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A l'Origine (Xavier Giannoli -nov09)

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EuropaCorp DistributionXavier Giannoli avait proposé une grande qualité d'hypnotisme dans Une Aventure : entre la pénombre des rues de Paris et un personnage féminin trouble. Avec A l'origine, il maintient ce type de personnage et cet hypnotisme dans la mise en scène. Pour un savoir-faire qui ne cesse de s'améliorer chez Giannoli depuis son Quand j'étais chanteur.


                Pitch

L'histoire d'un escroc, Philippe Berre, qui au début des années 2000, s'est fait passer pour un chef de chantier et a construit une autoroute au milieu d'un champ... Pour son chantier, ce dernier a engagé des dizaines d'ouvriers et embarqué toute une région dans son aventure.


 

 

François Cluzet et Vincent Rottiers. EuropaCorp DistributionA l'origine est un matériau difficile d'approche : le héros est un escroc. Son chemin vers la dignité est jonché de billets d'euros : l'objet de son intrusion sur un chantier certes, et une fois amassés basta pour la fuite, et débrouillez-vous ! Mais bientôt ces billets seront le moyen d'aller au bout de la mission pour laquelle une commune, son conseil municipal et les dizaines d'ouvriers lui prêtent la confiance la plus absolue. Un tel personnage, faisant de l'ambigüité son sacerdoce existentiel, a trouvé son homme : François Cluzet convient tout-à-fait.

François Cluzet. EuropaCorp DistributionLes moments de solitude sont interprétés dans un clair-obscur ; en plein jour le bonhomme tente d'être l'homme de la situation : un chantier abandonné pour cause d'habitat naturel de scarabées. Il y avait donc de quoi laisser la commune, responsable de ce chantier d'autoroute, aussi désemparée qu'aveugle dans sa volonté de le relancer. Des emplois à la clef ! La réussite d'un conseil municipal au bout ! Emmanuelle Devos est encore au top, à l'image de son rôle dans Sur mes lèvres et a reçu le César de la meilleure actrice dans un second rôle, pour la maire qu'elle campe dans A l'Origine.

 

 

Emmanuelle Devos. EuropaCorp DistributionQue d'audace pour Xavier Giannoli, que de conter dix ans après, un tel fait divers ayant jeté l'opprobre sur un Président de Région et un conseil municipal. Alors qu'il fallut accéder à Philippe Berre en prison pour dessiner son personnage et bâtir le scénario, Giannoli eut la mauvaise surprise de voir le tournage repoussé : le Président de Région se désengageait de livrer la portion d'autoroute concernée aux caméras du réalisateur. On peut comprendre cela. La manœuvre de Philippe Berre avait été ensorcelante : après avoir bidouillé un nom d'entreprise, il obtiendra le chantier et même un chéquier d'entreprise.

François Cluzet. EuropaCorp DistributionUn loueur d'engins de chantier nordiste sauva toute l'entreprise de Xavier Giannoli. Et le tournage put se lancer. Oui, il est remarquable qu'avec 10 ans de recul, on puisse parler ouvertement d'une telle affaire, dans un film destiné à des centaines de salles de cinéma, et que l'on puisse le faire avec une telle qualité. Mais dès le départ Giannoli dit avoir accroché à ce fait divers, lu dans les journaux, et entamé un projet là-dessus. Soit une relance audacieuse pour lui, et aussi périlleuse que lui a semblé l'être cette histoire pour l'escroc Philippe Berre. Pas à son coup d'essai, ce dernier en vint tout de même pour la première fois à reconsidérer son larcin comme un travail à rendre : aller au bout quoi qu'il en coûte, parce que de sa responsabilité dépendrait la réussite de tous. Et c'est à la lumière des halos de son passé qui le rattrape, que le personnage devient alors très vite fascinant. Un autre truand (G.Depardieu), qui ressortira de l'ombre et qui risque de mettre en péril toute sa quête de reconnaissance.

Xavier Giannoli. François Musy« Je raconte l'histoire d'un escroc, donc d'un insoumis, d'un rebelle, explique Xavier Giannoli. Et pourtant son étrange destin l'amène à construire tous les murs que les insoumis "classiques" veulent abattre : d'abord le travail, mais aussi la responsabilité familiale puis sociale, la culpabilité, la morale... Je trouvais cela contradictoire, donc humain. Il construit une route pour se sentir libre, mais les premiers à rouler sur cette route seront les flics qui viennent l'arrêter. »



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Merlin l'enchanteur (Wolfgang Reitherman -1963)

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Merlin L'Enchanteur - Duel de Sorciers
envoyé par Seskapil. - Regardez des web séries et des films.

La fine fleur de Disney, aux commandes de ce Merlin l’Enchanteur, en 1963. Wolfgang Reitherman a été à la source d’une grande partie de l’imaginaire Disney, comme le premier à avoir mis en images la belle ou bois dormant, les 101 dalmatiens, Winnie l’ourson. Après Merlin l’Enchanteur, qui demeure un grand classique des studios Disney, Reitherman mettra à l’écran Le Livre de la jungle, tout de même, les deux petites souris Bernard et Bianca et le dynamique Rox et Rouky. Merlin l’Enchanteur appartient à l’âge d’or de Disney !

     Pitch

Le jeune Arthur / Wart reçoit l'enseignement de l'enchanteur Merlin, avec qui il va vivre des aventures magiques, avant de devenir Roi d'Angleterre.

