironiquement. « Je n’ai pas tourné avec Claude Sautet…mais il m’a dit un jour qu’il ne parvenait pas à trouver un rôle qui me corresponde. Cela m’a suffit pour être comblé ». Jean-Luc Godard non plus ne l’a pas fait tourner. « En matière cinématographique Jean-Luc Godard est un grand pervers, il a le goût de la destruction, sans être méchant bien entendu, mais il a cet attrait d’humilier les acteurs à un point que chez moi ce serait un point de non-retour. C’est toujours envisageable pour un acteur de se mettre à nu, mais je serai trop prétentieux si j’acceptais de tourner pour lui. Parce que cela voudrait dire que je relève un défi contre la mise en scène de Godard et que je m’estime capable de remporter ce défi. Or je pense sincèrement que c’est tout bonnement moi qui l’aurait perdu…ce défi ». Son charisme et sa voix singulière ont donc fait le bonheur d’autres cinéastes. Le plus grand dialoguiste du cinéma français Michel Audiard disait de Philippe Noiret qu’il « est un acteur à coffre, un acteur à voix, il est un formidable instrument de travail pour un dialoguiste ! ».

 

 

La seule fausse note du comportement d’acteur de Philippe Noiret est un détail ironiquement drôle. Il lui fallait ses repas à telle heure, entre midi et 14H sous peine de quoi il devenait électrique. Amoureux de la nature et de la bonne « bouffe », de la littérature ou de la sculpture, Philippe Noiret avait arrêté depuis la fin des années 90 de fréquenter les spectacles pour autre chose que de faire l’acteur. Il n’aimait pas se voir à l’écran, et ne trouvait plus de distraction dans des sorties théâtrales. Il jouait sans observer, il jouait sans regarder les rushs, prenant le risque de ne jamais voir en lui des imperfections que lui seul pourrait peut être déceler. Quel talent ! 

 

 

 

« Dans ce métier, rester dur de peau ne sert à rien, il faut rester vulnérable, modeste, fragile pour cultiver et pérenniser la sensibilité qui est en nous, et la communiquer comme il le faut aux spectateurs »

 

 

 

 

L’artiste Philippe Noiret cultivait sa modestie pour donner le meilleur de lui-même, de ses films d’auteur des années 50 à 80 aux seconds rôles des années 2000 en passant par les efficaces comédies des années 80-90. Et son secret de modestie et de longévité se révèle peut être en ces mots, qui sont naturellement les siens : « dans ce métier, rester dur de peau ne sert à rien, il faut rester vulnérable, modeste, fragile pour cultiver et pérenniser la sensibilité qui est en nous, et la communiquer comme il le faut aux spectateurs ».

 

 

Un très grand Monsieur du cinéma nous a quitté. Mais par le biais de ses 120 films, chaque cinéphile peut se consoler en s’avouant à lui-même qu’au travers de ces 120 films Philippe Noiret reste et restera avec nous pour longtemps.

 

 

 


 

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