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L'Infiltré (Giacomo Battiato -2010)

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L'infiltré par marc1756

Le réalisateur Giacomo Battiato : « Ces deux personnages, le manipulateur et le manipulé, le joueur d'échecs et le pion blessé, incarnent deux archétypes de la littérature et du cinéma d'espionnage. » Cela transpire John Le Carré, non ? Oui mais ça cause France !


   Pitch

Au début des années 1980, la France, et notamment Paris, est en proie à une vague d'attentats meurtriers sans précédent. Le 9 août 1982, une bombe explose chez Goldenberg, un restaurant juif de la rue des Rosiers. Bilan: six morts et vingt-deux blessés. Un homme est soupçonné d'avoir commandité cet attentat sanglant: Abou Nidal, le chef du mouvement palestinien Fatah-Conseil révolutionnaire. Les services secrets français, pour tenter de neutraliser la vague terroriste en France, décident alors de prendre secrètement contact avec lui, et d'en profiter pour placer un «homme de confiance» dans sa garde rapprochée.

Tout commence dans un camp d'entraînement d'Abou Nidal. Ce dernier, totalement paranoïaque (Salim Daw), teste les capacités de jeunes candidats qui veulent épouser sa cause. Il a ses méthodes : tortures et déstabilisation contre tous ceux qui faillissent. Parmi eux, Issam Mourad (Mehdi Dehbi). Une fois le test passé, trois d'entre eux sont envoyés à Paris pour préparer des actions terroristes, sous le couvert d'inscriptions en faculté. C'est ce jeune homme, Mourad, que la DST (services français intérieurs de contre-espionnage, en résumé) choisira de retourner et qu'elle désignera pour infiltrer le mouvement palestinien. Victime d'un chantage qui touche sa famille (on promet d'aider sa sœur malade), le jeune militant est obligé de se transformer en taupe.

La retranscription à l'écran de l'histoire vraie, tendue et « secret d'état » de l'infiltration du réseau terroriste d'Abou Nidal, un temps hébergé sur le sol libyen. Un jeune homme est mis la tête dans l'eau, sans ami ni ennemi durables, puisqu'il va glisser dangereusement comme agent double. Entre les camps d'entraînement d'Abou Nidal, le Paris des services de contre-espionnage français et de tout autre espion étranger, le jeune homme doit tenir. L'enjeu : une raison qui le dépasse, mêlant la question israélo-palestinienne qui le hante mais aussi des raisons diplomatiques trop hautes pour lui et que le spectateur est amené à comprendre. L'Infiltré permet l'infiltration du spectateur, ainsi que la lecture d'une géopolitique ombrageuse qui, en gros, fait du terrorisme une excroissance si maligne qu'elle impose une coopération internationale si elle doit être abattue. On saluera les performances de ces trois acteurs : Mehdi Dehbi, Jacques Gamblin, Salim Daw. Parce qu'ils transpirent impeccablement tout un ressort de manipulations psychologiques. C'est beaucoup trop court tout ça, malheureusement. Sans doute le format TV...



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Téhéran (Nader T. Homayoun -2009)

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Haut et CourtL'Iran serait soi-disant représenté dans ce Téhéran. Mais pourquoi un chef de réseau d'enlèvement d'enfants prend-t-il, pour tous les riches de Téhéran ? Où sont ceux qui réussissent à Téhéran ? Quelle est l'éducation de tous les autres enfants, infiniment nombreux, qui n'ont pas la malchance d'être enlevé ? Que représente finalement ce bébé enlevé dans la société iranienne ? N'importe quelle personne conduite devant la perte de son enfant, dans le monde ferait la même chose. Depuis quand le polar n'a plus à faire réfléchir sur la société, quelle qu'elle soit ? Où est passée l'objectivité de la presse spécialisée française face à de tels films universalisants ? Pourquoi l'enfance est encore instrumentalisée pour voiler le manque de courage des mots, des images et des propos dans Téhéran comme dans La Rafle ?

          Pitch

Ibrahim a quitté sa province et sa famille pour tenter sa chance à Téhéran. Mais dans cette jungle urbaine où tout se vend, tout s'achète, le rêve peut rapidement virer au cauchemar. Mêlé à un trafic de nouveaux-nés, Ibrahim plonge dans les bas-fonds de la ville, là où cohabitent prostituées, mendiants et mafieux en tout genre.

 

 

Haut et CourtL'encensement de Téhéran, par la presse française, ressemble à un opportunisme. Rares sont les films traitant de l'Iran. C'est un fait. Celui-ci est donc bien étrange de prime abord. Et cela se confirme tout du long. D'abord premier long-métrage de Nader T. Homayoun, il faut noter que cet inconnu dispose notamment d'une production française. La valeur de Téhéran réside dans son casting, authentique en effet, et dans le fait qu'il ait été tourné à la sauvage, à l'encontre des organes de censure iraniens. Mais cela n'engage pas pour autant ce cinéma « iranien » vers une sincérité toute persane. Tout commence brillamment, avec une demi-heure de présentation, tout au naturel, de différents personnages. Puis le film glisse dangereusement vers le fait divers : le genre de fait de société que vous retrouverez par exemple dans toutes les mégapoles urbaines du monde. C'est même une des nombreuses excroissances du fait urbain.