Nous sommes au XXIe siècle et Merlin l’enchanteur date de 1963 ! Or, aucun problème esthétique à signaler. Animation des personnages, musiques, ce long-métrage démontre encore la « grande école » que fut Disney en ces années. La fine fleur, comparée aux années 80, 90 et 2000. La drôlerie de Merlin l’enchanteur reste le grand point fort : Walt Disney Pictureschaque occasion d’être transformé en animal apporte un recul sur l’humain. Dans la bonne humeur. Nommé aux Oscars pour sa bande originale, Merlin l’enchanteur reste un long-métrage très cabotin, qui plaira à tous les enfants, mais pas à tous les adultes. Son scénario est en effet initiatique : l’apprentissage de ce qu’apporte une bonne réflexion plutôt qu’une action précipitée accompagne le jeune Arthur tout au long se son périple le menant à l’épée.  Merlin l'enchanteur reprend la légende du Roi Arthur à son compte, ce qui avait  été reproché à l'équipe du film lors de sa sortie.


Note "tous petits" : :) :) :) :) ( + :) )
Note graphisme
(pour un film de 1963) :  :) :) :) :) ( + :) )
Note animation : :) :) :) :)   ( + :) )
Note doublage :   :) :) :) :) ( + :) )
Note générale :   :) :) :) :)  ( + :) )



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Agora (Alejandro Amenabar -janv2010)

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Mars DistributionQuelle ambition chez Amenabar ! Agora reste le premier péplum qui ait réussi à réunir dans l'impartialité, des points de vue religieux, politiques et intellectuels, qui plus est rigoureusement bien personnifiés et interprétés. A Alexandrie à la fin du IVe siècle en effet, territoire vacillant de la Rome impériale, trois personnes publiques sont placées sur un échiquier sur lequel ne resteront debout ou bien deux d'entre elles, le levier du pouvoir Hypathie (philosophe, astronome, mathématicienne) et le préfet d'Egypte Oreste, ou bien un seul : le patriarche d'Alexandrie Cyrille. Agora commence cependant dans le cliché, concernant les premiers chrétiens, pour rattraper le tir dans une puissance du discours très maîtrisée.


                Pitch

Vers 390 apr. J-C., à Alexandrie, une Cité romaine d'Égypte qui draine grands penseurs et étudiants autour de la Grande Bibliothèque dirigée par la fille de Théon, Hypathie (jouée par Rachel Weisz), philosophe très renommée, mais aussi le premier port méditerranéen exportateur de blés vers Rome et l'Italie, la colère de la majorité monte. Cette majorité est pauvre et a un leader : un certain Cyrille (joué par Sammy Samir), neveu du patriarche d'Alexandrie, Théophile. Cette foule prend la Grande Bibliothèque. Nommé Préfet d'Égypte par l'Empereur, Oreste (joué par Oscar Isaac), ancien étudiant d'Hypathie, voit Cyrille monter en puissance, ce dernier devient évêque d'Alexandrie en 412. Son baptême chrétien ne satisfait pas Cyrille, et les milliers de chrétiens qu'il représente ; pour prouver sa Foi en Dieu et la légitimité de son gouvernement, Oreste va devoir rompre tout lien avec les élites païennes d'Alexandrie, notamment la première d'entre elles : Hypathie, suspectée de sorcellerie et de pouvoir occulte au sein de l'Assemblée citoyenne d'Alexandrie. Tandis qu'Hypathie parvient à des certitudes sur la forme elliptique de la rotation de la Terre autour du Soleil, comme seule explication que la Terre reste ronde malgré les nuits et les jours, Oreste lui demande de renier sa mystique pour embrasser la Foi chrétienne. Elle refuse.


Mars DistributionLa rébellion du tout Alexandrie contre les élites et le symbole de leur oppression, la Grande Bibliothèque, n'a pas échappé au poncif. Il s'agit d'un mouvement chrétien, d'accord, mais leur comportement participe à l'écran, aux écrits des païens qui décrivirent les tous premiers chrétiens : en un terme comme « contagion » notamment. Oui, à l'écran, les défenseurs de la bibliothèque ne font pas le poids. Armés de fourches, de bâtons, vêtus d'étoffes usées étrangement toutes obscures (noires), et assemblés selon environ 1000 figurants, les insurgés chrétiens paraissent furieux, passé le quart d'heure de film, fous mêmes. Un prélude à beaucoup mieux. Le schéma d'affaiblissement des élites puis du politique, est respecté.

 

 

Max Minghella et Rachel Weisz. Mars DistributionC'est étrangement dans la fin d'une lutte armée, si chère jusque-là à tous péplums, que celui-ci tire toute sa réussite. Péplum philosophique ? C'est trop vite dit. Un péplum discursif. Oui ! Qui ménage ses trois parties. Sur fonds religieux, quoi de mieux qu'un péplum discursif. Cela ne se fait pas sans violences, affichées à l'écran telles des montées organiques au sein d'un orchestre harmonique, c'est-à-dire toujours amenées, et ayant un sens. La ferveur religieuse devient le baromètre de la politique.

