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Quai des Brumes (Marcel Carné -1938)

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Deuxième collaboration entre le poète Jacques Prévert et le réalisateur Marcel Carné, Quai des Brumes réunit les acteurs en vue de la fin des années 1930 : Michel Simon en star incontestée du film (en-dessous de Raimu en terme de notoriété), Jean Gabin en acteur confirmé du cinéma parlant, Pierre Brasseur en jeune premier de plus en plus affirmé et Michèle Morgan : qui devient un phénomène "oculaire"  à la sortie de Quai des Brumes.

 


Pitch                                               
Un deserteur de l'armée coloniale se terre dans le port du Havre (Jean Gabin). C'est la qu'il rencontre une tres belle jeune fille (Michèle Morgan), et qu'il se prendra d'affection pour elle...et ses tracas du quotidien.

Deux ans près son premier film,
Jenny (1936), Marcel Carné continue sa collaboration avec Jacques Prévert, qui lui procure matière au scénario et au dialogue, pendant que Carné peut se concentrer sur la photographie, la mise en scène et le cadrage. Prévert insuffle ainsi au Quai des Brumes, un souffle de romance brisée qui emploie les mots doux, à voix hautes, pour exprimer les maux existentiels de tout à chacun. Le cinéma se voyait nourri du surréalisme, Carné allait lancer sa notoriété sur sa faculté à dépeindre le quotidien sans autres artifices que le travail des décors. Et avec la rencontre fortuite entre individus que rien n'oppose, dès lors que ce qui est pensé est dit dans l'instant. La romance entre Michèle Morgan et Jean Gabin, rude mais solide, tourne ainsi au partage des sentiments, comme rarement la femme avait pu les exprimer ainsi jusqu'alors. Chez Carné, la femme pense, et dit ce qu'elle pense. L'homme l'écoute puis pense à redire, avec la complexité de trouver les mots, en cette époque lointaine des années 30, celles de la première libération sociale, celles du Front Populaire. Le cinéma de Marcel Carné était aussi cela : l'expression artistique des bouleversements sociaux du moment. Encore qu'il n'entre pas dans ces hautes sphères, mais il se sert de personnages anonymes pour leur donner le charisme du réalisme, du quotidien.

Carné enveloppe ses décors et vues champ réel d'une véritable sublimation vers l'abîme. Ici la brume. L'antre d'une auberge, un club Aux plaisirs de Barbara, les quais du port du Havre, le domicile et la boutique d'un vieil homme sénile : chaque lieu est comme réaliste comme rarement un réalisateur le pouvait en cette époque. Bien qu'aujourd'hui la vision de ce scénario aurait été décriée comme manquant de souffle, c'est à l'époque en maximisant les moyens du moment et en apposant sa patte réaliste, que Marcel Carné parvient avec Quai des Brumes, à réunir le temps d'une romance des rues, à la fois
Michel Simon, Pierre Brasseur et Jean Gabin. Vous ajoutez à cela Michèle Morgan, et le fameux "t'as de beaux yeux tu sais" qu'elle reçoit dans son sourire enjôleur. Quai des Brumes est un modèle de mise en situation, face caméra, et il restera pour Marcel Carné le film qui l'a fait connaître. Viendra Hôtel du Nord et sa Arletty, reviendront Jean Gabin et les plus grands. C'est un peu cela Marcel Carné : entre poésie de l'image et froide réalité.

 


 

 

 

 

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