Lucky Luke (James Huth -oct2009)
Les adolescents souriront
parfois, les enfants seront eux, toujours submergés par une certaine
grossièreté qui tient à ce genre dhumour, quand les adultes se demanderont ce
que fait Jean Dujardin planté dans un décor pareil ! Non, Lucky Luke na
pas encore trouvé son égal au cinéma. Et on suspectera Eric et Ramzy davoir
sympathiquement rendues vermoulues les planches daltoniennes qui auraient
élancé tout ce film vers un certain sommet. Mais cest toujours le premier qui
le dit qui y est (ah ! lhumour du film est contagieux).
Pitch
Au cours de sa mission à Daisy Town, la ville qui l'a vu grandir, Lucky Luke, "l'homme qui tire plus vite que son ombre", va croiser Billy The Kid, Calamity Jane, Pat Poker, Jesse James et Belle...
Entre la roulade amoureuse brisée
par une coque descargot fortuitement écrasée contre le front de madame et lincarnation
soudaine dElvis Priestley pour épater madame, il y a du Un Gars une fille dans
lair. Entre la canopée de fumée de cigares dans ce train présidentiel et ce
tir contre son ombre il y a du Lucky Luke dans lair. Sauf que le premier
registre dont je vous parle est suffocant domniprésence, quand le second est parsemé
ci et là au petit bonheur la chance. Dommage. Il sagit pourtant dun film
intitulé Lucky Luke, non ? A la place de Monsieur Luke mis sur un
piédestal, vous avez un défilé de seconds rôles qui vous sont présentés avec
ovation du public, dans des séquences où chaque acteur (Testud, Youn, Poupaud)
en tire une sacrée fierté. A croire que Lucky Luke et son Dujardin dinterprète
ne compte que comme un simple « verre témoin », un simple lien dans
le scénario.
On notera le très bon goût, mais
limite enfantin de lhumour visuel tel que ces chapeaux qui, en vitrine dune
boutique, cachent en fait des cow-boys armés et prêts à tout pour tuer Lucky. On
a aussi cette gueule de génie de Dujardin, capable encore une fois du meilleur
en matière de pathos, ridicule et autosuffisance dans son personnage décidément
imbattable. On notera la belle noirceur de Daniel Prévost ou encore ladéquate
interprétation de Joly Jumper par
un cheval blanc qui na pas connu Henri IV mais
avait connu Lucky Luke dans un meilleur état de forme.
Le Lucky Luke unlucky, looser, ça
cest nouveau, hormis dans quelques tomes de Morris et Goscinny, Lucky Luke lhomme
qui tire plus vite que son ombre, na jamais connu une telle dépression. Bizarre
décorner la légende bien française de lOuest de la sorte, cest peut-être
histoire de permettre aux autres personnages de mettre en lumière les acteurs
qui ont accepté pareil projet. Melvil Poupaud incarne le Jesse James pensif et
lettré (qui tuait tout en se recueillant auprès de Dieu pour ses péchés),
Sylvie Testud joue les baroudeuses en la personnalité de Calamity Jane. Michaël
Youn fait ce quil peut avec ses petits bras musclés pour camper Billy the Kid,
sauf quà part les dents de lapin quon lui a fichu entre les maxillaires, il ny
a rien à voir veuillez circuler !
Alexandra Lamy joue la
ténébreuse, apportant le glamour dont son mari à la ville se jouera pour offrir
tout le pathos quon reconnaît en lui dans certains excès de machisme dans Un
Gars une fille. Joly Jumper fera bien rire 10 secondes lorsquil traduit en
langage de cheval une expression entière, puis plus rien
Lucky Luke devient
pathétique à fond, il est une chiffe molle tout dun coup. Le film de James
Huth ne peut dès lors plus se contenter de samuser avec ses effets visuels,
ses gags imagés et autres lourdingues jeux de mots. Cest cuit un peu trop vite
comme cette uf sur le plat grillé en début de film au soleil de midi. Et
pourtant
Pourtant les promesses et lambiance
offertes dans les 20 premières minutes étaient convaincantes. On pensait se
marrer à coup sûr. Mais James Huth a décidé de soigner ses hôtes comme il
soigne Dujardin. Calamity Jane, Jesse James et Billy The Kid ont droit à leur
lumière eux aussi, beaucoup beaucoup trop. A croire quentre les ego, Huth na
pu trancher, foutant en péril le scénario en son entier jusquà la qualité même
de linterprétation de Dujardin, qui pouvait vraiment faire plus fort,
assurément. Mais non, Huth a voulu éviter le règlement de comptes semble-t-il. Après
tout, qui nous dit que Poupaud, Testud ou Youn nont pas accepté leurs rôles
sans la garantie dêtre mis à la hauteur du rôle-titre. Allez savoir
Toujours
est-il que cest bien Youn qui incarne le film finalement : grossier,
plat, creux, en roue libre et suffisant. Une bonne comédie ? Pour sourire
ça va encore. Pour rire passez votre chemin. Quant à Dujardin, il a
effectivement déjà accepté pareil projet, et cest suivi du meilleur à chaque
fois. Alors on attendra
Et dire que pendant qu on est obligé de se coltiner
ça, Le Ruban Blanc ne passe même pas dans la plupart des cinémas ruraux ou quUn
Prophète a été longtemps monopolisé par les multiplex qui pourtant, surjouent
leur rôle lorsquils diffusent pareils films non-commerciaux que ce chef duvre
qui aurait mérité