Oscar Isaac et Rachel Weisz. Mars DistributionPendant que les élites intellectuelles incarnées par la plus brillante d'entre elles tentent une course contre la montre, à l'écart de cette turpitude qu'elle considère comme superstitieuse ; le Préfet d'Égypte sent son tour arriver, doucement mais sûrement. Fruit d'une ancienne tradition qui jusque-là s'était élevée au-dessus de toute « superstition », depuis l'Athènes de Platon jusqu'à Alexandrie, patrie des meilleurs papyrii (papyrus au pluriel) et des plus grandes connaissances sur le monde, la philosophie grecque associe les mathématiques et l'astronomie chez les seule personne d'Hypathie. Sa philosophie du « Un » couronnant le cheminement de l'Âme, puis de l'Intellectuel vers un dieu, obtient une vive écoute chez la majorité des élites alexandrines : comme son étudiant Oreste, qui deviendra Préfet, comme son étudiant Synésios de Cyrène, qui deviendra évêque de Ptolémaïs, et représenté dans le film comme un évêque confronté à cette ferveur religieuse qui le divise entre son lien de disciple envers Hypathie, et son devoir d'encadrer le chemin que pourrait prendre le christianisme en Égypte.

Rachel Weisz. Mars DistributionAgora, à traduire par « place publique » au sens large, ou « centre » de la citoyenneté en terme plus historien, n'oublie pas la troisième partie : la préfecture d'Égypte, remise à Oreste par l'Empereur romain. Une partie qui, après les élites intellectuelles, subira à son tour la montée du christianisme et de l'évêque Cyrille. Oreste, a choisi d'embrasser la carrière politique. La popularité du patriarche Cyrille a quelque chose d'une concurrence déloyale. Embrasser la Foi chrétienne du bout des lèvres aurait suffi, si toutefois Oreste ne se voyait pas lui aussi rattrapé par cette force à l'élan généreux, communicatif et en même temps foudroyante. Comme les élites la subirent les premières, le politique subit cette vague submergeant tout l'ancien monde païen, tel qu'il était construit et agencé. Ashraf Barhom. Mars DistributionL'Empereur Théodose fait plus qu'accompagner, depuis l'Italie (notamment Milan), le développement des communautés chrétiennes, fortes, nombreuses et allant croissantes. Il accepte le christianisme pour lui. Et puisqu'il l'accepte, alors au plan local, comme à Alexandrie, un Préfet, représentant de l'Empereur, se doit de l'accepter pour lui-même.

Considéré par les chrétiens d'Alexandrie comme l'intermède unique entre eux et Dieu, le patriarche Cyrille a donc quelque chose d'un ennemi dont il se faut faire un ami. Ou bien disparaître. A vous de découvrir la dernière heure et demi d'Agora, réussie, et d'ici-là, pour finir mes explications sur le film, je dirais qu'Alejandro Amenabar et Mateo Gil ont réalisé un travail colossal au scénario, pour son respect des forces en présence. Et qu'Amenabar réalise avec Agora un péplum qui respecte son sujet pourtant complexe.


Les vérités historiques sur la fin du IVe siècle à Alexandrie :

La communauté chrétienne d'Alexandrie fut un cataclysme par rapport à ce qu'il se passait dans d'autres Cités de l'empire romain à l'époque. Elle avait notamment le poids du nombre et une assise terrible car elle bénéficiait de la direction donnée par deux patriarches successifs, charismatiques et tous deux positionnés sur la même ligne : défendre le dogme de Nicée -le premier dogme pour l'Eglise, et sujet à tous les moyens pour l'appliquer fermement-.

Cyrille sera reconnu comme saint par les orthodoxes et les catholiques, il aura imprimé une certaine intransigeance, qui fera lapider la philosophe Hypathie en 415, excommunier l'arien Nestorius et bien avant cela chasser si ce n'est anéantir sur place les Juifs d'Alexandrie. Il succédait en tout cas à Théophile, son oncle, ardent défenseur de la Trinité et du dogme de Nicée, qui était pour sa part allé jusqu'à l'opposition frontale avec Jean Chrysostome, alors en position de force sur tous les diocèses d'Asie mineure. Ce dernier sera excommunié puis exilé, malade il décédera. Surtout, Théophile appliqua un édit retentissant.

Alexandrie était la pièce maîtresse de l'édit de Thessalonique (380 apr. J-C.) décrété par Théodose Ier, Empereur d'Occident, et Gratien, Empereur d'Orient : l'évêque Théophile était chargé de l'appliquer depuis Alexandrie pour tout le diocèse d'Orient. L'édit interdisait aux païens l'accès aux temples, l'exercice du culte païen. Les temples étaient détruits ou transformés en églises, avant que les païens et leurs œuvres ne deviennent la proie à une traque, une extermination. Le point culminant de cette violence ? 415, le lynchage d'Hypathie, qui jouissait d'une autorité morale considérable dans la cité d'Alexandrie : elle était le levier du pouvoir, en formant les futures élites politiques et religieuses d'Égypte et pas seulement. Alejandro Amenabar a d'ailleurs retenu la version des faits écrite en 440 par Socrate le Scolastique, ce qui achève de faire d'Agora un film intellectuel plutôt que politique ou religieux. Voici un extrait :

« Contre elle alors s’arma la jalousie ; comme en effet elle commençait à rencontrer assez souvent Oreste, cela déclencha contre elle une calomnie chez le peuple des chrétiens, selon laquelle elle était bien celle qui empêchait des relations amicales entre Oreste et l’évêque (Cyrille). […] Un complot contre elle : Hypathie est traînée à l’église et l’ayant dépouillée de son vêtement, ils la frappèrent à coups de tessons ; [...] Ce qui ne fut pas sans porter atteinte à l’image de Cyrille et de l’Église d’Alexandrie ; car c’était tout à fait gênant, de la part de ceux qui se réclamaient du Christ que des meurtres, des bagarres et autres actes semblables soient cautionnés par le patriarche... »



