TROIS ENTERREMENTS (Tommy Lee Jones -2005-)

Avant-goût sa portée humaniste est très puissante, grâce aux nombreux grands espaces qui jouent le 5ème homme, et grâce à un chemin initiatique âpre enduré par Barry Pepper. Mais dans lensemble le film déçoit par ses convenances, son rythme narratif lent et ses quelques partis pris dans le brossage des populations hantant la frontière mexicano-américaine. Si Trois enterrements est encensé par la critique et récompensé à Cannes 2005, le public la boudé dans les salles : 500 000 entrées totales sur toute la France. Qui a eu raison ? Qui a eu tort ?
Pitch un garde-frontière (Barry Pepper) assassine par mégarde un paysan mexicain, Melquiades (Julio Cedillo). Pete Perkins (Tommy L.Jones), contremaître de la région était ami avec la victime. Il se met à enquêter, trouve le coupable .puis lui impose de laccompagner jusquau village natal de Melquiades, isolé dans une nature mexicaine peu généreuse. Ils senfonceront tous deux au cur du Mexique, avec le cadavre de Melquiades à dos de cheval afin de lui offrir la dignité dun enterrement.
Avis autant le dire tout de suite, et nayons pas peur des mots : Trois enterrements est parfaitement calibré pour bien figurer à Cannes. Et dans ces cas-là toute la presse critique fait trop souvent corps avec le jury cannois. Il est calibré pour Cannes car il allie une grande qualité dans la photographie à un message humaniste. Personnellement ces deux points mont plu. Mais je dois avouer que la portée humaniste est traitée parfois avec beaucoup trop de convenances, point de vue qui sest confirmé quand jai vu le dénouement final. Le côté esthétique est indéniablement de qualité et use des paysages pour donner une âme aux immigrants mexicains, une âme entre rudesse (climat) et désolation (la situation économique de la frontière mexicano-américaine / la vie austère des Mexicains chez eux au Mexique / comment sont perçus ceux qui parmi eux tentent de passer la frontière et sinstaller aux Etats-Unis). La frontière mexicano-américaine est celle au monde qui démarque le plus grand contraste entre deux niveaux de vie : lAmérique dun côté, riche, objet de tous les rêves mexicains et pourvoyeuse de travail et donc de dignité, le Mexique de lautre côté dont la zone frontalière sest dépeuplée avec le temps, ne laissant comme reliques dans sa campagne rude à perte de vue, que des vachers et des familles déchirées et sans chef de famille. Tommy Lee Jones à la production, et Guillermo Arriaga au scénario, ont choisi de jouer la carte du « western humaniste ». Lhomme américain et sa modernité y est le mal, les immigrants mexicains voire les Mexicains dans leur ensemble sont les bons, les justes (parfois aux limites de la sainteté). Cest selon cette dialectique quun fait divers est traité sur toute la longueur du film : lassassinat dun immigrant mexicain puis le chemin punitif imposé par Tommy Lee Jones à Barry Pepper, lauteur du crime. Ce fait divers permet de brosser le portrait dune génération dhabitants et travailleurs vivant sur la frontière côté Etats-Unis, puis loccasion ultime de brosser un portrait de populations mexicaines vivant de lautre côté de la frontière. Et ce, selon un processus narratif partant de la situation initiale de Melquiades : immigrant mexicain installé aux Etats-Unis. Mais les personnages nont pas dâme, beaucoup de silences ne mont pas parlé du tout, ce qui, ajouté au faible rythme narratif, concoure à placer le spectateur aux frontières du somnifère. Une fois le dénouement final vu, on peut trouver le film trop convenu dans son ensemble. Il manque cruellement détincelle et de surprise à Trois enterrements pour véritablement émouvoir. Si son message est idéaliste, son traitement est trop « lourd », trop « mécanique ». Ce qui a pu donner un « bouche à oreille » néfaste pour le box-office du film, tout en saccordant les faveurs de Cannes, pour avoir su oser.
Jeu dacteurs
Tommy Lee Jones :):):):(
Barry Pepper :):):):(
Julio Cedillo :):):(:(