Haut et CourtOn se rend compte sur le tard que ce fait divers est le seul point de départ de l'intrigue. Or, un fait divers ne peut révéler la société qui l'a engendré que si le film part de la société vers ce fait, et non l'inverse. Aussi faut-il que cela soit bien fait. Téhéran a donc voulu partir de la société iranienne pour ensuite resserrer sur un fait divers. Mais où sont la société, l'identité, la culture iranienne, dans cette première demi-heure ?  Ce point de départ sociétal où est-il ? Étrange objet que Téhéran, puisqu'il donne à contempler toute l'innocence d'un bébé, ou à voir la misère d'une poignée d'hommes et femme sans jamais intercaler des moyens de comparaison. Où sont par exemple les senteurs de Téhéran et ses couleurs dans cette première demi-heure descriptive ? Le postulat de base où est-il ? Dans quelle société sommes-nous ? Alors comment voulez-vous ensuite montrer la réactivité d'une culture dite "iranienne", et laquelle ? Le monde entier se battrait pour l'innocence d'un bébé. Où est même la notion d'introspection, quand cette « ornière » générale réduit tout à une poignée d'hommes et femme isolés dans la capitale iranienne ? Pourquoi un chef de réseau d'enlèvement d'enfants prend-t-il, pour tous les riches de Téhéran ? Où sont ceux qui réussissent à Téhéran ? Quelle est l'éducation de tous les autres enfants, infiniment nombreux, qui n'ont pas la malchance d'être enlevé ? Que représente finalement, ce bébé enlevé dans la société iranienne ? Le spectateur sait très bien que n'importe quelle personne dans le monde, conduite devant la perte de son enfant  ferait la même chose. Et pourtant, voilà ce qu'on lui propose.

Autant privilégier la rébellion sincère proposée actuellement par The Hunter, de Rafi Pitts. S'il se rebelle et créé des « fait divers » en série, c'est qu'au moins il a une bonne raison. Un autre cinéma, celui de la cause, et non de la conséquence en somme. Pour finir d'être sincère, Téhéran a un grand quelque chose sur le plan de l'émotion, du grand cinéma qui amène ses éléments avec patience. Mais est-ce ce type de « photographie » sur l'Iran d'aujourd'hui, que l'on doit montrer au cinéma ? Et en tant que polar, pourquoi se prive-t-il étrangement de donner à réfléchir sur la société iranienne ? Où en est la presse cinématographique française, en terme d'objectivité ? Pourquoi  Jafar Panahi a-t-il été jeté en prison ? Les journalistes cinéma de France en parlent-ils au moins ? Est-ce là, le seul signal émis d'Iran que nous pouvons percevoir en Occident ? Répondre à la censure étatique iranienne, par une autocensure...voilà ce qu'ont couronné et sciemment appuyé les festivals de Venise, Angers et New-York. Or, la société iranienne n'est pas ce manichéisme Etat dictatorial / peuple assujetti. A Téhéran, des Iraniens vivent. Tout simplement. Téhéran n'est pas un cinéma du vivant.



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Malcolm X (Spike Lee -1992)

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La mort de Malcolm X par maracouja972

Les années 1960 aux États-Unis n'ont jamais été présentées comme la décennie des assassinats. Et pourtant... Spike Lee fournit un angle de plus à cette pierre angulaire, après Stone pour JFK ; Demme et LaGravenese pour Une décennie sous influence (Martin Luther King) voire bientôt Paul Greengrass pour un film sur l'assassinat de Martin Luther King.


                 Pitch

Une évocation de la vie de Malcom X (Denzel Washington) , leader du mouvement noir américain Nation of Islam : son enfance difficile à Omaha, son séjour en prison où il apprend à cultiver la fierté de sa race, son entrée dans l'organisation d'inspiration islamiste, son mariage avec l'infirmière Betty Shabazz, son pèlerinage à la Mecque et son assassinat le 21 février 1965 au cours d'un meeting.