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Champions du blog 2010, par catégorie

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Catégorie Animation/comics


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Guerre/action/horreur


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Fish Tank (Andrea Arnold -2009)

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MK2 DiffusionDes anonymes et des vrais, à un acteur près (mais d'un téléfilm). Du social filmé avec une caméra vivace. Une jeune femme, Katie Jarvis abordée dans une station-essence par la réalisatrice, et qui sera invitée au festival de Cannes en 2009, car le premier rôle de sa vie, c'était pour un film récompensé du prix du Jury. Fish Tank c'est un peu fou ! Et on doit tout à Andrea Arnold. La réalisatrice de Red Road n'a plus rien à démontrer. Elle a quelque chose d'un Pialat dans sa façon de surprendre sa troupe d'acteurs. Mais restons-en à Andrea Arnold : deux films, deux exploits. Et que son style lui appartienne pour longtemps, sans comparatifs !


      Pitch

A 15 ans, Mia est une adolescente rebelle avec une unique passion : la danse hip hop. Un jour d'été, sa mère rentre à la maison avec un nouvel amant, Connor, qui s'installe chez elles. Est-ce enfin une promesse de bonheur ou bien un leurre ?


 

 

La réalisatrice Andrea Arnold. RankinL'énergie de Katie Jarvis ou son côté diamant brut giclent à l'écran tout au long du film. Ces paysages de désert industriel, de désert des sentiments, deviennent un décor raffiné. Cette histoire tranche tout de suite avec beaucoup d'autres, parce qu'elle n'est pas montrée ou racontée, mais elle s'affiche telle qu'elle est. Fish Tank reçoit le prix du Jury à Cannes en 2009, son actrice principale, qui n'en est pas une, ne peut venir sur les marches. Pas grave elle avait une bonne raison. Elle ne savait ni danser ni jouer, pourtant son rôle est une certaine tuerie. Andrea Arnold n'a pas fini, donc, de démontrer son talent de meneuse de troupes. Comme elle le dit elle-même, ses acteurs, à un près (rôle masculin), n'ont jamais joué avant. Les scènes se sont tournées au jour le jour. Arnold avait ses idées, les acteurs n'en voyaient la couleur que tard. Du Pialat un peu. Du Andrea Arnold tout court !

Katie Jarvis. Holly HornerRéalisatrice qui sort du lot, A.Arnold ne fait rien comme tout le monde. C'est comme si un éboueur devait camper le rôle de l'amant de la mère. C'est comme si cette gamine, de l'Essex (lieu de tournage) devait faire l'affaire pour le rôle de la fille, alors qu'elle était vue en train de se disputer avec un garçon. Rôle-titre du film ! Quand même... Toute l'histoire déchiquetée, d'une rupture sociale à tous les étages (famille, travail, espérance) que propose Andrea Arnold, qui a voulu donner la parole à ceux qui « sont d'dans ». Andrea Arnold a jeté dans sa lumière des anonymes, qui la lui rendent bien. Tout devient rare dans Fish Tank : le moche est beau, le scintillant est mirage, le sale est noble, le propre est vice. La vulgarité permet de dire « je t'apprécie », la belle phrase devient un piège redouté. A découvrir sans retenue : une pièce rare du cinéma.

 

 



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The Tourist (Florian van Donnersmarck -déc10)

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Tout ça pour ça ! Il aura fallu Angelina Jolie et Johnny Depp pour resservir la soupe d'Anthony Zimmer, le film refait selon une vision américaine. Un remake d'autant plus risqué qu'il s'agit d'un film à énigmes, à suspense dont on connaît déjà la fin, le début et l'entre-deux.


                         Pitch

Pour se remettre d’une rupture amoureuse, Frank, simple professeur de mathématiques, décide de faire un peu de tourisme en Europe. Dans le train qui l’emmène de Paris à Venise, une superbe femme, Élise, l’aborde et le séduit. Ce qui commence comme un coup de foudre dans une ville de rêve va vite se transformer en course-poursuite aussi énigmatique que dangereuse…

Angelina Jolie & Johnny Depp. StudioCanalA quoi bon recycler les failles du film français : une ambiance trop tranquille pour un tel genre cinématographique ; une confusion de personne dans le train qui manque d'être crédible au vu du dénouement final ; une femme qui ne reconnaît pas un homme qu'elle aime à sa seule voix. Le seul bon côté de ce remake est ce jeu de pistes so romantic, permis par ce jeu d'enveloppes à expéditeur-mystère, disséminées tout au long du film, et qui fait fantasmer Madame. Le remake n'a pas trouvé utile que de bonifier l'œuvre originale. Mais il la pare surtout d'un luxe vestimentaire et décoratif, d'une esthétique. L'esthétique au service de la forme cependant.

Angelina Jolie. StudioCanalQuand Anthony Zimmer nourrit son fonds de scénario, au demeurant lourd, d'un cadre d'intrigue qui le rend plus pesant encore, The Tourist nous envoie de Paris à Venise, avec force de bling-bling. A tel point qu'on se demande si The Tourist n'est pas une carte postale de Venise et si les producteurs n'en ont pas trop fait dès le départ : Depp et Jolie au casting, la visite pour 8,40 euros de Venise depuis son meilleur hôtel jusqu'à son aéroport, quatre robes de grand couturier pour la seule Angelina Jolie, une montre en or (quelle marque ?) qui affiche l'heure dans l'interstice d'un gant, un cortège monstre de figurants sur des places publiques, wagon de train ou terrasses de restaurant ou bar, des balades en hors-bord pour Madame, un cocktail de chez « monsieur l'ambassadeur ». C'est simple il ne manquait que les masques de Loup pour pimenter encore plus cette recherche de l'homme mystère.


