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Adieu poulet (Granier-Deferre -1975)

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" Adieu Poulet " extrait du film de (1975)
envoyé par DIRECTVISION1. - Regardez plus de films, séries et bandes annonces.

La double présence de Patrick Dewaere et Lino Ventura, ainsi que le savoir-faire de Pierre Granier-Deferre en matière de polar, font d'Adieu Poulet un très bon film.


    Pitch

Un candidat républicain, Lardette (Victor Lanoux), défend l'ordre et la morale. Ses hommes de main attaquent des colleurs d'affiches de gauche. L'un deux meurt. Le commissaire Verjeat (Ventura) et l'inspecteur Lefèvre (Dewaere) mènent l'enquête, avec des méthodes qui déplaisent fortement à Lardette.

Disparu en 2007, Pierre Granier-Deferre laisse derrière lui un paysage cinématographique obliquant légèrement vers le polar. La révélation de Nathalie Baye c'était lui, La Horse cétait encore lui, La Veuve Couderc c'était lui. Granier-Deferre a écrit, comme il savait le faire, un très bon polar au milieu des années 1970. Adieu Poulet dispose bien avant l'ère « Bébel le flic » d'une crapule de la pire espèce, violente, et d'un maccro tireur de ficelles. Cependant Granier-Deferre construit ses personnages véritablement. Evitant le manichéen, le binaire, il nuance et étoffe ses personnages. Ainsi Lino Ventura fait des merveilles, et même ce bon diable de Patrick Dewaere a semblé très peu réinterpréter les scènes l'impliquant. Hormis peut-être cette séquence chez madame, qui fumant sa cigarette semble comme surprise, si ce n'est retenant un rire possible. Dewaere la surprenait, et Granier-Deferre avait de toute façon anticipé : pour une des rares fois du film, sa caméra est mouvante ; elle tournoie et dessine un cercle au gré des mouvements de Dewaere. Adieu Poulet bénéficie de vraies tronches, de vraies présences, une force dans ce genre cinématographique. Ce film n'a pas vieilli. Quand on pense que Granier-Deferre a commencé comme assistant de Marcel Carné ...



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Micmac à tire-larigot (Jean-Pierre Jeunet -oct09)

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Warner Bros. FranceQuel plaisir de retrouver ces teintes verdâtres, jaunes, cette photographie joueuse, ces trouvailles visuelles ou ces personnages alambiqués, au premier desquels celui de Yolande Moreau ou le vieux de la vieille Dominique Pinon. Non, Jean-Pierre Jeunet ne peut plus faire de mauvais films.


    Pitch

Une mine qui explose au coeur du désert marocain et, des années plus tard, une balle perdue qui vient se loger dans son cerveau... Bazil n'a pas beaucoup de chance avec les armes. La première l'a rendu orphelin, la deuxième peut le faire mourir subitement à tout instant. A sa sortie de l'hôpital, Bazil se retrouve à la rue. Par chance, ce doux rêveur, à l'inspiration débordante, est recueilli par une bande de truculents chiffonniers aux aspirations et aux talents aussi divers qu'inattendus, vivant dans une véritable caverne d'Ali-Baba : Remington, Calculette, Fracasse, Placard, la Môme Caoutchouc, Petit Pierre et Tambouille. Un jour, en passant devant deux bâtiments imposants, Bazil reconnaît le sigle des deux fabricants d'armes qui ont causé ses malheurs. Aidé par sa bande d'hurluberlus, il décide de se venger. Seuls contre tous, petits malins contre grands industriels cyniques, nos chiffonniers rejouent, avec une imagination et une fantaisie dignes de Bibi Fricotin et de Buster Keaton, le combat de David et Goliath...

Dany Boon. Warner Bros France - Bruno CalvoMicmac à Tire-larigot souffle un air de déjà vu (La Cité des enfants perdus), une sympathie communicative déjà ressentie (Amélie Poulain), tout en s'emmurant dans un cabotinage qui peut être synonyme de légèreté, ou bien de film consommable/jetable. Qui fait sourire certes. Cette satire contre le commerce des armes est peuplée de personnages de fiction purs et durs, parmi lesquels brille au firmament Julie Ferrier, à part et en même temps indispensable. Leurs procédés sont des magnificences à faire rêver les enfants. Le grand message est louable. Mais croisons les doigts pour plus de sérieux (Un long dimanche de fiançailles) dans un prochain film, tout en maintenant ces trouvailles visuelles à partir d'objets, ces mots venus d'époques lointaines. Dans ce bel enchantement et ce beau travail, Jean-Pierre Jeunet l'artificier visuel, s'est semble-t-il trop amusé. Entrée réussie de Dany Boon toutefois, dans ce monde de Jeunet.



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Une Affaire d'Etat (Eric Valette -nov09)

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Mars DistributionMontrant une totale maîtrise des parts d'ombre et de la lumière projetée sur ses personnages, charismatiques, Eric Valette surprend et croise dans les eaux du thriller politique, comme rarement dans le cinéma français.

