Appaloosa (Ed Harris -2007)
Trop de sobriété tue lépique !
Avec force dune certaine démystification du cow-boy, Ed Harris,
parvient à
proposer un western bon pour son époque. Mais cest aussi à cause de la
rareté
du genre, méprisé par les producteurs. Un manque de souffle épique,
sauvé par
les prestations de Zellweger et Mortensen, concluent à un spectacle de
far-west
qui laisse de marbre.
Pitch
Au
Nouveau-Mexique, en pleine conquête de l'Ouest, la petite ville minière
d'Appaloosa vit sous la domination du tout-puissant Randall Bragg et de
ses
hommes, qui n'ont pas hésité à éliminer le shérif. Pour mettre fin au
règne de
la terreur, la communauté fait appel au marshal Virgil Cole et à son
adjoint,
Everett Hitch, réputés pour avoir ramené la paix et la justice dans des
villes
où plus aucune loi n'avait cours. Pourtant, cette fois, Cole et Hitch
vont se
heurter à un adversaire d'une autre dimension. Leurs méthodes
implacables
risquent de ne pas suffire. L'apparition d'Allison French, une
séduisante
veuve, va aussi mettre leur duo à l'épreuve. Appaloosa va rapidement
devenir le
théâtre d'une de ces histoires où la vie, la vérité, la trahison et la
mort se
côtoient avant de se combattre. Voici une saga comme seule la légende de
l'Ouest sait les écrire...
Ed Harris est à lessai
en quelque sorte derrière la caméra, après son Pollock. Un coup de poker
tenté,
même, puisque ce genre cinématographique est à mauvaise école depuis
lauto-destruction
du genre, imposé par Sam Peckinpah. Un peu à limage de Clint Eastwood
dans les
années 90 (Impitoyable), du virtuose James Mangold (3h10 pour Yuma) ou
de
Georges Pan Cosmatos dans son baroud dhonneur (Tombstone), Ed Harris
parvient
à restaurer un genre malade den avoir trop fait, trop montré.
En guise dhistoire de
colt, se retrouve évidemment un duel qui va progressivement se
resserrer. Le
coup déclat est le rôle de Renée Zellweger, seule femme dune ville du
Nouveau-Mexique, qui petit à petit apporte sa vision sur la condition
féminine.
Si elle fricote avec tout ce qui bouge, en même temps serait-on tenté de
la
comprendre. Voir autant dhommes lui tourner autour parce quelle est
seule,
peut légitimement lui filer le bourdon. Pendant ce temps-là, ce nombre
incalculable dinfidélités abreuve le duo Mortensen-Harris, un duo de
shérifs, dhumour.
En gros le résumé serait : peur de rien avec mon arme mais complètement
innocent et enfantin vis-à-vis de cette femme quil pensait avoir
conquise.
Appaloosa ne senorgueillit
pas de faire tirer ses hommes sur tout ce qui bouge. Entre le clin dil
à ce buf
importé dAngleterre, en ce pays de vaches maigres, ou ce don dun beau
cheval
à une tribu indienne, pour lui voler son hostilité, Appaloosa, par
lentremise
du réalisateur Ed Harris, préfère minorer les faits darmes, lhéroïsme
baveux
et les rencontres épiques, pour prêter à voir certains aspects mal
montrés
jusque-là au cinéma. Cela enlève évidemment un certain souffle épique,
cela
retire quelque chose de très demandé par les aficionados de westerns,
mais tant
pis. Appaloosa a osé saventurer sur le terrain de la sincérité, du
réalisme
aussi, avec ses anti-héros, bien que la condition de vachers lui ait une
fois
de plus échappé à lui-aussi : un cow-boy cétait un vacher, et son
flingue
ou sa carabine cétait pour effrayer les bêtes sauvages voire quelques
indiens,
rien de plus. Ed Harris sest ainsi assis le c.. entre deux chaises :
être
vrai dun côté sans oser le concret (besoin de spectacle oblige) ; faire
du vieux avec du neuf à travers cette histoire du méchant quil faut
arrêter
parce quil est méchant.
Un moment sympathique,
des clins dil qui font plaisir, mais un coup dessai qui reste au coup
dessai.
Ed Harris est supplanté par son contemporain remake de 3h10 pour Yuma
(J.Mangold), tandis qu'il restera longtemps dans lombre des homériques
Tombstone et Impitoyable. Faut savoir ce quon veut à la fin et quel
angle
apporter en tant que réalisateur, M.Harris. On ne peut pas tout faire à
la
fois. Souhaitons que Mel Gibson supplante un jour à la caméra le trivial
Tombstone, ou que Wim Wenders égale bientôt Lhomme des hautes plaines
(Eastwood) dans sa démystification, en tentant par exemple un Dont come
knocking version far-west des années 1880
Somme toute une déception,
mais pour
le coup de poker tenté, bravo. Ce qui rare est précieux.