Angelina Jolie. StudioCanalAjoutez à cela des séquences d'action encore plus tranquilles que dans Anthony Zimmer, et l'évaporation de la névrose affichée par Yvan Attal, et vous obtenez moins un thriller qu'un film commercial. Toutes les séquences sont en deçà de celles de l'original. Il était en outre inutile de creuser davantage, selon 20 minutes supplémentaires environ, la présence et la dualité entre le rôle féminin principal et le rôle-titre masculin. Il est évident que cela est lié à une mise en valeur des acteurs. Mais cela se fait au détriment de leur personnage : qui devaient se nourrir de la pénombre et non de la lumière accrue des lustres de diamants. La disparition durable de Sophie Marceau apportait au personnage interprété par Attal un certain cocktail de névroses, communicatives. Le spectateur, ici dans The Tourist, est tout simplement réduit à un consommateur, tandis qu'il subissait toute une atmosphère, lourde et pesante dans Anthony Zimmer.

Angelina Jolie & Johnny Depp. StudioCanalDans l'ensemble, la direction des acteurs semble à la source de tout : on retrouve chez Johnny Depp et Angelina Jolie cette retenue qu'ils n'affichaient pour ainsi dire jamais. On voit très bien leur effacement au profit d'un ensemble. Florian Henckel van Donnersmarck avait d'ailleurs fait transpirer ce calcul, cette froideur chez ses interprètes déjà dans La Vie des Autres. Dans un thriller, il s'agit de ne surtout pas retenir ses acteurs, au contraire il faut leur en demander plus. Ce travail n'a pas été fait. Dès le départ une erreur de producteurs, donc.



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Hierro (Gabe Ibanez -2009)

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Le cinéma espagnol pointe en tête, ces derniers temps, dans le genre fantastique. Avec Hierro, on baisse d'un ton, très nettement même, par rapport à Les Autres ou même L'Orphelinat. Ce n'est pas la faute à l'actrice principale, Elena Anaya, une espagnole « sportive » qui devrait percer en France du fait de sa prestation grand public dans l'actuel A bout portant, de Fred Cavayé. Une hypothèse. Mais à coup sûr une « gueule » et un regard, chez cette femme relativement seule dans le registre des actrices toniques qui savent interpréter.


                                Pitch

Alors qu'il voyage à bord d'un ferry vers l'île de El Hierro, le fils de Maria, Diego, disparaît. Est-il tombé par-dessus bord ? A-t-il été kidnappé ? Personne ne le sait. Diego a simplement disparu. Six mois plus tard, tandis que Maria se bat pour surmonter sa peine et reprendre sa vie en main, elle reçoit un appel inattendu. Le corps d'un enfant a été découvert et elle doit retourner à El Hierro. Sur l'île, un paysage étrange et menaçant, peuplé par des êtres à l'air sinistre et malveillant, Maria est obligée d'affronter ses pires cauchemars. En prenant le terrible chemin qui la mènera à son fils, Maria fera la plus insoutenable des découvertes : certains mystères ne devraient pas être révélés.


Gabe Ibanez parvient à jongler entre fantastique et psychotique. Bien que le film va dériver rapidement vers le psychotique. Tuant dans l'oeuf le fantastique justement. Un registre qui est perdu pour de bon, très vite, pour quelque part amputer Hierro d'une réelle maîtrise de la part de son réalisateur. Alors il va sans dire que Elena Anaya porte tout à bout de bras, et démontre une qualité : l'interprétation tonique. Gabe Ibanez propose tout de même un cinéma peu introspectif. Tout est caméra lointaine, grand angle, jouant la carte de la « vision » double : ce que voit cette femme, et ce qui est laissé ci et là au spectateur comme indices. Esthétiquement, une qualité est là : la photographie.

Et puis tout s'évapore : on reste sur sa faim, ce film montre un certain vide laissé par le scénario. Aucun indice finalement, et beaucoup de concours de circonstances, dans lesquels Elena Anaya finit première. Un dénouement explicatif, puis un deuxième plus tendre, font de Hierro un thriller moderne ni vraiment fantastique, ni vraiment psychotique : un entre-deux timide, regardable selon ses goûts cinéphiliques. Cela reste surtout la démonstration convaincante d'une actrice. Hierro ne devrait servir l'avenir d'une seule personne : Elena Anaya. Les possibilités offertes à un tel rôle d'une mère ayant perdu son seul enfant est maîtrisé.



