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Midnight meat train (Ryuhei Kitamura -2007)

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Affiche américaine. GreeneStreet FilmsLe gore est une minutie d'artiste-compositeur. Ryuhei Kitamura marche sur ce fil avec talent. Son dénouement final élargit son registre horreur/épouvante, à des voies science-fictionnelles activatrices de nouvelles sensations. Mais si Kitamura pouvait se recentrer à l'avenir sur le registre du psychologique, il se couvrirait de gloire sans doute. Il semble en effet que ce réalisateur soit capable d'apporter une esthétique et un rythme, à une école japonaise classique qui en souffre. Il faudra sans doute pour ce faire, qu'il arrête tout de suite sa « nouvelle carrière américaine », débutée avec...Midnight meat train. Les producteurs américains hantent quelque peu Midnight, mais Kitamura s'est dépatouillé d'eux avec brio. Il faut le noter.

               Pitch

Leon Kaufman a révélé son talent de photographe à travers des clichés hautement provocants. Décidé à créer l'événement pour sa prochaine exposition, il est prêt à aller encore plus loin dans l'exploration des aspects les plus sombres de l'humanité. Lancé dans une quête obsessionnelle des pires aspects de l'homme, Leon s'intéresse à un tueur en série, Mahogany, qui traque les banlieusards prenant les derniers métros pour rentrer chez eux, avant de les tuer avec une sauvagerie inimaginable. La fascination de Leon pour Mahogany va le conduire de plus en plus loin dans les méandres du métro, au cœur même du mal. Sans le vouloir, il va entraîner Maya, sa petite amie, avec lui. Chaque ticket est peut-être un aller simple vers la mort...

Vinnie Jones. Metropolitan FilmExportPrix du Public et Prix du Jury SyFy Universal à Gérardmer en 2009, Midnight meat train (traduisez par « le convoi de viande de minuit ») dispose de bien des atouts. Le héros nous fait entrer dans l'univers comme témoin ; le gore est calculé et maîtrisé et non une juxtaposition clippée de scénettes ; le scénario est travaillé ; la photographie du film permet une ambiance bleuâtre anxiogène et esthétique à la fois ; le genre SF vient compléter le fantastique et l'horreur sans noyer ces deux genres ; Vinnie Jones correspond tout à fait en terme de choix d'acteur. Sur un plan général, le personnage de photographe est judicieux : il y a toute une psychologie possible autour de la réalité captée, de l'œil qui fige une réalité, et de cette réalité qui rattrape cet œil. Cette psychologie reste toutefois modeste, la limite de Ryuhei Kitamura semble bien-là. Bien moins psychologique que chez la nouvelle école espagnole, moins psychotique que l'école japonaise classique, Midnight meat train essaie de s'immiscer dans un entre-deux.

Vinnie Jones. Metropolitan FilmExportLe psychotique tient entièrement à ce personnage de photographe, le témoin parfait du coup. Malgré ses clichés, il n'est pas à l'abri de passer pour fou. Un personnage assez idéal pour que le spectateur y trouve la personne à laquelle s'identifier, se raccrocher, en laquelle croire. Le psychologique est « très moderne » et en même temps bien innocent à côté d'un Fenêtre sur Cour, dont le registre cinématographique n'a rien à voir, mais dont la psychologie est un fond et une forme à la fois. Laissons à Hitchcock ce qui appartient à Alfred ! Quant à la question du gore, elle se révèle non plus une fin en soi mais un levier. Le cru est un levier pour intensifier par exemple le rattachement au personnage principal, photographe et témoin esseulé. Un procédé qui ne se prive pas d'isoler le spectateur en même temps. Le Convoi de Viande de minuit n'impose pas ce gore, il s'en sert comme moteur : la raison de ce choix est cachée par le scénario et se révèle à vous au dénouement final. Dans l'ensemble, le gore est une minutie d'artiste-compositeur. Ryuhei Kitamura marche sur ce fil avec talent. Son dénouement final élargit son registre horreur/épouvante, à des voies science-fictionnelles activatrices de nouvelles sensations. Mais si Kitamura pouvait s'attaquer désormais à de l'épouvante psychologique pure, ce serait pas de refus. Il semble en effet que ce réalisateur soit capable d'apporter une esthétique et un rythme, à une école japonaise classique qui en souffre.



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