     Pitch

Une femme flic lève le voile sur un trafic d'armes. Plusieurs hauts responsables se sentent menacés...


S'il fallait écouter sans cesse les geôliers de la télévision et se faire dicter un scénario ! Dans le nouveau monde du film français, Eric Valette a su s'extirper de certaines obligations. La grande obligation ? L'importance prise par l'homme de main. Mais quand on voit comment Thierry Frémont, talentueux, s'emploie, l'un a raison, tous les autres ont eu tort. Une Affaire d'état dispose, en tant que thriller, d'un rôle ombrageux, celui d'André Dussolier (encore admirable), d'un rôle tireur de ficelles (Christine Boisson), d'un électron libre (Thierry Frémont) et d'un rôle dans le dynamisme le plus persistant (Rachida Brakni). Un cocktail de portraits qui noyaute l'intrigue, noire, autour du politique. Ces gueules croiseront dans les mêmes eaux. C'est inéluctable et en même temps on ne l'imagine pas forcément à l'aune du démarrage du film. Eric Valette maîtrise son suspense, sa tension, il maîtrise aussi et beaucoup son jeu d'ombre et lumière. Et pour ce faire il parvient à Eric Savin et Thierry Frémont. Mars Distributions'arcbouter sur Thierry Frémont. Un risque de production, qui n'en est plus un à la réalisation. Une affaire d'Etat plaira aux inconditionnels des thrillers nichés dans les hautes sphères, bien que le dénouement aura un arrière-goût américain.



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The Yards (James Gray -2000)

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Bac Films« A New York où j'ai grandi, mon père dirigeait une entreprise qui fabriquait des rames de métro. Le film est né des souvenirs que j'ai de lui négociant avec les représentants de la municipalité, avec pour toile de fond toute la corruption urbaine qui existe dans ce genre d'affaires », James Gray.


     Pitch

A sa sortie de prison, Leo Handler (Wahlberg) revient chez lui avec un seul but : rester dans le droit chemin. Il trouve du travail chez son oncle Franck (Caan), patron de l'Electric Rail Corporation, qui règne sur le metro dans le Queens. Son ami de toujours, Willie (Joaquin Phoenix), l'initie aux méthodes de la société. Leo decouvre la face cachée des florissantes opérations de son oncle. Témoin de chantage, corruption, sabotage et même meurtre, il est au centre d'une situation explosive : il détient un secret qui fait de lui la cible de la plus impitoyable famille de la ville... La sienne.

 

 

Victor Argo, James Caan, Tomas Milian et Robert Montano. Bac FilmsJames Gray écoutait des opéras pendant qu'il écrivait le scénario. James Gray a peint des aquarelles des différentes scènes de son film et a demandé à son directeur photo de s'inspirer des toiles d'Harris Savides pour bonifier l'ambiance de The Yards. Non, James Gray n'est ni peintre ni chef d'orchestre. Il est simplement un réalisateur à part. The Yards est alors son deuxième long-métrage, après Little Odessa, déjà un grand succès « de l'ombre ». James Gray a depuis réalisé Two Lovers ou La Nuit nous appartient. Autant dire qu'il crée peu mais bien. The Yards provient de souvenirs de son père, jadis entrepreneur qui faisait fabriquer par ses hommes des rames de métro et qui devait ferrailler dur avec les entreprises concurrentes du secteur new-yorkais. James Gray aurait mélangé cela avec sa fantasmagorie autour du personnage campé par James Caan dans Le Parrain, un acteur qu'il voulait pour incarner ce patron gestionnaire véreux de gros soussous. Mais pour le reste (et pour beaucoup !), ce réalisateur hors-normes a fait ce qu'il sait faire. The Yards souffre de ses lenteurs certes, ou de certains de ses acteurs, comme le principal, Mark Wahlberg (un mauvais choix), mais la copie rendue n'aurait pas été plus belle de la part d'autres réalisateurs.

Tomas Milian, Mark Wahlberg et Robert Montano. Bac FilmsUn scénario tortueux, noir, qui tente de faire subsister une petite lueur de bout en bout. Un film avec une âme en quelque sorte, pas forcément incarnée ou personnifiée puisqu'elle virevolte et passe parfois au-dessus des têtes en embarquant les derniers espoirs d'untel ou untel ou ses dernières … ambitions. James Gray habille cette lueur d'espoir, l'enrobe. Bientôt il soufflera dessus violemment ou lentement à petit feu. Photographie, scénario, mise en scène, cadrages, James Gray livre une métaphore de la cellule familiale, dès lors que son humanité est déformée, traquée. Il met aux prises ambition et morale. Une étroite corniche sur laquelle le zingueur Gray se maintient dans le plus difficile équilibre... jusqu'à ne jamais en chuter. Souhaitons qu'il continue d'écouter des opéras ou de peindre mais aussi qu'il dirige des orchestres plus rythmés. Mais découvrez déjà le talent de Charlize Theron .