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Gangs of New-York (Martin Scorsese -2002)

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Martin Scorsese, né dans le quartier immigré de Little Italy (New-York), avait le projet de faire un film sur les guérillas urbaines du milieu du XIXe siècle qui opposaient protestants et catholiques, et plus largement immigrants du XVIII e siècle (les american natives) et nouveaux arrivants (d'Europe, d'Afrique, d'Asie). Scorsese se serait inspiré du roman d’Herbert J.Asbury paru en 1927 décrivant des années de rixes aux Five Points (cinq quartiers alors insalubres de N.York) et  jusqu'aux embarcadères recueillant les immigrés débarqués d'Ellis Island, où ces derniers passaient quelques tests médicaux avant d'avoir le droit de goûter à leur rêve d'Amérique. Scorsese n'invente rien, comme toujours. Incapable d'écrire, il reste cependant un virtuose de la mise en scène. Et lorsqu'un de ses films maintient une telle qualité sur près de trois heures de film, ce dernier a toutes les chances de ne pas passer inaperçu. Sauf que Scorsese est obnubilé par la violence, inouïe voire théâtrale, et par la Bible.


                            Pitch

Au milieu du XIXe siècle à Lower East Side, le fils (Di Caprio) duprêtre catholique irlandais Vallon (Liam Neeson) voit son père périr des suites d'un affrontement entre le groupe des immigrés irlandais des Lapins Morts, que feu son père menait alors, et celui des américains de souche, protestants, sous la houlette de William Cutting dit Bill le Boucher (Day-Lewis). Placé en maison de redressement, à sa sortie ce jeune Amsterdam Vallon n'a qu'une idée : venger son père.


Daniel Day-Lewis. SNDQue de symbolique biblique ! Vengeance, tentation, péché, pardon, rédemption. Une bible jetée d'abord. Bientôt un apostat de Bill le Boucher qui louange le seigneur tout puissant pour lui apporter une seule chose : rester debout jusqu'au bout et quelque soit ses offenses. Bientôt aussi des louanges au seigneur, d'un jeune à l'esprit vengeur qui souhaite que la force lui soit donnée d'aller au bout de son combat. La religion est ainsi violente, aveugle et placée sous le signe du Dieu-vengeur. Entre fanatisme religieux et mésinterprétation. Faire appel au seigneur pour sa réussite personnelle, certes, mais aussi demander pardon : Day-Lewis voudra revenir à un moment sur ce prêtre qu'il a tué. Revenant sur la fois où ce prêtre l'avait sérieusement accroché, Bill le Boucher justifiait ainsi son courroux ultérieur à cette seule lumière : la vengeance. Mais c'est une possibilité de rachat, de pardon à laquelle il se soumet, et ce, sans savoir que son interlocuteur n'est autre que le fils de ce prêtre. Et à ce moment-là, Scorsese tente de donner du coffre au personnage, afin peut-être d'humaniser (enfin) la dernière partie de son film. La vengeance doit-elle surpasser le pardon ? Mais Scorsese, comme dans d'autres domaines, échoue à humaniser ce personnage. Ainsi que tous les autres d'ailleurs.

John C. Reilly, Liam Neeson, Brendan Gleeson et Gary Lewis. SNDOn saluera à juste titre, parce que Scorsese le mérite, son audace quant à décrire une époque difficile à imprimer dans la tête des Américains. Gangs of New-York est la seule oeuvre s'étant acharnée à parler de la naissance des maires, des conseils citoyens, des votes. Mais il en reste aux balbutiements : « la violence règle tout », comme disait Appien concernant la République romaine (IIe et Ier siècles avant J-C.), et on doit se contenter, spectateurs, de cette tempête arrachant tout pour que le sol renaisse. Gangs of New-York explique un certain sacrifice, duquel renaîtra (encore qu'il faudrait un deuxième opus) l'Amérique moderne. Celle qui en a fini avec sa longue guerre de Sécession, même dans les mémoires et les racismes, pour s'ouvrir.

Daniel Day-Lewis. Collection Christophe L.Scorsese parle d'un western de l'Est. Sous cet angle, Gangs of New-York devient effectivement mythique. C'est bien une oeuvre fleuve sur la côte Atlantique, au même titre que les plus grands westerns de l'âge d'or, le sont pour la côte Pacifique. Là-bas à l'Ouest, la Californie est l'eldorado, un paradis terrestre. A New-York, le Salut passera par la reconnaissance des premières communautés urbaines, dès lors qu'elles accepteront de vivre en Cités, avec ses droits et devoirs pour tous à part égale. Leur eldorado à eux c'est de s'assembler, de s'organiser à plusieurs. Parce que c'est le monde des villes : promiscuité, misère, surnombre. La réussite à l'américaine, est née d'une overdose de possibilités individuelles sur ce nouveau sol, le nouveau continent. Beaucoup d'espoirs et de réussites, chez ces individus, dès lors qu'ils s'organisent même embryonnairement (gang, milice) pour savoir prendre aux autres ou avant les autres. Scorsese ne démontre pas, par contre, des hommes construisant une nation. Il montre des égoïsmes de bout en bout, avec comme fil rouge : cet homme seul, animé par un seule chose, la vengeance.

Daniel Day-Lewis. SNDCostumes, décors urbains (studios de la Cinecitta), mise en scène, interprétations, réalisations et montage tant musicaux que vidéos, font de Gangs of New-York un film réussi. La plongée est saisissante : à l’époque New York est la première ville d’Amérique à accueillir les immigrants. Au milieu du XIXe siècle,  plus de 100 000 Irlandais débarquent chaque année. Leur seule reconnaissance locale, est d'être de vulgaires machines à voter. Et pire, en face d'eux se dressent les colons du siècle précédent : des anglais et hollandais qui ne souhaitent pas perdre leur statut. Gangs of New-York relate cela, en fait, avec dans le fond le téléscopage des convictions religieuses et mercantiles dans un vrai bain de sang, une vraie régénérescence qui passera par et seulement par la violence. Pour la question politique de l'absorption du flot d'immigrés, Scorsese aura donc décidé que cela n'était pas le sujet des débats.