Malcolm X Fr Part 2 : 2/6 par weshbynight

D'une durée monumentale, Malcolm X narre la vie d'un leader de la lutte contre la ségrégation raciale, totalement antinomique des messages portés par un autre, Martin Luther King. Au destin pourtant similaire... Malcolm X s'engage en effet sur un terrain d'affrontement racial, tandis que  M.Luther King véhiculait des messages d'apaisement et de brassage entre noirs et blancs. Dans les années 1960 aux États-Unis, la conjonction d'un appel général du peuple étasunien aux libertés et du maintien d'une situation sociale et ethnique datant d'avant-guerre, entraînèrent une animosité civile depuis les bus ségrégationnistes qui devinrent un terrain de lutte sociale jusqu'aux médias qui intensifiaient la réponse conservatrice venant d'en-haut. Deux mondes : celui du terrain, celui des forces au pouvoir. Comme si la Seconde Guerre mondiale n'avait servi à rien sur un plan moral, aux États-Unis, et qu'il s'agissait dans la tête des politiques, d'un phénomène de rues ignoré des masses ou que les masses devaient ignorer. Quand l'aspiration à une égalité des sexes rejoignait une aspiration à être citoyen à part entière. Martin Luther King, Malcolm X, et après ? Si, il y eut Nelson Mandela, délivré des geôles.

Spike Lee a voulu de la Warner Bros, obtenir les mêmes garanties qu'Oliver Stone pour son JFK. La durée est la même, l'engagement du réalisateur est similaire. Sur un front politique, Spike Lee assume en grand ce qu'il voyait déjà en grand : Malcolm X, qui rencontre l'islam en prison, ce dernier l'intériorise comme un levier d'émancipation citoyenne, et part prophétiser au nom de la Nation of Islam, la chute des blancs au profit des noirs. La Nation of Islam se fait ceinturer par les presses d'opinion US, sa voix publique Malcolm X s'émancipe pour tenter de sortir d'une stigmatisation des débats et  … s'isole.

Denzel Washington est en 1993, Ours d'argent du meilleur acteur lors du Festival International du Film de Berlin 1993 et MTV Movie Award du meilleur acteur. Nominé à l'oscar du meilleur acteur, il n'obtient pas la statuette. C'est un rôle de lieutenant-colonel qui est préféré : Al Pacino dans Le Temps d'un week-end. Autant rappeler que Spike Lee s'engageait sur un terrain rendu difficile dans les années 1990. On lit partout dans les rues montrées et mises en scène par Spike Lee, dans les meetings, dans les rapports d'hommes, la même tension autour d'une dignité à obtenir ou conserver, que l'on soit noir ou blanc. Malcolm X engageait une lutte au bout de laquelle il ne resterait qu'un : noir ou blanc. La position de Malcolm X est métaphorisée comme celle d'une créature envers son maître : même message, même méthode. Malcolm X est donc une parfaite réussite sur un champ historique de lecture : une époque est visitée par le spectateur, par l'entremise d'un homme qui fut un révélateur des positions et opinions.



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La Rafle (Rose Bosch -mars10)

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Gaumont DistributionUn respect historique certain, des pointes d'émotionnel parfois amenées mais franches de la part des acteurs principaux. Thierry Frémont et Mélanie Laurent deviennent des incontournables du cinéma français actuel. Denis Ménochet a un talent, il faudrait que des metteurs en scène autres que Tarantino ou Rose Bosch le montrent...ce talent.

Pitch  

1942. Joseph a onze ans. Et ce matin de juin, il doit aller à l'école, une étoile Jaune cousue sur sa poitrine... Il reçoit les encouragements d'un voisin brocanteur. Les railleries d'une boulangère.
Entre bienveillance et mépris, Jo, ses copains juifs comme lui, leurs familles, apprennent la vie dans un Paris occupé, sur la Butte Montmartre, où ils ont trouvé refuge. Du moins le croient-ils, jusqu'à ce matin de 16 juillet 1942, ou leur fragile bonheur bascule... Du Vélodrome d'Hiver, où 13 000 raflés sont entassés, au camp de Beaune-La-Rolande, de Vichy à la terrasse du Berghof, La Rafle suit les destins réels des victimes et des bourreaux. De ceux qui ont orchestré. De ceux qui ont eu confiance. De ceux qui ont fui. De ceux qui se sont opposés. Tous les personnages du film ont existé. Tous les évènements, même les plus extrêmes, ont eu lieu cet été 1942.

 

 

Thierry Frémont. Bruno Calvo - GaumontLe casting de rêve rejoint un réel engagement des acteurs, dans l'interprétation. La Rafle dispose de moyens considérables : comme ce gymnase peuplé de milliers de figurants. Et le film prend le temps de décrire un quotidien, puis un glissement inexorable de ce quotidien vers une fin. Le tragique enveloppe ainsi une certaine bonhommie chez certains personnages, ainsi que beaucoup d'innocences, du fait que la majorité des victimes montrées sont des enfants. Un petit tour de passe-passe idéal que ces enfants qui parlent, qui subissent. La Rafle évitait ainsi de laisser le soin aux publics adultes d'être jugé en-dehors d'un aspect cinématographique. La Rafle propose par contre un cinéma, en tant que tel, relativement moyen pour son genre historique : il est impossible de faire reposer une dramaturgie sur autant de personnages. Mais les propositions émotionnelles de certains interprètes comme Mélanie Laurent, forcent le respect, tout en élargissant la lecture des faits au combat des « Justes ».



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