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Inglourious Basterds (Quentin Tarantino-août09)

Publié le

« En détournant le sens de l’Histoire, je suis dans l’invention, dans la liberté créatrice, et je me libère ainsi du poids moral qui pèse sur les épaules de celui qui fait un film sur le sujet et qui se veut sérieux », TARANTINO

 

Plus d'infos sur ce film Affiche teaser américaine. Universal Pictures International France
Quentin Tarantino se moque terriblement...des nazis, et il le fait en français, pour beaucoup. Ce qui est jubilatoire au possible, c'est de constater l'état dans lequel Tarantino les met tous, les uns après les autres, les uns tout de suite cash, à coup de battes, les autres lentement à petit feu. Un peu ironique, un peu historique, beaucoup grotesque et burlesque, mais surtout sévérement burné que ce Inglourious Basterds, avec un rôle-pilote tenu par Brad Pitt, qui est à mi-chemin entre son rôle de gitan qui parle mal, qui bouffe les mots, dans Snatch, et son rôle de prof de fitness jusqu'auboutiste et risible dans Burn after reading. Sa mission : casser et scalper du nazi, comme c'est pas permis.


Brad Pitt. Universal Pictures International FranceIl était une fois...un Brad Pitt qui incarne un lieutenant qui n'aurait jamais eu sa place dans l'armée mais plutôt dans ce fameux genre d'escouades spéciales, formées de volontaires soit surentraînés, soit au passif d'hyperviolents. Le genre d'escouade que seuls les Nazis mettaient sur le terrain pendant la Seconde guerre mondiale, voire les Soviétiques, par exemple les Waffen SS ou alors les Kommandos d'élimination systématique. Donc Tarantino montre tout de suite le tableau sanguinaire et espiègle, dans lequel il va entraîner les spectateurs : ridiculiser les nazis en utilisant contre eux-mêmes, les forces qu'ils utilisaient pour asseoir leur domination en Europe. Notamment la violence physique, sans morale et sans lois. A ce titre, Brad Pitt et ses bourrins de camarades soldats sont à la fois sympathiques de moquerie, à la fois froids de violence. Ce lieutenant a un accent américain très affirmé, comment vous dire, très roulant et très hollywood chewing-gum, voilà (risible à souhait).

Christoph Waltz et Denis Menochet. Universal Pictures International FranceEn face d'eux finalement, se présente un certain « chasseur de Juifs », qui se révèle très bon acteur dans le parti pris de jouer tous les tics linguistiques allemands et toute la roublardise et la malice de conversation de ce genre de jusqu'auboutiste à la solde d'Hitler (campé par Christoph Waltz, Prix d'interprétation masculmine à Cannes 2009 !, excusez du peu !). Et puis une troisième partie se présente, celle des victimes potentielles : une fuyarde juive réfugiée à Paris du doux nom de Shosanna. Voilà pour le coeur de l'atmosphère de ce nouvel opus de Tarantino. Quentin Tarantino va progressivement mettre aux prises ces trois parties, pour en coudre à l'anguille d'or et au fil de soie, une véritable histoire triviale comme les westerns en avaient lancé l'idée, il y a déjà fort longtemps. Oui, sauf que dans le genre « film de guerre », ça décape et dépoussière.

Mélanie Laurent. Universal Pictures International FrancePartout où Tarantino passe, décidément rien ne résiste : son style particulier bonifie d'une façon remarquable les interpètes et leurs interprétations, ainsi Mélanie Laurent revêt un charisme affirmé, ainsi ce « chasseur de Juifs » paraît d'une redoutable saloperie morale tout en mettant systématiquement des gants blancs lorsqu'il essaie de parvenir là où il veut aboutir. Un vrai goujat, dont il nous prend l'envie de lui coller quelques baffes dès lors que l'on connaît son petit jeu et qu'on n'ignore plus jamais, ô combien jamais, là où il veut en venir. Malin et rusé, il fait parler qui que ce soit, et sous couvert de toutes les politesses se permet toutes les injustices morales vis-à-vis d'une actrice, d'un exploitant agricole, etc. Martin Wuttke. Universal Pictures International FranceIl incarne l'archétype même du régime nazi, tandis que des personnages comme Goebbels ou Hitler ne sont finalement que des caricatures, bien interprétées, maquillées et costumées certes, mais qui n'allient jamais dans la tête du spectateur, toutes les palettes d'un personnage. Ils sont une image, tandis que les autres personnages les dépassent de par leur profondeur et leur poids dans l'intrigue. En même temps, ce n'est pas comparable, ces deux-là ont existé historiquement, quant aux autres, ils représentent une petite histoire dans la Grande. Toute la réussite de Tarantino est d'associer dans une atmosphère à mi-chemin entre guerre et comédie, de l'esbrouffe et du vrai.

 

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Quentin Tarantino. Universal Pictures International FranceLes images "Hitler" et "Goebbels" seront véritablement déchirées à un moment du film, Tarantino se servant de cette fameuse séquence, pour justifier un film dans lequel il a osé inverser le sort. Cette séquence est d'ailleurs paroxysmique de violence : Tarantino s'offre l'occasion d'une fausseté remarquable, avec cette histoire d'attentat en plein cinéma parisien. Dans la forme, Tarantino pèse de tout son poids. La trivialité recherchée dans le scénario est admirablement servie par l'esthétique et par un cadrage volontairement de « confrontation ». Confrontation tantôt épique, héroïque, tantôt bestiale voire bourrine. De quoi jubiler dans son fauteuil, quand des fortes têtes telles que de faux officiers nazis, un chef de la gestapo, une actrice allemande agent double, s'acharnent à sauver l'insauvable : la séquence du bar cavé, est éblouissante de la part des acteurs et de Tarantino lui-même, qui orchestre tout cela avec une folie pure. Un chef d'oeuvre ! S'ensuivra notamment une séquence complètement à l'opposé : cette fameuse réception sur son 31 qui voit Brad Pitt incarner un Italien, avec « effectivement » un accent et une façon de parler...pas très italienne. Hilarant ! C'est aussi ça, Tarantino : passer d'un sentiment à un autre sans se prendre la tête. Quant à Brad Pitt, son personnage n'ayant jamais existé, ce sera à lui de conclure cette drôle de fausse histoire dans la Grande, avec tout le comique bourrin, qu'il aura démontré jusque-là. On se marre encore à l'heure de ces lignes...et en langue fançaise en plus, puisque pour un tiers, les scènes sont jouées directement en français. De quoi faire parvenir jusqu'à nous un grand respect : Quentin Tarantino réussit son film de bout en bout.


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K
Au programmeChers (es) amis (es) lecteurs (ices), pour des raisons d'emploi du temps, il m'a été difficile de publier ce mois-ci. J'ai six critiques à vous faire partager, dont deux films actuellement à l'affiche. Je pourrai enfin publier dès la semaine prochaine. Comptant sur votre compréhension, je vous remercie de votre fidélité exemplaire, je renouvelle mon bail avec vous : je reste ! Salutations.
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