Le Discours d'un roi (Tom Hooper -)
Un long et grand moment
d'interprétation que Le Discours d'un roi ! Colin Firth mériterait la statuette de meilleur
acteur, ce soir aux Oscars !
Pitch
Daprès lhistoire vraie et méconnue du père de lactuelle Reine Elisabeth, qui va devenir, contraint et forcé, le Roi George VI (Colin Firth), suite à labdication de son frère Edouard VIII (Guy Pearce). Dapparence fragile, incapable de sexprimer en public, considéré par certains comme inapte à la fonction, George VI tentera de surmonter son handicap grâce au soutien indéfectible de sa femme (Helena Bonham Carter) et daffronter ses peurs avec laide dun thérapeute du langage (Geoffrey Rush) aux méthodes peu conventionnelles. Il devra vaincre son bégaiement pour assumer pleinement son rôle, et faire de son empire le premier rempart contre lAllemagne nazie.
La
trouvaille, au dernier moment du journal intime de Lionel
Logue, devait être un signe positif. Une des réussites du film est
en effet ce duo sympathique formé par le roi bègue, et cet
Australien, véritable bout-en-train du langage et du dialogue. Une
relation sous la forme d'une intimité et d'une complicité ô
combien difficiles, du fait du statut du ''patient''. Le but de ce
spécialiste, au regard habité et aux démarches comportementalistes
obstinées ? Que le futur roi puisse donner le meilleur de lui-même.
Et le meilleur, quand on a la propagande nazie en face de soi, serait
au minimum de pouvoir donner un signal fort à son peuple à la
radio. Le bougre est bègue. Parler en public, sans espoir. A la
radio ? Le dernier espoir. Celui d'assumer son rôle, enfin.
Passant de l'orgueil à
la bienveillance, l'interprétation évolutive de Colin Firth, est le
phare du film. Dans ses traits, ses postures et même son regard,
Colin Firth habite le film. Le débonnaire et longiligne anglo-saxon
Geoffrey Rush campe quant à lui un alter-ego atypique, aussi
atypique que l'était ce George VI, devenu roi en étant premier à
un concours de circonstances et demeurant impréparé pour la
fonction. Une leçon de sagesse, dans le fond, et une petite histoire
dans la grande : celle de la reconquête de soi dont le moteur est
les autres. Un très beau sujet, bien emmené par le réalisateur Tom
Hooper. L'actrice Helena Bonham Carter, encore excellente, force le
respect dans son côté 'Reine malgré elle', elle se joue en effet
de l'étiquette et affiche une posture théâtrale pour tout ce qui a
trait à la bienséance. Elle déclare à propos du film : «
un point de vue inédit sur ce pan de lhistoire de
lAngleterre. » Tout est
là. Bien des spectateurs ne peuvent qu'apprécier cette intrusion si
naturelle, dans une arcane royale à l'image si policée.