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Le Concert (Radu Mihaileanu -nov09)

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EuropaCorp DistributionCouronné par deux Césars en 2010 dont celui du Meilleur Son et de la Meilleure Musique écrite pour un film (Armand Amar), Le Concert est un film enjoué cherchant dans l'humour et la profondeur de ses personnages toute la réussite qu'il mérite. Un cocktail qui peut exploser selon vos sensibilités, en fin de film lors du concert au Châtelet. Une émotion qui monte et finit en apothéose.


     Pitch

A l'époque de Brejnev, Andrei Filipov (Aleksei Guskov) était le plus grand chef d'orchestre d'Union soviétique et dirigeait le célèbre Orchestre du Bolchoï. Mais après avoir refusé de se séparer de ses musiciens juifs, dont son meilleur ami Sacha, il a été licencié en pleine gloire. Trente ans plus tard, il travaille toujours au Bolchoï mais... comme homme de ménage. Un soir, alors qu'Andrei est resté très tard pour astiquer le bureau du maître des lieux, il tombe sur un fax adressé au directeur : il s'agit d'une invitation du Théâtre du Châtelet conviant l'orchestre du Bolchoï à venir jouer à Paris...

 

 

EuropaCorp DistributionLe Concert dispose d'un interprète d'excellence en la personne d'Aleksei Guskov. Il joue le rôle d'Andreï Filipov. Il est inconnu du grand public mais en Russie il a joué dans plus de 70 films. Un cachet indéniable apporté au film, pas seulement lorsqu'il se place au devant de tous les acteurs pour parler français et échanger avec les acteurs (ices) français, notamment Miou-Miou dans l'hôtel, une scène qui démontre un vrai travail de langage et de crédibilité. Car monsieur a dû apprendre à diriger un orchestre, se plongeant jusque dans les arcanes de son personnage. La même chose pour Mélanie Laurent, qui bien que relativement en-dessous en terme de présence et d'interprétation, a dû apprendre le violon en 3 mois. Le récital final est donc un conglomérat d'un mime de l'acteur russe et d'un « play-back » pour l'actrice française. Tout ce qu'il fallait. Il ne fallait pas en demander plus, tant l'importance de la note bien tenue et de la splendeur musicale tant attendue par les spectateurs, devaient rester le maître-mot du film. Chaudes larmes de pas s'abstenir d'ailleurs ! La musique devînt un langage délivrant les messages les plus enfouis !

Aleksei Guskov, Dimitry Nazarov et Valeri Barinov. EuropaCorp DistributionLe réalisateur Radu Mihaileanu explique : « Avec mon complice Alain-Michel Blanc, nous sommes d'abord partis en Russie pendant deux semaines pour rencontrer tous ceux qui, par la suite, allaient inspirer nos personnages. Cela a nourri énormément de dialogues, de scènes et d'idées qui ont fini par prendre corps dans le scénario. » Effectivement : quelle force que ces dialogues et ces acteurs tout en caractère ! Le Concert ne manque pas de rythme, malgré l'intime que revêt son histoire. Un alliage efficace pour proposer au final de vrais tronches de personnages authentiques, échangeant selon des dialogues qui brillent parfois par leur humour voire par leur capacité à faire transparaître une époque.

Mélanie Laurent. EuropaCorp DistributionLe réalisateur Radu Mihaileanu évoque la censure qui régnait à l'époque de Brejnev : « Même si un tout petit vent de liberté s'était mis à souffler près de dix ans avant la Perestroïka, le pouvoir essayait encore de bâillonner les intellectuels. La peur que le point de vue des intellectuels ne se propage aux masses et que ces dernières ne se soulèvent. Brejnev se méfiait notamment des juifs qui ont souvent pris la parole sur des questions sensibles et qui avaient des parents à l'étranger, susceptibles de relayer leur point de vue. C'est ainsi que Brejnev a chassé les musiciens juifs de l'orchestre du Bolchoï, tout comme les Russes qui les ont défendus. De même, le régime craignait les gitans, et les minorités en général, qui ne se soumettaient pas à son autorité. (...) En revanche, j'ai cherché à montrer qu'un geste a priori anodin – l'éviction du chef d'orchestre et des musiciens juifs – peut susciter un traumatisme terrible sur toute une génération qui peut mettre trente ans à s'en relever. C'est le cas de beaucoup de destins brisés de gens originaires des pays de l'Est. »

Aleksei Guskov. EuropaCorp DistributionSi le côté historique du Concert a beaucoup à envier à certains films allemands récents, pour leur pertinence quant à plonger le spectateur entièrement dans une époque, dans un pays, dans un régime, la question soviétique dans Le Concert ne manque pas d'arguments. Cependant, la mise en scène du régime, du contexte, d'une époque est dans Le Concert une force positive : « le régime était comme ça, et alors ? Cela n'empêche pas au contraire ». Soit une manière de dire... Le Concert souffle un vent rafraîchissant, avec un air de film grand public qui apparaît comme faux. D'où son succès populaire sans doute.



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