Pour l'anecdote, ce Bill le Boucher et ce jeune Vallon se livrent la bataille finale dans l'épisode historique des Draft Riots, émeutes sanglantes qui feront 1200 morts et 8000 blessés. Emeutes provoquées par quoi, en juillet 1863 ? La corruption, la levée de troupes forcée, la misère, les manipulations politiques. Quel terreau politique ! C'est peut-être moins pour cela que pour sa violence de type guérilla, que sa sortie initiale, prévue à l'automne 2001, avait été retardée.



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A bout portant (Fred Cavayé -déc10)

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Fred Cavayé avait réalisé Pour elle il y a deux ans. Un thriller bien de chez nous : des moyens limités, une durée courte mais du suspense sans artifices ni extravagances. Alors que le remake américain de Pour Elle s'apprête à sortir (Paul Haggis), Fred Cavayé n'en démord pas dans le genre, et propose A bout portant. Les données sont les mêmes mais un pas a été franchi : maintenir un rythme soutenu d'action/suspense sans commettre d'erreurs. Le problème reste les interprétations et l'écriture du scénario.

 

 

                                     Pitch

Tout va pour le mieux pour Samuel (Gilles Lellouche) et Nadia : lui est bientôt infirmier et elle attend son premier enfant. Mais tout bascule lorsque Nadia se fait kidnapper sous l'oeil impuissant de Samuel. A son réveil, son portable retentit : il a trois heures pour sortir de l'hôpital dans lequel il travaille, un homme sous surveillance policière. Le destin de Samuel est désormais lié à celui de Sartet (Roschdy Zem), une figure du banditisme activement recherché par tous les services de police. S'il veut revoir sa femme vivante, Samuel doit faire vite... 

Roschdy Zem. Gaumont DistributionTout de suite une course-poursuite, bientôt une caméra folle dans un escalator ou des intrusions de personnages dans le dos d'autres. Bien. Oui mais entre le spectacle proposé et ses aboutissements, il reste un dernier problème à résoudre pour Fred Cavayé, scénariste-réalisateur de ce A bout portant : le problème de l'interprétation et en amont, la question de l'écriture du scénario et l'évolution des personnages. Gilles Lellouche débute petitement puis montre une énergie qui lui pardonne tout. On attend beaucoup plus d'un tel personnage trituré par des éléments qui se déchaînent : malfrats, policiers, kidnapping d'un être cher. Dommage. Il est au centre d'un imbroglio réussi certes, et Fred Cavayé ne pond pas du « tout noir ou tout blanc ». Il nuance ou plutôt inverse les rôles. Bons ou mauvais, tout le monde montre son vrai visage. Malheureusement trop tôt. Le commissaire Werner est une banquise, tandis qu'un malfrat souffle le chaud. Que cela soit su pour la bonne cause de cet infirmier empétré dans une affaire plus forte que lui.

Gérard Lanvin, Moussa Maaskri, Pierre Benoist, Claire Perot et Gilles Lellouche. Gaumont DistributionNon, Fred Cavayé n'a pas manqué ses personnages, il les a juste privés de la moindre évolution. Cavayé n'a pas manqué leurs rencontres inopinées : c'est un point fort servant la crédibilité du déroulement du film. Ce qu'il manque à Cavayé c'est de la direction d'acteurs, de la profondeur dans l'écriture de ses personnages (co-écriture avec Lemans) et de leur évolution. Gilles Lellouche peine à interpréter autre chose que le débonnaire. Cet homme dans l'impasse est censé être au bout du rouleau, au bord de la crise de nerfs. Mais quels sont ses regards, où sont ses traits creusés, où transparaît sa folie ? Le manque de profondeur dans les personnages a été confondu de façon générale, avec la banalité du personnage principal : une clef de tout bon thriller. Un Roschdy Zem muet ou un commissaire Werner abominable quoi qu'il advienne (G.Lanvin): cela l'est beaucoup moins. A part un subalterne de l'équipe du commissaire Werner, aucun ne bronchera.

Gérard Lanvin. Gaumont DistributionL'audace française ici, c'est de faire comme les américains : mais en plus crédible dans son déroulement, ses scènes d'action. Oui sauf que l'audace américaine, quand ils en ont une au gré de polars réussis, c'est de laisser le spectateur dans l'attente le plus longtemps possible. Or, Cavayé démine tout son terrain d'entrée de film : des flics soupçonnables, un truand gentil. Et puis, comme dit plus haut, Cavayé ne fait évoluer personne tout au long de l'histoire. Un bon polar a toujours besoin de profondeur et de caractère dans ses acteurs, car c'est toujours là qu'un spectateur y cherche en premier une bouée, une confiance, un miroir dans lequel on s'identifie... ou pas. Ici, Cavayé ne dispose d'aucun personnage. Dommage. Attendons un troisième thriller bien français. Si ce ne sera pas lui et son équipe (Lemans -coscénariste-, Badelt -musique), qui d'autre ?



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Terminator renaissance (Mcg -2009)

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Sony Pictures Releasing FranceJames Cameron a finalement ouvert la saga Terminator, dans les années 80 et 90 à un niveau qui n'a jamais été égalé. Le supercrack des effets spéciaux, Joseph McGinty Nichol alias MCG, rend une belle copie. Mais l'ambition démesurée de Cameron efface le poids des années. Non. Terminator et Terminator II le Jugement dernier sont des films cultes quand le III de Mostow et le Renaissance de Mcg sont consommables et jetables.

