French Connection (William Friedkin -1971)
William Friedkin allait réaliser deux ans après French Connection, son Exorciste, grâce à des moyens financiers et techniques qu'il n'aurait jamais sans l'entrée dans les mémoires du cinéma, de son French Connection, film aux 5 oscars, un Golden Globe...à la course-poursuite record et au réalisme jamais approché d'aussi près en matière de polar. French Connection est une révolution totale de la vision du flic au cinéma !
Basée sur
l'histoire vraie qui suit
En 1962, les inspecteurs
de la Brigade des stupéfiants de New-York, Eddie Gan et Sonny
Grosso, mettent la main sur 50 kg d'héroïne. La drogue
est cachée dans la voiture de Jacques Angelvin, célèbre
animateur de la télévision française, alors en
tournée promotionnelle aux Etats-Unis. Un coup dur pour cette
filière qui prend sa source à Marseille, on la surnomme
la « French Connection ». Placés sous
haute surveillance, les 50 kg d'héroïne disparaissent
pourtant du commissariat de New-York où ils étaient mis
sous scellé. Très vite, une rumeur se répand :
un membre de la SIU (Special investigation Unit) serait impliquée
dans le vol. Sur les 70 membres de la SIU, il s'avère que 52
seront finalement inculpés d'infractions majeures. La drogue
aurait été remise sur le marché...les têtes
pensantes de la French Connection courant toujours.
Pitch
Jimmy Doyle (Gene Hackman) et Buddy Russo (Roy Scheider) sont détectives à la brigade des stups de New-York. Une enquête leur résiste particulièrement : celle remontant à la source d'un puissant trafic de dope galopant dans Brooklyn. Filatures, arrestations impromptues, courses-poursuites dans le métro, les deux inspecteurs ne comptent pas leurs efforts face à ce que leurs services vont appeler la « french connection ».
Deux ans avant son
Exorciste, William Friedkin reçoit 5 oscars et un Golden
Globe, notamment ceux du Meilleur Réalisateur, Meilleur Film
ou encore Meilleur Scénario, pour un French Connection qui
effectivement était très remarqué dans son
genre. Dans le genre du polar, en cette année 1971, les
face-à-faces opposaient encore le policier tout propre sur lui
et tout bien peigné, à la crapule des arcanes, jamais
celle des rues. Un problème que William Friedkin évacue
d'entrée de jeu, dans cette ruelle « désaffectée »
de tout sauf de ses détritus et de ce receleur qui deviendra
par la violence employée par l'inspecteur Doyle (Hackman), une
nouvelle taupe.
Tapant tout de suite sur
le haut du pavé, en matière d'investigation criminelle,
avec cette tentaculaire French Connection comme ennemi, Friedkin
fait, en effet, remonter les inspecteurs new-yorkais depuis la rue
jusqu'aux arcanes. Une prouesse scénaristique pour le moins
rare dans les polars de cette décennie, et qui 12 ans avant
Starsky et Hutch et plus de 15 ans avant Deux Flics à Miami,
allaient faire endosser aux deux inspecteurs de cette brigade des
stups, le rôle d'humains, avec leurs défauts, leur
violence des mots, leur brutalité devant la résistance
mais aussi leurs faiblesses, leurs peurs. Marchant sur un fil, ils
n'en deviennent aux yeux du spectateur que plus crédibles et
pour le moins attachants.
Le justicier Bullit (Steve McQueen) avait certes ciré le parquet avant Friedkin et son French Connection, sur le plan des cascades automobiles, mais il allait se faire mettre en poussières par la force du fond de scénario dégagé, plan par plan, caméra par caméra par Friedkin dans les ruelles et avenues de Brooklyn. En clair, Friedkin montre des inspecteurs qui vivent comme les crapules qu'ils recherchent, et qui pour leur bonne réussite, doivent en permanence vivre dans la rue et se fondre dans la masse des petits truands et autres indicateurs...spatio-temporels. Gene Hackman balance à ce titre, la sauce d'entrée de film, son coéquipier Russo (Roy Scheider) n'a qu'à bien se tenir, l'affaire lui prend aux tripes, il faut en finir avant qu'eux-mêmes ne soient « finis ».
Bien que les vrais inspecteurs en charge de l'affaire French Connection, Eddie Egan et Sonny Grosso, aient servis de consultants et conseillers pendant le tournage, ce long-métrage reste et doit rester un vrai produit de cinéma. Au plan mise en scène, montage, photo et rythme : tout est tiré vers le haut jusqu'à la corde. Le directeur de la photographie Owen Roizman, accepte le pari de tout filmer caméra à l'épaule ! Il provoque ainsi la sensation de prises de vue arrachées, volées, et un effet hystérique chez le spectateur. En même temps, le réalisme est total comme jamais aucuns polars ne l'avaient réussi. Du grand cinéma!
William Friedkin placera
des caméras embarqués dans le véhicule de
l'inspecteur, aussi, et s'amusera avec sa meilleure équipe de
tournage à filmer à la fois la course-poursuite de
l'intérieur et des abords du véhicule lancée à
pleine vitesse conduit par Doyle (Hackman) mais aussi filmer le
fuyard...qui n'est autre qu'un métro, rien que cela. A
l'intérieur de la cabine de pilotage, le bras armé d'un
parrain de la french connection, exige, arme sur la nuque du pilote,
que celui-ci n'arrête jamais d'accélérer, ne
fasse aucuns arrêts dans les stations, donnant l'impression
d'être un invincible parmi les esclaves. Pendant ce temps,
Doyle peine à éviter les voitures d'en face, il
klaxonne, il surveille du coin de l'oeil l'allure prise par le métro
qu'il pourchasse. Il s'arrête à la prochaine station.
Manque de bol, le fuyard a bel et bien pris les commandes du vaisseau
de l'angoisse, dans lequel le pilote est au bord de l'épuisement.
Le bras armé contre l'inspecteur jusqu'auboutiste... Allez
savoir si cette séquence ne restera pas plus longtemps dans
les archives mémorielles du grand cinéma, que la
course-poursuite de Bullit ?!?
Cette séquence de course-poursuite grandeur nature, a tout de même nécessité 5 semaines intensives de tournage. Le genre d'élément de scénario qui ne sera approché de près en France, que par les réalisateurs pour le moins spécialisés, ceux qui bâtissent leur film sur la tension : Henri Verneuil par exemple, en association avec Belmondo ou Lino Ventura, deux hommes hautement qualifiés pour ce genre de cinéma. Mais il faudra attendre 10 ans ! A méditer...