                        Pitch

En 2018, après l'apocalypse qui a vu s'affronter les hommes et les robots, John Connor est devenu le chef de la résistance humaine contre Skynet et son armée de Terminators (Christian Bale). Sa vision du monde est pourtant remise en cause par l'apparition de Marcus Wright (Sam Worthington), un inconnu qui se souvient seulement de s'être trouvé dans le quartier des condamnés à mort. Connor doit découvrir si Marcus a été envoyé du futur ou s'il est un rescapé du passé. Alors que Skynet prépare l'assaut final, Connor et Marcus s'engagent dans une odyssée qui va les mener au cœur même des opérations de Skynet. Ils y perceront le terrible secret qui se cache derrière l'annihilation programmée de l'humanité tout entière...

 

 

Christian Bale. Sony Pictures Releasing FranceUn rideau de fer s'ouvrait sur une calandre de camion. Une boule luminescente apparut, et après elle apparaîtront des images saisissantes d'une armée de robots écrasant les crânes humains sur leur passage. Ou bien cette vision apocalyptique d'une femme soufflée par une explosion nucléaire. D'abord un T800, puis DES T800, puis la mort en masse. C'était Cameron. Il faudra en rester à cela ou éventuellement à son court-métrage au budget colossal, réalisé après Terminator II. Les médias relayaient une certaine singularité du projet : "c'est prodigieux, mais à quel coût ?!", se demandaient-ils. Cela reste encore la seule vraie tentative d'orienter la saga vers une démonstration de force sans pareille : la guerre contre des armées de machines.

Alors évidemment, quand on a regardé avec les yeux d'un adolescent de 13 ans Terminator II, on attend obstinément qu'on nous resserve la soupe. On attend surtout qu'on nous montre enfin cette guerre des machines, qui, il faut le rappeler, était la grande attente du spectateur vis-à-vis du déroulement de Terminator II et de ses suites. Mais Cameron avait dit stop. Alors on a eu Mostow et maintenant Mcg pour rejouer encore la carte du one on one : un héros humain, une ou quelques machines. Alors que tout ce que demandent les spectateurs de Terminator II, depuis 1991 c'est cette stupéfiante « guerre des machines de masse ». Terrible déception que Mostow, montrant un John Connor camé qui en a fini avec son adolescence dans le III ou ce John Connor guerrier de la « résistance » dans Renaissance, en face duquel les T800 ne sont qu'en développement (à ne pas confondre avec Jimmy … Connors). Donc ne pensez pas une seconde revoir l'image apocalyptique de la guerre des machines montrée succintement dans Terminator II. Les robots contre lesquels la résistance peine, ne sont que des unités isolées de T600, sentinelles aéoroportées, convois aériens, colosse de métal sur deux pattes, motos automatisées sans pilote, etc.

Sony Pictures Releasing FranceChristian Bale explique : "Nous sommes dans une période de transition. Dans la vision futuriste de 2029, présentée dans les précédents épisodes, Skynet exerce une domination absolue grâce à ses armées de T-800 et de Hunter-Killers. Mais ici, nous découvrons la genèse du modèle T-800. Dans notre présent, il s'agit du T-600, une version primitive du T-800. Présents en nombre, les T-600 constituent une armée phénoménale". Oui, pas de T800. Dans ce cas on aurait aimé la voir, … cette armée de T600 !

Il faut espérer que l'ensemble des clins d'oeil du film soit un hommage à l'oeuvre de Cameron plutôt qu'une dédicace à Stan Winston, superviseur effets spéciaux décédé pendant le tournage. Enfin bon, l'idée est de savoir si Mcg avait un réel projet scénaristique, ou s'il a modifié tout en fonction de ce décès. On a un sacré retour de répliques comme « I'll be back », «  Come with me if you want to live », de cette image de crâne écrasé (en moins bien d'ailleurs c'est étonnant), de cette poursuite camion/motos qui inverse les rôles : la moto qui gicle du haut d'un pont (et non le poid-lourd). Très plaisant ces clins d'oeil. Avec le meilleur d'entre eux : la voix de Linda Hamilton (Sarah Connor) dans un magnétophone. Cela donne du coffre à un film qui n'invente rien : une ligne de montage/assemblage de T800 (on s'en doutait venant de machines), une reproduction de Schwarzy en fin de film (autre clin d'oeil), des séquences de confrontation entre hommes et machines déjà montrées par des films d'action/SF plus anciens, un colosse rappelant La Guerre des mondes, des motos futuristes déjà croisées dans I-Robot, et un univers de canyons, de désert et de villes éventrées rappelant certains films apocalyptiques.

Christian Bale. Sony Pictures Releasing FranceL'originalité c'est Christian Bale, qui a signé pour trois opus. Lui et son talent, c'était obligatoire. On ne peut plus baser les films de SF sur des acteurs secondaires. Ce temps est révolu. Il faut qu'une star apporte son cachet. Le risque est sinon trop grand que le spectateur se dise s'il doit se déplacer en salles ou pas. Terminator III n'aurait jamais vu le jour si Schwarzy n'y avait participé. Ainsi Bale signe-t-il pour le prochain Terminator 5. Une sortie 2011 attendue sur le « pied de guerre » ?



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